Par

Anthony Soudani

Publié le

24 nov. 2025 à 19h03

« Je lui ai fait un massage cardiaque mais c’était trop tard. Il s’est arrêté de respirer dans mes bras. » Ses deux phrases sont prononcées sans détours, ni bégaiement par Laura Achard. L’architecte lyonnaise de 36 ans nous regarde droit dans les yeux lorsqu’elle raconte le décès de son fils Charlie en 2020, après seulement 2 mois et demi de vie.
« Je suis crue dans mon livre », lâche-t-elle en faisant référence à La Vie, son ouvrage récemment publié aux éditions Vérone. Celle qui a aujourd’hui retrouvé goût à la vie confie à actu Lyon un témoignage sincère, puissant et émouvant. 

Charlie, 2 mois et demi, décède le 23 mars 2020

Laura Achard ouvre la porte de son domicile. « Désolé, nous n’avons qu’une heure, il faut que j’aille chercher le petit après », glisse-t-elle. Le petit en question, c’est Léo. Son deuxième enfant qui est aujourd’hui âgé de 4 ans. « Il m’apporte beaucoup de joie, de bonheur et de légèreté », ajoute la maman lyonnaise. 

Mais le sourire sur son visage s’estompe rapidement lorsque l’on parle de ce qui est arrivé à Charlie, son premier fils. Avec une voix posée, elle raconte : « On a détecté au bout du cinquième mois de grossesse qu’il avait une malformation cardiaque. La grossesse est allée à terme, j’ai accouché par voie basse. Malheureusement, il est décédé deux mois et demi après, à la maison, le 23 mars 2020. »

Laura Achard explique le contexte de la mort de son enfant opéré un mois après sa naissance et qui devait subir une autre opération un an plus tard. Toujours avec clarté, elle raconte ce jour terrible : « On avait rendez-vous chez le pédiatre ce jour-là. Il avait un regard particulier, un peu dans le vide. On l’a stipulé au pédiatre. Mais il nous a dit que tout allait bien. »

Le jour où tout a basculé : « J’ai entendu un bruit étrange »

Le 23 mars 2020 était aussi le jour des annonces du premier confinement à cause de l’épidémie de Covid-19. « Tout le monde était au garde à vous sur ce que l’Etat allait dire. Dans la journée, son état s’est dégradé, on a appelé plusieurs fois l’hôpital mais on nous a demandé de rester chez nous avec le plan d’urgence qui était mis en place. »

Laura est allée prendre une douche. Puis tout a basculé.

J’ai entendu un bruit étrange. Je suis allé le voir et il s’est arrêté de respirer dans mes bras. J’ai appelé immédiatement les pompiers et le 15 qui m’ont dit de faire un massage cardiaque. Les pompiers sont arrivés avec mon conjoint pour prendre le relai, mais malheureusement, il n’a pas été réanimé.

Laura

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Un mauvais diagnostic ? « Le médecin a dit que c’était de ma faute »

Un traumatisme horrible pour la jeune maman. D’autant plus qu’elle affirme que le diagnostic du décès de Charlie est faux. « On n’a jamais su ce qu’il s’est passé. Il avait une grosse malformation cardiaque avec son cœur à l’envers mais le médecin du Samu a décrété que c’était une mort subite du nourrisson parce que j’ai dit que je l’ai mis sur un oreiller. Le médecin a dit que c’était de ma faute. Ça a été traumatique. »

Laura Achard raconte le traumatisme du décès de son fils dans son livre
Laura Achard raconte le traumatisme du décès de son fils dans son livre « La Vie ». (©Anthony Soudani / actu Lyon)

Laura et son compagnon ont été entendus par la police pour voir si leurs versions étaient similaires. Une autopsie a été réalisée. « À l’hôpital, on nous a donné des papiers sur la mort subite du nourrisson sans prendre en compte la maladie cardiaque. Ce n’est pas ce qu’il s’est passé. On a remarqué toute la journée que ça se dégradait. »

Son combat entre colère et injustice

Entre colère et sentiment d’injustice, la Lyonnaise a commencé à écrire pour exprimer ses émotions. Bien épaulée par ses amis, une maman psychiatre et son conjoint avec lequel elle est restée même face aux difficultés, elle explique comment elle s’est battue : « L’écriture m’a fait beaucoup de bien. J’ai eu l’impression de faire quelque chose de cette histoire. »

Si elle n’a pas réussi à aller dans des groupes de paroles, Laura a contacté des gens qui ont vécu ça sur Instagram. « Je me suis lié d’amitié avec une personne qui a perdu son fils à la naissance. Il s’appelait aussi Charlie, il est décédé la veille de mon fils. Ça m’a apporté un soutien que je ne pouvais pas trouver ailleurs. »

« Le rire permet d’évacuer »

Le temps, les discussions avec son compagnon, la naissance de son second fils ont aidé Laura à sortir de la déprime. « On en a parlé, on n’en a pas fait un déni. Aujourd’hui, je suis heureuse depuis un moment. »

Dans son livre coup de poing, Laura a un ton assez cru. « J’essaie que chaque phrase soit percutante, c’est comme ça que je le vivais. J’essaie d’être un peu drôle malgré le sujet. Le rire permet d’évacuer. » Rigoler sans culpabiliser, une manière pour Laura de montrer qu’elle a réussi à revenir de très loin.

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