Parfois agacé par la tonalité des questions après une large victoire malgré une performance brouillonne en première période, mais plus aboutie en seconde, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié a confirmé que son équipe ne se trouvait pas encore au niveau où elle devrait être. Pourtant, il se dit serein.
Quel est votre bilan de cette tournée d’automne ?
Trois matchs face à de très beaux adversaires, des profils d’équipes très différents. On termine par une victoire, avec des choses très positives et des choses moins positives. Mais il y a du contenu. Au final, il y a deux victoires, plus un premier match face à l’Afrique du Sud à domicile où on a été à la hauteur pendant 72 minutes. Mais on a besoin d’un peu plus de temps et de vécu ensemble… C’est comme ça. Il y a donc eu du bon et du moins bon.
Qu’est-ce que vous considérez moins bon ?
Ce que tout le monde voit, on a encaissé cinq essais. Aujourd’hui, les règles de World rugby favorisent l’attaque. On a d’ailleurs marqué beaucoup d’essais aussi. Ce soir, on prend cinq essais, comme face à l’Afrique du Sud. Il y a quelque chose qui est récurrent, qui est identifié, mais qu’on n’a pas encore totalement rectifié. Sauf pendant cette deuxième mi-temps et durant les vingt dernières minutes face aux Fidji, c’est la maîtrise de nos positions défensives sans le ballon. C’est-à-dire la capacité à tenir l’échange sans se mettre à la faute. Ce soir, on fait 8 fautes en première mi-temps, on a donc défendu cinq ou six pénaltouches. C’est basique.
Êtes-vous donc rassuré ?
On ne cherche pas à être rassuré. On cherche à jouer les matchs et les aborder avec le plus de force et de la meilleure préparation possible. À ce niveau-là, on sait que tous les adversaires sont redoutables. Cet adversaire-là, on savait qu’il était capable de retourner un match à n’importe quel moment, dans n’importe quelles conditions. C’est une équipe qui joue très vite. Donc, « rassuré » Ce n’est pas le mot. On ne cherche pas à être rassuré. On cherche à jouer avec confiance.
Vous avez déclaré sur TF1 que votre niveau de jeu à mi-mandat était moins bon que le précédent bilan à la même période. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, on est moins en place, on est moins fort qu’il y a 4 ans. 4 ans, c’était une série de 14 victoires consécutives. Ça ne nous a pas empêchés de perdre d’un point face à l’Afrique du Sud (en quart de finale de la Coupe du monde). Je confirme donc : nous ne sommes pas au même niveau pour plein de petites raisons. Mais je le dis avec sérénité.
Est-ce qu’il y a finalement de l’inquiétude ?
Non, il n’y a que du plaisir de jouer en équipe de France. Si on vous écoute, chaque match nous a posé des problèmes. Parfois, on a réussi à les régler. Parfois, non, mais on a trouvé d’autres solutions Il y a tout de même deux victoires face à des adversaires différents. Donc pas d’inquiétude, mais de la matière. On a bien identifié les formes de travail qui doivent nous amener à progresser. Il nous reste 17 matchs pour cela avant la Coupe du monde. La seule chose qu’on ne maîtrise pas, ce sont les blessures. D’ailleurs, on se rend compte que les joueurs qui ont été blessés longtemps, je pense par exemple à Anthony Jelonch ou encore à Charles Ollivon, qui est sorti sur commotion, ont naturellement beaucoup de fraîcheur.
N’est ce pas finalement une aubaine de faire ce constat aujourd’hui plutôt qu’à un an du Mondial ?
Je ne sais pas. À vous entendre… Il faut qu’on revoie le match. On a quand même mis quasiment 50 points à l’Australie. Il y a eu 7 essais, il y a eu beaucoup de temps fort. Donc il y a beaucoup de choses positives.
Pourquoi avoir coaché si tardivement ?
C’était un choix. Pourquoi ? Parce qu’on avait une équipe très expérimentée au départ. C’est quasiment notre record en termes de sélection. On était au-dessus de 35 sélections de moyenne. Pour être plus précis, je crois que c’est 38. En revanche, on avait des finisseurs très peu expérimentés, à l’exception d’un ou deux joueurs. Nous avions donc décidé de faire un coaching de performance par rapport à notre ressenti ou un coaching sur blessure. C’est ce qu’on a fait. Et d’ailleurs, ça s’est bien passé. Les finisseurs ont apporté vraiment leur fraîcheur et ils sont bien entrés dans le match.
La France sera tête de série pour le tirage au sort de la Coupe du monde. Contrat rempli ?
J’ai vu qu’il y avait un danger avant le match. Et c’est vrai qu’il existait. Maintenant, on va attendre. Mais le classement de World rugby, il est intéressant. Parce que nous lorsque nous jouons 8 matchs, trois en novembre et cinq pendant le Tournoi, avec notre meilleure équipe, les Australiens, eux, en ont joué 16 cette année. Les Anglais ont joué un match de plus que nous. Toutes les Nations jouent plus de matchs que nous et ça compte pour ce classement. Or, on ne peut pas jouer car nous respectons la règle 9 de World rugby et les fenêtres internationales. Eux jouent hors fenêtre. Nous sommes donc classés avec deux fois moins de matchs que les autres, tout en restant dans les six meilleures équipes du monde.