Une manifestation contre les violences faites aux femmes a rassemblé 300 personnes à Rouen samedi 22 novembre 2025, à quelques jours de la journée internationale de lutte contre ce fléau. Une lutte qui, pour de nombreuses participantes, doit inclure l’ensemble des femmes.

Comme dans de nombreuses villes de France, une manifestation a rassemblé 300 personnes à Rouen samedi 22 novembre 2025 pour dénoncer les discriminations et les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, trois jours avant la journée internationale de lutte contre ce fléau (25 novembre). Réuni à l’appel de plusieurs collectifs et associations, dont Nous Toutes Rouen, le cortège est parti de la place Saint-Sever, rive gauche, pour rallier le palais de justice. Sur le parcours, il s’est arrêté sur le pont Boieldieu pour déposer une composition végétale, un « femmage » à la mémoire de toutes les victimes de violences. 149 féminicides ont été recensés depuis le début de l’année par le collectif Nous Toutes, c’est davantage que sur l’ensemble de l’année 2025.

Lutter contre ce fléau dès l’enfance

« Toutes les pratiques d’agression, de harcèlement, de violences faites aux femmes ne diminuent pas, cette situation est intolérable », déplore Annie Jeanne, la présidente du CIDFF76, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles de la Seine-Maritime. « Il faut absolument qu’il y ait une prise de conscience de la population, d’où une manifestation dans les rues, pour que les gens réalisent, réfléchissent à la situation des femmes en France et partout dans le monde. Qu’ils prennent conscience des comportements qui doivent absolument évoluer.

« Dès l’enfance », poursuit-elle, « il faut absolument que sur ce plan-là, des progrès soient réalisés, que l’éducation intègre la prévention, les gestes et les attitudes respectueuses et que les femmes puissent enfin vivre librement, sans avoir peur et sans être menacées sans cesse. »

illustration agrandir l'image Une composition végétale a été déposée sur le pont Boieldieu, un « femmage » à la mémoire des victimes de violences. © Radio France – Emmanuel Grabey Discriminations envers l’ensemble des femmes

Parmi les manifestantes, nombreuses sont celles qui revendiquent de lutter contre les discriminations faites à l’ensemble des femmes, y compris les femmes trans, racisées et musulmanes. « Le féminisme », explique Coline, « il n’existe pas sans les femmes noires. Il n’existe pas sans les femmes palestiniennes, il n’existe pas sans les femmes du monde. Tant qu’il y en a une qui ne sera pas libre, les autres ne le seront pas. »

Un avis que partage Nivalis, du collectif antiraciste et féministe Qoeur, qui voit dans les tentatives de séparation de ses combats une manœuvre politique. « C’est une idée de la droite de vouloir stigmatiser, mettre des différences et des barrières entre les minorités », explique-t-elle, « pour qu’elles se disputent entre elles et du coup de diviser les luttes. On ne peut pas être féministe sans être écologiste. On ne peut pas être écologiste sans être antiraciste. On ne peut pas être antiraciste sans être contre la transphobie d’État. Toutes les luttes sont intimement liées et on ne peut pas être dans un combat sans l’autre. »

« Un mélange entre l’hilarité, la rage, la révolte » : c’est ce que ressent Ahiru, une jeune femme qui porte le voile par choix, quand elle entend le discours de ceux qui disent vouloir la libérer en l’obligeant à le retirer. « Quand tu es musulmane, ils vont te faire croire que tu ne peux pas être féministe. Tu ne peux pas être queer, tu ne peux pas faire partie de la communauté LGBT. Que ces hommes-là osent faire passer cette limitation de ma liberté pour une forme de libération pour nous, c’est vraiment pour moi le comble. »