MISTER PROPRE WITH A VENGEANCE 

Sur le papier, le choix de Bruce Willis dans le rôle du type vraiment très gentil qui dézingue des trillions de délinquants pas forcément suédois, pour venger sa famille que la vilaine justice laxiste ne veut pas venger, semblait risqué. En effet, avant que sa maladie (démence fronto-temporale) ne soit publiquement annoncée en 2022, l’interprète de l’immortel John McClane semblait enchaîner les rôles et films de seconde zone.

De toute évidence, Eli Roth, réalisateur de HostelCabin Fever ou encore Knock Knock, n’a même pas tenté de ressusciter Bruce Willis, de prime abord aussi crédible en chirurgien que le serait Robert Downey Jr. en dauphin, puis carrément démissionnaire dès lors que s’amorce la deuxième partie du récit. A peine capable de hisser ici et là un sourcil, trop paresseux pour se hasarder à jouer quoi que ce soit, l’acteur souligne involontairement l’incroyable pauvreté de la mise en scène et des dispositifs dramatiques. L’amateur de grosses fusillades comme l’habitué du désquamage de figurants n’auront à se mettre sous la dent qu’une poignée de séquences jamais spectaculaires, inventives ou choquantes.

Photo Bruce WillisJouer ou ne pas jouer, là n’est plus la question

ELI ROTE

Incapable de divertir, Death Wish dévoile par conséquent au grand jour la bêtise de son propos. Non pas que le film soit véritablement réactionnaire, car il ne sidère jamais par l’agressivité ou la portée d’un éventuel propos pro-armes et réac. Non, ce qui s’avère proprement hallucinant, c’est la totale absence de point de vue.

Héros vengeur ? Homme torturé ? Sanglant samaritain aveuglé par la soif de revanche ? Le personnage principal souffre d’une sous-écriture embarrassante en cela qu’elle n’appréhende absolument jamais le monde contemporain.

Photo Bruce Willis, Elisabeth ShueQue vient faire Elisabeth Shue là-dedans ?

Le remake aurait pu se vouloir comme la réaffirmation du second amendement américain, un uppercut contre la supposée bienpensance d’une partie du monde occidental. Mais il préfère n’être qu’un embarrassant morceau de néant, qui costume son vengeur blanc d’un hoodie censé l’anonymiser, quand il est devenu aux Etats-Unis le terrible symbole d’une jeunesse noire que la police tue. Ou comment inconséquence en vient à rimer avec putrescence. 

Affiche française