Dracula de Luc Besson, Chien 51 de Cédric Jimenez, Kaamelott d’Alexandre Astier… Le CNC a dévoilé les budgets des superproductions françaises de l’année. Avec déjà des déceptions.

Miser sur des superproductions avec effets spéciaux, stars à l’affiche et des histoires qui se passent dans le futur ou un lointain passé, coûte cher. ET pour 2025, les financiers du septième art français ont validé des frais de production à plus de 40 millions d’euros. La liste des 20 superproductions les plus chères à voir cette année dans les salles obscures vient d’être révélée par le Centre national du cinéma (CNC).

Ce palmarès ne prend pas en compte les frais marketings qui peuvent être extrêmement élevés, voire égaler les coûts de productions. La part d’argent public injecté dans ces films n’est pas non plus précisée. C’est dommage. À l’heure où les maires, les présidents de régions et de départements coupent à la hache dans les budgets de la culture, il aurait été intéressant de savoir si le 7e art était épargné. Et il est déjà notable qu’à l’exception du film de Cédric Klapisch, La Venue de l’avenir, aucune de ces superproductions n’est attendue au festival de Cannes.

Toutes dents dehors, le Dracula de Luc Besson sortira au cinéma le 30 juillet. Il espère rivaliser avec les blockbusters américains estivaux. Doté d’un devis officiel de 45 millions d’euros, il est le film français le plus cher de l’année. Il a été financé entre autres par Canal+, TF1 et SND (M6). Luc Besson aurait traité le roman classique de Bram Stoker comme une histoire d’amour, suivant Dracula alors qu’il se connecte avec une femme dans le Paris de la Belle Époque. Celle-ci ressemble à sa femme bien-aimée Elisabeta, décédée au XVe siècle en Transylvanie. Une histoire qui rappelle beaucoup celle de La Momie (1932) avec Boris Karloff. Outre des scènes d’extérieures tournées en Finlande et dans le Jura, le cinéaste a reconstitué un château de Transylvanie dans les studios de Darkmatters au sud ouest de Paris.

Hugues Tissandier, le fidèle chef décorateur du cinéaste a fait construire un château d’une superficie de 4 000 m², avec donjon de torture, salle de banquet, hall d’entrée avec escalier à double révolution, chapelle en ruine, la chambre du vampire avec un grand lit à baldaquin sculpté de motifs de dragons ainsi que des corridors truffés de portraits d’anciens célèbres vampires du 7e art comme Christopher Lee. D’autres décors présentent des intérieurs parisiens de la Belle Époque. Cette superproduction d’époque réunit un casting international dont Christoph Waltz, Caleb Landry Jones (Dogman) et Zoë Bleu, la fille de Rosanna Arquette (Le Grand Bleu).

Budgets qui flambent

En seconde position, on trouve Chien 51 de Cédric Jimenez avec Gilles Lellouche et Adèle Exarchopoulos. Ce projet de 42 millions d’euros est le plus cher jamais monté par le producteur Hugo Selignac. Ce thriller de science-fiction est adapté du formidable roman éponyme de Laurent Gaudé. Outre les cachets des acteurs, du réalisateur et du producteur, cette superproduction a nécessité beaucoup d’effets spéciaux et d’importants décors. Dans un futur proche, Paris est divisé en trois zones qui séparent les classes sociales des postes de contrôle disséminés un peu partout. L’Europe est assujettie à un consortium qui régente chaque pays. À Paris comme dans les autres mégalopoles privatisées, règnent le cynisme et la violence. Un matin, un corps est retrouvé. Deux flics de zone différentes sont contraints d’enquêter ensemble. Ce polar très attendu sortira le 15 octobre à la Toussaint. Pour trouver l’argent nécessaire, Hugo Sélignac a su convaincre Canal+, Netflix et France 2.

La troisième place est occupée par un autre long métrage qui sortira lui aussi à la Toussaint. Produit par le groupe M6, Astérix et le royaume de Nubie, film d’animation d’Alexandre Heboyan a coûté 33 millions d’euros. Six mois après la sortie du Astérix animé d’Alain Chabat sur Netflix, la comparaison sera inévitable. Alexandre Astier et sa bande de chevaliers de la Table Ronde misent eux aussi sur les salles de cinéma à la Toussaint. Le second volet de Kaamelott sortira en deux parties. Chacune a bénéficié d’un budget de près de 19 millions d’euros.

Visiblement, les budgets flambent. Le CNC souligne que huit films ont un devis supérieur à 20 millions d’euros, ce qui est sensiblement au-dessus de la moyenne des dernières années. Dans leur étude, 33 films agréés en 2024 ont un devis supérieur à 10 M€. Seuls deux de ces longs-métrages ont été réalisés par des réalisatrices : Natacha (presque) hôtesse de l’air  de Noémie Saglio et Alpha de Julia Ducournau.

Pour l’heure, deux films de cette liste sont déjà sortis au cinéma. Ces productions Pathé n’ont pas eu le succès espéré. Après l’échec sanglant de Mercato avec Jamel Debbouze, la saison commence mal pour la société au coq. Les aventures de Natacha avec Camille Lou en hôtesse de l’air sont une catastrophe financière et ce dès le décollage. Un crash.

Les Tuche version Jean-Paul Rouve ont fait 2,8 millions d’entrées. Certainement pas un échec complet, mais très loin d’un succès pour le plus gros budget des cinq films de la saga, avec 19 millions d’euros investis. Jean-Paul Rouve devra se rattraper avec la VOD et les audiences télévisées.

Les 20 films les plus chers du cinéma français en 2025

Rang Film Réalisation Production Distribution Devis (en millions) 1 Dracula Luc Besson Luc Besson Production SND 45,24 2 Chien 51 Cédric Jimenez Chi-Fou-Mi Productions Studiocanal 42,01 3 Astérix et le royaume de Nubie Alexandre Heboyan M6 Studio SND 32,94 4 Marsupilami Philippe Lacheau Pathé Films, BAF Prod Pathé 28,68 5 13 jours, 13 nuits Martin Bourboulon Chapter 2, Pathé Films Pathé 27,49 6 High in the clouds (animation) Toby Genkel Gaumont Gaumont 27,44 7 L’homme qui rétrécit Jan Kounen Pitchipoi Productions Universal Pictures International France 21,04 8 Urban jungle (animation) Jean De Loriol Sirius Media NC 20,59 9 Kaamelott – deuxième volet – première partie Alexandre Astier Regular Production SND 19,69 10 God Save the Tuche Jean-Paul Rouve Pathé Films Pathé 19,40 11 Kaamelott – deuxième volet – deuxième partie Alexandre Astier Regular Production SND 18,79 12 Les orphelins Olivier Schneider Inoxy Films, Gaumont Gaumont 18,54 13 Le grand déplacement Jean-Pascal Zadi Gaumont, Douze Doigts Productions Gaumont 17,10 14 Yugly (animation) Jérémie Degruson, Yanis Belaid Octopolis NC 16,57 15 La venue de l’avenir Cédric Klapisch Ce Qui Me Meut Productions Studiocanal 15,67 16 Natacha (presque) hôtesse de l’air Noémie Saglio Daï Daï Films, TF1 Studio Pathé 15,53 17 Les légendaires (animation) Guillaume Ivernel Pan Animation, Pan Cinéma Pan Distribution 14,89 18 Rapide Morgan S.Dalibert Radar Films Universal Pictures International France 14,46 19 Le Routard Philippe Mechelen White and Yellow Films, StudioCanal Studiocanal 14,17 20 Yoroi David Tomaszewski Cinéfrance Studios, Attita Sony Pictures Releasing France 14,00

Source : CNC