Un appui franc et massif à Donald Trump. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban affiche son soutien au plan controversé proposé par le président américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Annoncé la semaine dernière, ce projet en 28 points, dont la forme s’inspire du texte ayant permis de signer le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza, inclut plusieurs mesures destinées à mettre fin au conflit meurtrier. Rédigé sans consultation des Européens, ce nouveau « plan Trump » prévoit par exemple la cession à Moscou de plusieurs territoires ukrainiens conquis par la Russie, ainsi que leur reconnaissance de facto par Washington. De faire craindre à Kiev – et aux principales puissances du Vieux Continent – une sorte de capitulation, près de quatre ans après de l’invasion russe de 2022.

Empêcher le versement d’une nouvelle aide européenne

Eurosceptique, Viktor Orban n’a jamais cessé de mettre en avant ses liens avec le Kremlin. Au début de l’été 2024, il s’était ainsi déplacé à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine, sans demander l’accord du reste des 27 pays membres de l’Union européenne. L’épisode avait suscité l’ire de nombre de ses homologues sur le continent. Aujourd’hui, le Premier ministre hongrois les exhorte à adhérer sans réserve au projet américain pour mettre un terme à la guerre en Ukraine. « Les Européens doivent soutenir immédiatement et sans condition l’initiative de paix des Etats-Unis », a-t-il écrit samedi dans une lettre envoyée à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

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Dans ce document, révélé par Politico, le conservateur enjoint par ailleurs l’UE à « entamer des négociations autonomes et directes avec la Russie ». Viktor Orban, dont les relations avec Kiev sont glaciales, voit surtout dans ce plan une opportunité pour gêner l’envoi d’une nouvelle aide financière de l’UE à l’Ukraine. En effet, les différents pays européens planchent depuis plusieurs mois sur l’utilisation d’avoirs gelés russes, qui pourraient servir à verser 140 milliards d’euros de nouveaux fonds à Kiev sous forme de « prêt de réparation ». « [La Hongrie] ne soutient pas l’envoi par l’Union européenne d’une aide financière supplémentaire à l’Ukraine sous quelque forme que ce soit », précise de cette manière Viktor Orban dans sa lettre.

Relations glaciales entre Kiev et Budapest

Le chef de file du Fidesz, au pouvoir à Budapest depuis plus de 15 ans, s’est montré ces derniers mois particulièrement rétif à toute nouvelle aide financière européenne. Début octobre, lors d’un sommet informel à Copenhague (Danemark), il avait critiqué ce principe, qualifiant l’Ukraine de « pays qui n’a pas l’argent pour s’entretenir lui-même ». Un mois plus tard, il avait également fait part de sa volonté de saisir la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour « porter plainte » après la décision de l’UE actant un embargo total en Europe sur les hydrocarbures russes d’ici à 2027. Une hérésie selon Viktor Orban, dont le pays demeure extrêmement dépendant du pétrole et du gaz russe – des ressources qui permettent à Moscou de financer sa guerre.

La position de la Hongrie au sujet de ce plan Trump reste minoritaire en Europe. Comme dévoilé par Reuters dimanche, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont élaboré une contre-proposition d’un plan de paix sur la base de la mouture proposée par le milliardaire républicain. Ce week-end, le chancelier allemand Friedrich Merz a fait part de sa circonspection sur une éventuelle percée des « négociations » vers une trêve en Ukraine. « Je ne suis pas encore convaincu que les solutions souhaitées par le président Trump seront trouvées dans les prochains jours », a ajouté le dirigeant depuis le sommet du G20 à Johannesburg (Afrique du Sud).

Giorgia Meloni défend aussi le plan Trump

Le président américain avait initialement dit attendre une réponse favorable de Volodymyr Zelensky à son plan d’ici à jeudi. Pour accélérer les discussions, plusieurs hauts responsables ukrainiens et américains, dont le secrétaire d’État Marco Rubio et l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, se sont réunis ces derniers jours à Genève (Suisse). Un rendez-vous qui a permis à Kiev d' »inclure des points extrêmement sensibles » dans les échanges, a assuré le président ukrainien, tout en soulignant que l’avènement d’une « paix réelle » nécessitait « beaucoup plus ».

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Viktor Orban n’est toutefois pas l’unique défenseur de la proposition américaine sur l’Ukraine. Réputée proche de Donald Trump, la Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est désolidarisée ce lundi du plan alternatif conçu par les puissances du groupe E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni). « Je ne pense pas que la question soit de travailler sur une contre-proposition complète », a-t-elle lancé depuis Luanda (Angola), en marge d’un sommet entre l’UE et l’Union africaine. « Il y a de nombreux points acceptables dans le plan que nous avons lu. » Comme rapporté samedi par les médias du pays, le Premier ministre slovaque populiste Robert Fico, réputé proche du pouvoir russe, considère pour sa part que ce document constitue « une très bonne base » pour mener les tractations pour conclure la paix en Europe.