Le quartier des Nations aura donc connu un dimanche particulier à Genève, avec un ballet de voitures diplomatiques entourant les discussions sur l’avenir de l’Ukraine, en présence de représentants américains, français, allemand, britanniques et ukrainiens. Avec, sur la table, le plan proposé jeudi par Donald Trump, qui reprend largement les exigences de la Russie, suscitant donc la colère de Kiev, qui a tout tenté dimanche pour amender le texte.
Les Ukrainiens ont d’abord rencontré des émissaires européens, qui auraient fait une contre-proposition au plan américain, avec notamment un changement dans les concessions territoriales offertes à la Russie.
>> Le point dans l’émission Forum : Pourparlers à Genève: que peut encore négocier l’Ukraine? / Forum / 2 min. / aujourd’hui à 18:00
Garanties de sécurité
Plusieurs messages postés sur les réseaux sociaux dans la journée par les présidents ou représentants ukrainiens et américains ont donné des signaux contradictoires. Le flou est donc maximal. Une conférence de presse a eu lieu, de manière surprenante et contrairement à ce qu’avaient annoncé les Américains. Et ce qui est sûr, quoi qu’il sorte des discussions de Genève, c’est que Donald Trump aura le dernier mot.
« Les Ukrainiens ont une certaine pression, puisque les choses se passent assez mal sur le front », rappelle dans Forum Adrien Fontanellaz, auteur d’un livre sur l’armée ukrainienne. « Mais en ce qui concerne l’accord, ça me paraît difficile de se prononcer en détail, surtout si la plupart des points sont vraisemblablement en négociation. »
« Ce qui me paraît potentiellement une avancée ukrainienne, ce sont ces fameuses garanties de sécurité des États-Unis, qui seraient vraisemblablement similaires à celles de l’article 5 de l’Otan. C’est-à-dire qu’une future agression russe serait considérée comme une attaque contre l’ensemble des pays de l’Otan. Mais à nouveau, il s’agirait de faire confiance à ce type de dispositif. Et l’histoire du conflit russo-ukrainien a montré que la confiance était une denrée rare. »
Pas d’alternative des Européens
Selon lui, la première version du plan présente aussi un problème en termes de « soutien aux principes élémentaires » du droit international. « Si on fait l’hypothèse que la Russie gagne sa guerre, ou s’en tire bien, c’est un signal envoyé au monde entier comme quoi c’est la loi du plus fort qui règne, et plus l’ordre international tel que conçu après la Seconde Guerre mondiale. Pour de très bonnes raisons, faut-il rappeler », note-t-il.
« Mais il s’agit d’une guerre, qui se joue donc dans les rapports de force sur le terrain. Et le problème, c’est qu’on entend l’indignation des uns et des autres, mais quelle est l’alternative? On n’entend pas les Européens donner leur stratégie », critique-t-il.
>> L’interview complète d’Adrien Fontanellaz dans Forum : Les inquiétudes européennes face au plan de paix américain: interview d’Adrien Fontanellaz / Forum / 8 min. / aujourd’hui à 18:00