Une liste de vingt noms avec un court message l’accompagnant : «génocidaires à boycotter». L’auteur de ce document, un enseignant-chercheur de l’université Lyon-II, a essuyé de vives critiques après avoir publié sur son compte Facebook le 20 septembre le nom de vingt personnalités, dont une majorité de confession juive. La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a mis au jour vendredi ce message d’un professeur d’histoire médiévale. Le post de l’enseignant n’est plus disponible.
Sous la mention «20 génocidaires à boycotter en toutes circonstances», figuraient les noms d’Arthur, des acteurs Charlotte Gainsbourg et Philippe Torreton, ou encore du philosophe Bernard-Henri Lévy, assortis de leurs photos. La veille de la publication de ce post, ces personnalités avaient publié dans le Figaro une lettre ouverte à Emmanuel Macron, qui s’apprêtait à reconnaître au nom de la France l’Etat palestinien, pour lui demander d’exiger d’abord la libération de tous les otages retenus à Gaza et le démantèlement du Hamas.
«L’appel au boycott des personnes physiques, c’est de la provocation à la discrimination et à la violence», dénonce la Licra en accusant l’enseignant de «faire des listes, comme on en faisait sous l’Occupation». De son côté, la présidence de l’établissement s’est désolidarisée du professeur : «Nous condamnons avec la plus grande fermeté le contenu de cette publication, qui ne représente aucunement notre université ni les valeurs qu’elle défend et transmet», a-t-elle commenté sur son site internet.
«Tout en reconnaissant à ce collègue, qui n’exerce aucune fonction de représentation de notre établissement, un droit absolu d’expression à titre individuel et privé, nous n’en sommes pas moins très choqués par un procédé dont nous nous désolidarisons complètement», ajoute-t-elle, précisant réfléchir aux «mesures qui s’imposent».
Dans un autre message sur X, le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a «pris acte» de cette réaction et apporté tout son «soutien aux personnes citées, à tous ceux que cette liste a choqués».
Le chef des députés LR Laurent Wauquiez a pour sa part jugé ce message «proprement hallucinant» et dénoncé sur X «l’antisémitisme ordinaire d’extrême gauche dans nos universités» se disant conforté dans son choix de suspendre les aides régionales à Lyon-II. En mai, Laurent Wauquiez avait annoncé en tant que conseiller spécial auprès du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes la suspension de ces subventions, après l’interruption d’un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l’Irak et de la Syrie, par des militants qui l’avaient taxé de «sioniste».
Une enquête pour apologie du terrorisme a également été ouverte après des propos laudateurs sur le Hezbollah attribués au vice-président Willy Beauvallet-Haddad, qui a quitté ses fonctions depuis.