De fait, le thème de cette 35e édition, « Secret et mensonge », a été porteur. Mais ce cru 2025 est aussi celui qui a connu le plus de perturbations, avec une polémique sur la projection de « J’accuse » de Roman Polanski, ou l’annonce, la veille du lancement, d’une baisse importante de la subvention du Conseil départemental. Bilan à chaud avec François Aymé, délégué général de l’événement.

Pour sa 35e édition le festival a enregistré environ 33 000 entrées au cinéma Jean-Eustache.
Alain Birocheau
Cette édition est l’une des plus mouvementées que vous ayez connues. Est-ce que ça s’est répercuté sur la fréquentation ?
C’est compliqué de répondre. D’un côté, le public scolaire est passé de 25 000 à 15 000 entrées à cause du plafonnement du Pass culture collectif. De nombreux enseignants qui avaient programmé une sortie à notre festival ont dû l’annuler, faute de moyens. Mais de l’autre, le public hors scolaire est passé de 15 à 18 000 entrées.
Au final, le niveau de fréquentation reste élevé. Le public a validé les films rares qu’on a programmés, comme « L’Oreille » ou « La Chine rouge en noir et blanc », ainsi que des avant-premières comme « Le Mage du Kremlin », « Chopin, Chopin ! » ou « Orwell : 2 + 2 = 5 ». Et tous les documentaires ont affiché complet. C’est une grande satisfaction.
Qu’est-ce qui a fait attribuer le prix du jury professionnel à « La Voix de Hind Rajab » ?
Le fait que ce film prend aux tripes du début à la fin. Il est construit sur un fait réel : une petite Palestinienne de 6 ans, seule survivante d’un bombardement israélien, qui appelle le Croissant-Rouge pour qu’on lui vienne en aide, mais les négociations des secouristes avec l’armée israélienne sont très compliquées. Ce sont les véritables enregistrements de la voix de cette petite fille qu’on entend. Ce film a fait une énorme sensation au festival de Venise. Et à Pessac, il a aussi obtenu le deuxième prix du public. Il sortira en salle le mercredi 26 novembre.

François Aymé : « Un prix à Pessac, ça apporte une visibilité supplémentaire auprès de la presse, du public, mais aussi des exploitants, qui sont plus enclins à le programmer. »
Ch. L.
Un prix à Pessac, ça booste un film ?
Ça apporte une visibilité supplémentaire auprès de la presse, du public, mais aussi des exploitants, qui sont plus enclins à le programmer. On espère que ce prix aidera « La Voix de Hind Rajab » comme il a pu aider « La Vie des autres » ou « Hannah Arendt ». Le prix du documentaire, lui, compte pour aider le réalisateur à financer son projet suivant.
« Deux jours après le lancement du financement participatif on avait déjà recueilli 7 000 euros auprès de 200 donateurs »
Financièrement parlant, comment s’annonce le bilan de cette édition ?
Le Département a annoncé à France 3 que sa subvention serait de 20 000 euros. C’est 28 000 de moins que ce qui avait été annoncé, mais c’est moins catastrophique que ce qu’on a pu d’abord redouter. On suppose que le financement participatif va limiter le déficit qui s’annonce. Deux jours après son lancement, on avait déjà recueilli 7 000 euros auprès de 200 donateurs. Mais il est clair que le budget 2026 devra être revu à la baisse.
Et quel sera le thème du festival 2026 ?
L’Italie. On sera à six mois de l’élection présidentielle, avec la possibilité d’une victoire du RN ; il sera intéressant de voir comment un parti similaire a géré un pays voisin. Parler de l’Italie, ça permettra d’aborder des thèmes comme le trafic de drogue, l’immigration ou le terrorisme. Ça permettra aussi d’aborder une des cinématographies les plus riches au monde, qui va du film politique à la comédie en passant par le peplum.

Une dizaine de personnes s’étaient rassemblées dimanche 23 novembre avant la projection de « J’accuse », avec des slogans comme « Programmer Polanski, c’est financer un pédocriminel ».
Ch. L.