Après plusieurs dépôts de plaintes de parents d’élèves d’une école maternelle de Saint-Laurent-du-Var à l’encontre d’un enseignant, le Procureur de la République de Grasse a annoncé classer sans suite l’ensemble des procédures pour soupçons d’abus sexuels. Il alerte aussi sur la médiatisation de l’affaire.
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Dans les médias locaux et nationaux, les dépôts de plaintes de plusieurs familles à l’encontre d’un enseignant de Saint-Laurent-du-Var, dans les Alpes-Maritimes, ont connu un grand retentissement à la mi-octobre 2025. Un peu plus d’un mois plus tard, le lundi 24 novembre, le procureur de la République de Grasse, Eric Camous, a clarifié la situation lors d’un point presse et par voie de communiqué.
Depuis le début du mois d’octobre, quatre plaintes ont été déposées par des familles pour des soupçons d’agression sexuelle et de viol sur des enfants de 3 ans et demi et 4 ans, par un enseignant d’une classe maternelle de Saint-Laurent-du-Var.
Après une rencontre entre les parents, les enseignants et la police nationale dans l’établissement, une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la police nationale de Cagnes-sur-Mer.
Le procureur de la République de Grasse, Eric Camous, précise à France 3 : « Les parents des deux enfants ont d’abord été entendus sur les confidences recueillies. »
Situant les actes dans les toilettes de l’établissement, ils ont rapporté des propos parfois difficilement formulés. Il en a été de même à propos de la parole des enfants, pourtant recueillie par des enquêteurs spécialisés dans le cadre du protocole Mélanie.
Le procureur de la République de Grasse, Eric Camous.
à France 3 Côte d’Azur.
Les deux enfants ont fait l’objet d’une expertise psychologique, « dont les conclusions ont imposé la prudence avec laquelle ces éléments devaient être accueillis. » Il détaille : « en effet, les éléments livrés par les enfants n’ont jamais été spontanés et le lieu où il se serait produit n’a jamais cessé d’évoluer. En outre, a été rapportée la présence d’une seconde enseignante qui n’existe pas, sauf à la confondre avec l’Atsem (L’agent territorial spécialisé des écoles maternelles), toujours présente. Celle-ci a toujours réfuté le fait d’avoir assisté à quelques événements que ce soit. »
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Les quatre plaintes pour soupçons d’abus sexuels visant un enseignant d’une école de Saint-Laurent-du-Var classées sans suite
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©FTV
Le procureur ajoute : » S’agissant de jeunes enfants, les experts ont relevé le risque majeur de confabulation des propos. Autrement dit, le fait de répondre aux attentes des adultes, plutôt que de rapporter la réalité d’un événement […]. »
Entendu sur les faits, le professeur des écoles, qui enseigne depuis 10 ans, a contesté les accusations portées à son encontre. Eric Camous mentionne : » il n’a fait l’objet d’aucun incident au cours de sa carrière et ses compétences ont toujours été soulignées […] ». Toutes ces raisons ont poussé le procureur à classer sans suite cette première procédure.
À la suite de cette décision, deux autres plaintes ont été instruites, « elles se sont rapportées aux accusations de deux autres familles qui ont fait état de propos inquiétants, recueillis, de deux enfants en première intention. Là encore, les accusations se sont révélées extrêmement difficiles à circonstancier. » Avec des faits « confus et discordants ».
Il n’est pas possible d’accueillir avec réalité les accusations portées, celles-ci étant systématiquement démenties par le recoupement des propos, les éléments de circonstances, les témoignages des adultes et les conclusions des experts. L’ensemble des procédures a fait l’objet d’un classement sans suite.
Eric Camous
Le procureur de la République de Grasse
Pour conclure, le procureur a tenu à expliquer » qu’il ne s’agit nullement d’accabler les enfants qui ont collectivement ou individuellement travesti la réalité […], ce sont de très jeunes enfants dont le rapport au monde, les propos et les accusations doivent être appréhendés avec attention et distance. » Et d’ajouter à l’attention des parents : » je n’entends pas faire ombrage à l’émotion légitime des parents, aux craintes qu’ils ont exprimées […]. » Il a enfin rappelé le principe de la présomption d’innocence et regretté l’emballement médiatique de l’affaire.
L’Académie de Nice a réagi dans un communiqué en déclarant que : « cette décision confirme que rien ne peut être reproché à cet enseignant ». L’enseignant sera prochainement reçu par l’inspecteur d’académie afin de préparer sa reprise.
Avec David Da Meda