Le plan de paix que Donald Trump veut imposer à l’Ukraine n’est rien d’autre que la négation de toutes les règles du droit international. Car le président américain exige la capitulation de Kiev dès lors qu’il tente de tordre le bras de Volodymyr Zelensky en lui imposant toutes les conditions posées par Vladimir Poutine.
Ce plan de paix est inacceptable pour les Ukrainiens comme pour les Européens. Les premiers n’auront probablement pas d’autre choix que de l’accepter, au moins partiellement, tant la pression est forte sur Kiev. Elle l’est sur le plan militaire avec une armée russe grignotant du terrain et bombardant sans relâche un pays affaibli par les tergiversations des États-Unis. La pression politique sur l’Ukraine est également de plus en plus puissante : Volodymyr Zelensky passe plus de temps à tenter de convaincre les Américains de la justice comme de la justesse de défendre la cause de son pays agressé qu’à le gérer. L’Ukraine est plus spectatrice qu’actrice d’un scénario où les Américains font preuve d’une hégémonie visant moins, comme par le passé, à venir en aide à un pays allié agressé par un État voisin aux visées expansionnistes qu’à fermer les yeux pour tourner la page comme si rien ne s’était passé. Pour la Maison Blanche, Zelensky est plus un problème que la solution dès lors qu’il refuse de capituler.
À l’inverse, pour les dirigeants européens, Zelensky n’est pas le problème. Certes fragilisé, il a fédéré l’Ukraine, freinant l’invasion russe sur l’ensemble d’un territoire situé aux frontières de l’Europe. L’invasion de l’Ukraine est un signal d’alerte. Car Poutine aujourd’hui, Medvedev ou un autre demain, ne s’arrêteront pas en si bon chemin dans leur folle ambition de reconstituer l’empire soviétique de la seconde moitié du XXe siècle. De cela, les Européens, excepté le Hongrois Orban, sont conscients. D’où leur volonté de peser sur les conditions d’une paix juste et équitable en Ukraine. Laquelle conditionnera les équilibres sur le continent pour une grande partie du prochain demi-siècle. Ce n’est pas seulement l’avenir de l’Ukraine qui est en jeu. C’est celui de tout le continent européen.