« On doit se révolter ». Francis Vernède, directeur PACA de la Fondation pour le Logement, lance un cri d’alarme face à l’explosion du sans-abrisme qui touche de plus en plus de familles à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône. Il appelle à une prise de conscience collective et à une action forte des pouvoirs publics.
L’affaire a choqué : plusieurs familles, dont une mère de famille enceinte de huit mois, se sont retrouvées à la rue à Marseille alors que la justice avait ordonné au Conseil Départemental leur mise à l’abri. C’est la Fondation pour le Logement qui a dû, dans l’urgence, prendre le relais. « Ça fait toujours bizarre de venir supporter l’absence de réaction d’une institution comme le Conseil Départemental », a confié Francis Vernède, dont la fondation vit « uniquement de dons ».
Heureusement, une issue a été trouvée pour ces cas précis : « Le département a fini par se plier à la décision de justice et ces familles vont avoir une proposition d’hébergement », a-t-il annoncé. Un soulagement qui ne masque pas une inquiétude bien plus profonde.
Un phénomène qui s’aggrave et qui change de visage
Pour Francis Vernède, ces situations dramatiques ne sont pas isolées, mais le symptôme d’une tendance de fond. « Ce qu’on voit, c’est la part que prennent les familles avec des enfants parfois très jeunes, des nourrissons. Ça, on le voit clairement, ça augmente », alerte-t-il.
Dans une ville comme Marseille où « un habitant sur quatre est pauvre », le risque de basculer dans le sans-abrisme est immense. Le profil des personnes à la rue a changé : « Là, le public bouge vraiment. Il y a des gens très jeunes des fois à la rue, et des fois vraiment des familles complètes avec des nourrissons. Il faut repenser les façons qu’on a d’accueillir et d’aider ». Il rappelle que le problème ne se limite pas à Marseille mais touche tout le département, citant Arles, Martigues, Vitrolles ou encore Aubagne.
Le manque criant d’hébergements adaptés aux familles
Si les familles dorment dehors, ce n’est pas par choix. « S’il y a des personnes à la rue, c’est parce qu’on n’a pas assez d’hébergement. Ce n’est pas que les personnes ne veulent pas y aller », martèle Francis Vernède. Il pointe du doigt le manque de structures adaptées : beaucoup de centres sont conçus pour des hommes seuls, laissant les femmes et les familles sans solution sécurisée.
« On a besoin de dispositifs spécifiques pour les femmes pour qu’elles soient en sécurité, pour les femmes qui ont des enfants ». Un appel direct à l’État et aux collectivités pour financer des structures d’une ampleur suffisante.
« Ce n’est pas une fatalité » : l’appel à une action collective
Face à ce drame humain, Francis Vernède refuse tout défaitisme. Rappelant le chiffre tragique de 912 personnes mortes dans la rue en France, dont une dizaine d’enfants, il assène : « Ce n’est pas une fatalité. On peut, on doit collectivement faire baisser ce chiffre ».
Pour lui, la solution passe par une mobilisation générale. « On doit se révolter face à ça, et se révolter collectivement », a-t-il lancé, appelant l’État, les départements et les villes à travailler de concert avec le monde associatif. « Il faut investir aujourd’hui pour lutter contre le sans-abrisme », a-t-il conclu, plaidant pour des dispositifs qui permettent non seulement d’héberger, mais aussi d’accéder à une formation, un emploi et, à terme, de « redevenir des monsieur et madame tout le monde ».
Photo d’illustration