Un accord a été conclu, le 19 novembre 2025, entre l’Union européenne (UE) et le port de Rotterdam (Pays-Bas) pour la conception d’un terminal dédié à l’exportation de minéraux écologiques à Angra Point, sur le site portuaire de Lüderitz, dans le sud de la Namibie.
Ce partenariat, financé à hauteur de 13 millions de dollars namibiens par l’UE, vise à doter le pays d’une infrastructure stratégique destinée à soutenir l’essor de son hub hydrogène et à sécuriser l’approvisionnement européen en minéraux critiques tels que le lithium, le graphite et le manganèse. L’objectif est double : renforcer les capacités logistiques de la Namibie et offrir à l’Europe un corridor fiable pour ses chaînes de valeur liées à la transition énergétique.
Le futur terminal, indique-t-on, sera intégré au développement du pôle hydrogène d’Angra Point, avec une plateforme capable de faciliter aussi bien les exportations de matières premières africaines que les importations d’hydrogène vert vers le marché européen. Selon les parties prenantes, le projet est le fruit d’une collaboration entre l’UE, Namport et le port de Rotterdam, officialisée lors de l’atelier régional de l’Union européenne consacré aux corridors maritimes verts en Afrique.
Dans le cadre du partenariat stratégique UE–Namibie sur les chaînes de valeur durables des matières premières et de l’hydrogène renouvelable, l’étude d’extension des installations portuaires d’Angra Point constitue une étape. Elle devrait permettre de stimuler l’industrialisation locale, d’accroître le volume des exportations et de créer de nouveaux emplois au sein des communautés côtières. Pour Bruxelles, ce terminal s’inscrit pleinement dans la stratégie « Global Gateway », pensée comme un instrument de diplomatie climatique et de consolidation de l’accès aux ressources essentielles.
Par ailleurs, la Namibie évolue dans un environnement continental où les exportations de minéraux demeurent un pilier économique. La République démocratique du Congo domine les marchés mondiaux du cobalt et du cuivre ; l’Afrique du Sud reste un leader dans le platine, le chrome et l’or ; la Guinée s’impose sur la bauxite ; tandis que le Ghana et le Burkina Faso exportent massivement de l’or.
Dans ce paysage, la Namibie se positionne comme l’un des fournisseurs africains en plus forte croissance, notamment dans l’uranium et les minéraux utilisés dans les technologies bas carbone. Avec le développement d’Angra Point, le pays ambitionne de se hisser parmi les plateformes logistiques les plus attractives d’Afrique australe, consolidant sa place dans le top des exportateurs régionaux.
En Namibie les volumes de lithium, de manganèse et de fer vert expédiés depuis les ports nationaux ont progressé, en partie grâce à l’intérêt accru des investisseurs internationaux. Toutefois, les capacités portuaires limitées ont généré des congestions et rallongé les délais d’embarquement, freinant la compétitivité du secteur.
C’est précisément pour remédier à ces insuffisances que le projet d’un terminal spécialisé à Angra Point est considéré, par les autorités comme par les partenaires européens, comme une infrastructure déterminante pour la prochaine phase d’expansion minière du pays.
Cette initiative intervient alors que la Namibie a déjà amorcé ses premières exportations de fer vert, une filière encore balbutiante mais promise à un fort potentiel. Le récent atelier de l’Organisation maritime internationale à Walvis Bay, auquel ont participé une trentaine d’autorités maritimes africaines, a réaffirmé l’importance de développer des routes maritimes régionales basées sur des critères environnementaux stricts.
En engageant ce projet structurant, l’UE et la Namibie consolident un partenariat qui dépasse la simple logistique portuaire. Il s’agit d’un instrument de souveraineté énergétique pour l’Europe et d’un levier d’industrialisation pour l’Afrique australe, dans un cadre mondial marqué par une compétition pour les minéraux de transition.