Par

Thomas Martin

Publié le

6 avr. 2025 à 6h24

La compagnie espagnole Renfe aurait aimé faire rouler ses trains jusqu’à Paris pour les Jeux Olympiques de 2024, ça n’a pas été le cas. Elle avait ensuite évoqué une arrivée dans la capitale française en décembre 2024, avant de repousser à nouveau la date de lancement de cette liaison. L’arrivée de l’acteur ibérique dans la capitale s’éloigne encore un peu plus. Dénonçant depuis des mois les obstacles dressés par la SNCF, la compagnie a annoncé vendredi 4 avril mettre en pause ses projets de développement en France, laissant planer le doute sur la poursuite de ses opérations sur le marché hexagonal.

Des difficultés pour obtenir l’homologation des trains

« Face aux difficultés et retards successifs rencontrés dans le déploiement de son offre de services à grande vitesse en France, Renfe confirme avoir engagé un processus d’analyse et de réflexion sur sa stratégie globale dans ce pays », a assuré la compagnie dans une déclaration transmise à l’AFP.

Cette réflexion va se traduire notamment par un « report du lancement de ses opérations » entre Barcelone et Toulouse, qui étaient censées débuter au deuxième trimestre 2025, précise le groupe ferroviaire, sans plus de précisions sur ses projets pour cette liaison.

Cette liaison était censée marquer une nouvelle étape dans le développement en France de la compagnie, qui effectue déjà depuis 2023 des liaisons directes Barcelone-Lyon et Madrid-Marseille et qui ferraille depuis des mois pour étendre sa desserte vers Paris.

Dans un premier temps, Renfe avait demandé deux allers-retours quotidiens jusqu’à Paris en été, et un en hiver. La compagnie avait précisé que la gare de Lyon serait la tête de pont de ses trains à Paris. 

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L’opérateur espagnol – qui souhaitait faire du marché français un tremplin pour son internationalisation – peine en effet à obtenir l’homologation de ses nouveaux trains S-106, produits par le fabriquant espagnol Talgo, qui ont connu plusieurs soucis ces derniers mois.

La Renfe et le gouvernement espagnol ont mis en cause à plusieurs reprises ces derniers mois les autorités françaises, dont le gestionnaire ferroviaire SNCF Réseau, accusé de freiner l’arrivée des trains espagnols pour protéger la SNCF face à la concurrence européenne.

« Il est clair pour tout le monde que la France met tout en œuvre pour empêcher un véritable processus de libéralisation sur son marché. Cela signifie que nous jouons selon des règles différentes », avait ainsi dénoncé fin septembre le ministre des Transports Oscar Puente.

« C’est l’un des problèmes de la libéralisation ferroviaire: il n’y a pas eu de réciprocité », avait insisté ce proche du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui accuse régulièrement la SNCF de concurrence déloyale sur le marché ferroviaire espagnol.

La SNCF exploite des trains sur le marché espagnol, via sa filiale Ouigo, depuis le printemps 2021. Ces trains à bas coûts desservent notamment Barcelone, Valence, Alicante, et l’Andalousie, où la compagnie « low cost » s’est lancée en janvier dernier.

« La SNCF ne met pas de barrières »

Interrogé par l’AFP lors de ce lancement, le directeur de la branche TGV France et Europe de SNCF Voyageurs, Alain Krakovitch, avait nié tout manque de réciprocité, assurant que les retards de la Renfe étaient liés à ses choix technologiques, qui compliquent l’homologation de ses trains.

La compagnie italienne Trenitalia, qui propose cinq allers-retours par jour entre Paris et Lyon et deux entre Paris et Milan, « n’a pas eu spécialement de problème pour rentrer en France. Ça montre bien qu’on ne met pas de barrières », avait-il assuré.

L’ouverture à la concurrence sur le réseau à grande vitesse hexagonal, engagée fin 2021, n’a pas provoqué jusqu’à présent de big bang de l’offre ferroviaire sur le marché français. Mais l’essor des groupes rivaux de la SNCF devrait s’accentuer au cours des prochaines années.

Trenitalia a ainsi officialisé mi-mars le lancement au 15 juin de quatre allers-retours quotidiens entre Paris et Marseille. Et plusieurs compagnies nouvellement créées, comme Proxima, ont annoncé vouloir ouvrir des lignes commerciales d’ici 2030.

Avec AFP

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