Le procureur de la République de Grasse, Éric Camous, a annoncé, le 24 novembre, le classement sans suite des deux dernières plaintes pour viols visant un professeur de l’école maternelle Pasteur du groupe scolaire de la gare à Saint-Laurent-du-Var.

Déposées les 31 octobre et 6 novembre, ces plaintes faisaient état d’accusations de viols sur deux filles de 4 ans.

L’école maternelle Pasteur, située au sein du groupe scolaire de la gare à Saint-Laurent-du-Var.

Deux premières plaintes déposées le 1er octobre par les familles de deux garçons de 4 ans avaient été classées sans suite le 21 octobre.

Selon le procureur, les investigations ont mis en évidence de fortes incohérences dans les déclarations recueillies auprès des enfants.

La cour de l’école maternelle Pasteur, située au sein du groupe scolaire de la gare à Saint-Laurent-du-Var. Photo Dylan Meiffret

« Au gré des auditions, les faits se sont révélés confus et discordants »

« Les éléments livrés par les enfants n’ont jamais été spontanés et le lieu où ils se seraient produits n’a cessé d’évoluer », précise Éric Camous. Il ajoute « qu’au gré des auditions, les faits se sont révélés confus et discordants ».

Les expertises psychologiques auraient par ailleurs mis en lumière « le risque majeur de confabulation des propos […] S’agissant de très jeunes enfants de 4 ans, cela ne signifie pas une mauvaise intention, mais une réponse donnée pour satisfaire le questionnement de l’adulte ».

Il n’aurait été identifié chez les petits « aucune manifestation traumatique ou angoissée ».

Entendu par les enquêteurs, le professeur a « totalement contesté les accusations ».

Éric Camous insiste également sur son parcours sans incident, « dont les compétences ont toujours été soulignées, notamment quant à la qualité des relations établies avec les parents ».

L’école maternelle Pasteur, située au sein du groupe scolaire de la gare à Saint-Laurent-du-Var. Photo Dylan Meiffret

Ce classement sans suite « scandalise » les deux familles des petites filles.

« Comment ma fille de 4 ans peut-elle décrire des choses aussi horribles et dire des mots jamais entendus ailleurs ? Balayer la parole d’un enfant si facilement, c’est une honte », s’indigne la première maman.

La seconde abonde, très remontée : « J’aurais été prête à entendre que mon enfant déforme la réalité si l’expertise menée par la police avait été plus rigoureuse. Comment ma fille pouvait-elle se livrer dès la première rencontre, face à ce psychologue, un inconnu ? Il ne connaît pas la petite, l’interroge dix minutes, et tire des conclusions. Ce n’est pas sérieux. »

Nouveau « dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile »

Estimant la prise en charge « bâclée », les parents se sont rapprochés de l’hôpital Lenval et de son centre d’évaluation pédiatrique du psychotraumatisme.

« Mon enfant y a été écoutée lors de plusieurs séances par une équipe pluridisciplinaire, spécialement formée à ce type de situation. Il en ressort que ma fille de 4 ans est en dépression. Elle va devoir suivre une thérapie, car elle a développé des troubles et ne cesse de faire des cauchemars. »

D’ores et déjà, l’une des deux familles « envisage le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile », indique Nathalie Vincent, avocate des parents qui ont déposé plainte le 6 novembre.

Ce sera donc une seconde plainte avec constitution de partie civile, puisque la première du 22 octobre regroupe les deux familles qui ont vu leurs plaintes classées sans suite le 21 octobre.

À la suite de la décision du procureur de la République de Grasse, l’académie de Nice indique : « L’enseignant sera prochainement reçu par l’inspecteur afin de préparer sa reprise d’activité dans les meilleures conditions. »

L’enseignant avait été suspendu à titre conservatoire du 7 octobre à la rentrée des vacances de la Toussaint. Puis il a bénéficié d’une autorisation spéciale d’absence à partir du 7 novembre.

Sans préciser si un retour est envisagé, l’institution, « soucieuse de préserver la sérénité des élèves et des personnels au sein de l’école », ne fera pas « d’autre commentaire ».

Le défenseur des droits saisi

Les quatre familles qui ont déposé plainte et sept autres familles de la classe de moyenne section de l’école maternelle Pasteur de Saint-Laurent-du-Var ont saisi le défenseur des droits pour « violations graves et systématiques des droits de l’enfant ».

« La situation que nous vivons constitue une violation caractérisée des droits fondamentaux de nos enfants et révèle des manquements graves de plusieurs institutions dans le traitement d’accusations d’agressions sexuelles » affirment les parents.

Les onze familles développent leur argumentation : « L’Éducation nationale aurait dû proposer une affectation provisoire de l’enseignant hors contact avec des enfants plus rapidement. (…) Des plaintes étaient en cours, sans que parfois aucune mesure conservatoire n’ait été prise envers l’enseignant. (…) Cette enquête lacunaire ne répond pas aux exigences de protection de l’enfance et constitue un déni de justice. »

Ces familles demandent au défenseur des droits « de rouvrir l’enquête judiciaire avec des investigations approfondies » et « de diligenter une enquête administrative ».