Le souffle produit par la surprise se serait atténué. C’est en tout cas ce que laisse entendre la dernière déclaration de l’Ukraine, qui a affirmé avec les États-Unis, dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 novembre, qu’un « futur accord » de paix pour mettre fin au conflit avec la Russie « devra pleinement respecter (sa) souveraineté ».

Les négociations organisées à Genève, entre États-uniens, Ukrainiens et alliés européens, avaient débuté sur un moment de stupeur, suite à la découverte d’un plan de paix concocté par Washington, en concertation avec le Kremlin. Si la version initiale du document a suscité l’opposition de Kiev et de ses alliés européens (Paris, Londres, Berlin et Rome), les discussions, closes dimanche soir, se sont bien tenues sur la base du projet réparti en 28 points de l’administration Trump.

« Très optimiste » sur la possibilité de conclure un accord

« Les pourparlers ont été constructifs, concentrés sur l’objectif et respectueux, insistant sur l’engagement commun de parvenir à une paix juste et durable », a annoncé la Maison Blanche, dans son communiqué commun avec la délégation ukrainienne présente à Genève. Le secrétaire d’État, Marco Rubio, estime quant à lui que ces discussions constituent « un pas en avant significatif » vers un règlement de paix dans ce pays européen en guerre.

 « Est-il vraiment possible que les pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine aient fait d’énormes progrès ??? N’y croyez pas tant que vous ne l’avez pas vu, mais il se pourrait bien que quelque chose de positif soit en train de se produire. Que Dieu bénisse l’Amérique ! », s’est félicité Donald Trump, sur son réseau Truth Social, lundi 24 novembre.

Accompagné, à Genève, de Jared Kushner, gendre du président Donald Trump, Steve Witkoff, son émissaire spécial sur le Moyen-Orient, sur l’Ukraine et la Russie, et le commandant suprême des forces de l’Otan en Europe, le général Alexus Grynkewich, le chef de la diplomatie états-unienne s’est dit « très optimiste » sur la possibilité de conclure « très vite » un accord. Kiev et Washington « ont réaffirmé que tout futur accord devra pleinement respecter la souveraineté de l’Ukraine », selon ce bref texte.

Ce dernier précise, qu’au terme de leurs échanges diplomatiques, les États-Unis et l’Ukraine avaient « rédigé une nouvelle version, affinée, d’un cadre (pour un accord) de paix ». À Genève, le négociateur ukrainien Andriï Iermak, bras droit de Volodymyr Zelensky, avait également fait état « de très bons progrès », après que le président ukrainien eut salué une nouvelle version du plan américain qui reflète « déjà la plupart des priorités clés » de Kiev. Même son de cloche pour le président ukrainien : « Dans les étapes que nous avons coordonnées avec la partie américaine, nous avons réussi à inclure des points extrêmement sensibles. Ce sont des étapes importantes, mais pour parvenir à une paix réelle, il faut plus, beaucoup plus. »

De nombreuses inconnues demeurent. Marco Rubio a profité de ses prises de parole pour rappeler que les Russes auraient « leur mot à dire ». Inspiré par le plan de « paix » pour Gaza, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou : la reconnaissance par Washington de la Crimée, de Louhansk et de Donetsk comme des territoires russes, que Kiev accepte de réduire son armée à 600 000 soldats et renonce à intégrer l’Otan, que Vladimir Poutine et d’autres dignitaires russes soient amnistiés.

Un appel Erdogan-Poutine

Une « zone tampon démilitarisée » serait alors mise en place dans une zone contrôlée par Kiev dans la région de Donetsk. Le texte propose aussi la fin de l’isolement de la Russie à l’égard des Occidentaux, avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions. Les points en suspens porteraient sur la question des territoires et celle de l’Otan. « Nous n’avons encore rien reçu officiellement », a affirmé, lundi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, lors de son point presse quotidien.

Les Européens ont tout fait pour prendre part aux tractations, enchaînant les rencontres avec les délégations de la Maison Blanche et de Kiev. « L’Ukraine doit avoir la liberté et le droit souverain de choisir son propre destin, a martelé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a choisi un destin européen. »

La dirigeante a aussi estimé que le rôle « central » de l’Union européenne (UE) – toujours plus engagée sur la voie de la militarisation – devait être « pleinement reconnu ». Donald Trump et le premier ministre britannique, Keir Starmer, sont, eux, convenus lors d’un appel téléphonique de l’importance de « travailler tous ensemble en ce moment critique » pour l’avenir de l’Ukraine, a indiqué Downing Street.

Une réunion de dirigeants européens est prévue lundi 24 novembre, en marge d’un sommet avec leurs homologues de l’Union africaine, en Angola. Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, qui joue les médiateurs entre Kiev et Moscou, a quant à lui annoncé qu’il s’entretiendrait lundi par téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine, ce que le Kremlin a confirmé. Emmanuel Macron a annoncé une réunion le lendemain, en visioconférence, d’États soutenant l’Ukraine.

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