Guerre en Ukraine : Macron évoque un plan de paix "dans le bon sens" et borne l'aide européenne

L’Ukraine et les Etats-Unis se sont accordés sur un nouveau plan de paix après le rejet d’une première version trop favorable à la Russie. Emmanuel Macron évoque une « démarche qui va dans le bon sens » tant qu’elle ne prévoit pas la capitulation de l’Ukraine et rappelle l’investissement des Européens dans les négociations.

L’essentiel

  • Les présidents ukrainiens et américains se sont accordés sur une nouvelle version d’un plan, en 19 points, pour mettre fin à la guerre avec la Russie à l’issue des pourparlers organisés à Genève le 23 novembre, selon le Financial Times. L’accord prévoit un « cadre de paix actualisé et amélioré » qui « reflète les intérêts nationaux » de l’Ukraine a précisé la Maison Blanche.
  • Avant cela, l’Ukraine a rejeté un premier plan en 28 points élaboré par les Etats-Unis et la Russie qui reprenait trop d’exigences russes et apparaissait comme une capitulation ukrainienne. Certaines concessions auraient été supprimées de la nouvelle version du plan, mais aucune partie ne précise lesquelles.
  • Emmanuel Macron a salué sur RTL ce mardi une « démarche qui va dans le bon sens », mais confirme que éléments du plan initial « méritaient d’être discutés, négociés, améliorés » et que « personne ne peut dire aux Ukrainiens quelles concessions territoriales ils sont prêts à faire ». 
  • Le président français, qui tient un rôle central parmi les alliés européens de l’Ukraine, insiste sur RTL : « Nous voulons la paix, mais nous ne voulons pas une paix qui soit une capitulation de l’Ukraine, c’est-à-dire qui mette l’Ukraine dans une situation impossible, qui donne toute la liberté à la Russie de continuer et d’aller plus loin », notamment en Europe. « Il n’y a qu’une personne qui ne veut pas la paix, c’est la Russie », a-t-il ajouté.
  • Emmanuel Macron a également rappeler la mobilisation des Européens auprès de l’Ukraine pour la défendre et défendre l’Europe via la « Coalition des volontaires » à même d’envoyer des « forces de réassurance » européennes qui resteront « loin de la zone de front ».
  • Les Européens, qui ont pris part aux discussions à Genève, ont fait une contre-proposition basée sur le plan en 28 points avec des mesures moins favorables à la Russie. Laquelle a été rejetée et jugée « non-constructive » par Moscou.

En direct

12:02 – Le plan américain est le « seul projet concret » pour stopper la guerre selon la Russie

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé ce mardi 25 novembre que le plan de paix proposé par les États-Unis est « le seul projet concret » pour mettre fin à la guerre en Ukraine. « Le projet de Trump est actuellement le seul projet concret [qui] pourrait constituer une bonne base pour des négociations », a-t-il déclaré lors d’un point-presse. Il n’a toutefois pas précisé s’il pensait à la version initiale du plan ou à la version amendée lors des discussions entre Ukrainiens et Américains à Génève.

10:58 – L’Ukraine veut organiser des négociations entre Zelensky et Trump à Washington

Après les pourparlers de Genève qui ont eu lieu dimanche, l’Ukraine souhaite organiser une visite de Volodymyr Zelensky aux États-Unis cette semaine pour la tenue de nouvelles négociations avec Donald Trump sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie. « Nous avons hâte d’organiser la visite du président de l’Ukraine aux États-Unis dès que possible en novembre pour finaliser les étapes restantes et parvenir à un accord avec le président Trump », a déclaré le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Roustem Oumerov, sur X.

10:37 – Des réunions « secrètes » entre Américains et Russes

Les Américains et les Russie auraient participé à des réunions « secrètes » sur l’Ukraine hier et ils devraient renouveler la rencontre ce mardi à Abou Dhabi pour tenter d’avancer sur un cessez-le-feu, avancent plusieurs médias américains et britanniques. Le secrétaire américain à l’Armée, Dan Driscoll, conduit la délégation américaine d’après ABC News et le Financial Times. Le quotidien britannique ajoute que le patron des services de renseignement militaire ukrainien est présent aux pourparlers, mais ne précise pas s’il s’agit d’une réunion tripartite ou de rencontres séparées.

09:06 – Kiev dénonce une « réaction terroriste » de Moscou au rejet du plan américain

Après les frappes russes ayant fait au moins six morts en Ukraine dans la nuit de mardi à lundi, le chef de la diplomatie ukrainienne, Andrii Sybihaa, a dénoncé sur X une « réaction terroriste » de la Russie au rejet du plan de paix américain par l’Ukraine.

08:47 – Macron confirme l’envoie de « forces de réassurance », mais uniquement « loin de la zone de front »

Concernant les garanties de sécurité, Emmanuel Macron évoque deux points : la non-limitation des forces de l’armée ukrainienne et l’envoi de « forces de réassurance » européennes. Le président français s’oppose à l’exigence de la Russie qui consiste à limiter le nombre de militaires dans les rangs de l’armée ukrainienne. Il appelle ensuite à rendre cette armée « robuste », notamment grâce à l’aide européenne qui « pilote sa formation, son équipement et sa capacité à se déployer ». Quant à l’envoi des « forces de réassurance », ils assurent qu’elles se tiendront « loin de la zone de front, mais dans des sites de repli à Kiev ou à Odessa par exemple ». Là-bas, « il y a des soldats français, britanniques, turcs qui, le jour où la paix sera signées, sont là pour procéder à des entraînements, des sécurisations comme nous le faisons dans certains pays sur le flanc est de l’Otan. « Jamais nous n’avons prévue d’être sur la zone de front », a souligné Emmanuel Macron à propos de l’envoie de forces armées en Ukraine.

08:41 – Macron plaide pour l’ajoute de « garanties de sécurité robustes » dans le plan de paix

Alors que l’Ukraine et les Etats-Unis ont annoncé avoir revu le plan de paix proposé par les Américains, sans préciser dans quelle mesures, Emmanuel Macron juge logique que la proposition soit « amendée » par Kiev notamment pour assurer des « garanties de sécurité robustes ». « La Russie a déjà lancé une guerre d’agression en 2014 (…) En février 2022, ils ont trahi les accords. On doit avoir des garanties de sécurité robustes pour l’Ukraine et pour nous. Pour qu’il n’y ait pas de violation de cessez-le-feu, ce sont des garanties de sécurité », a-t-il déclaré au micro de RTL. 

08:36 – « Il n’y a qu’une personne qui ne veut pas la paix, c’est la Russie » réaffirme Emmanuel Macron

Emmanuel Macron estime sur RTL que « la seule ligne rouge » à la paix en Ukraine « s’appelle la Russie ». « Ceux qui ont déclenché la guerre ce sont les Russes. En février et mars dernier, les Etats-Unis ont demandé un cessez-le-feu, on a convaincu le président Zelensky [qui a] dit oui, le président Poutine a dit non », rappelle le chef de l’Etat qui ajoute : « A l’été même chose. Quand le président Trump va a Anchorage, en Alaska, il revient sans réponse de la Russie ». « Il n’y a qu’une personne qui ne veut pas la paix, c’est la Russie », conclut-il à ce sujet.

08:32 – Selon Emmanuel Macron le plan de paix américain « va dans le bon sens », mais..

« Nous voulons la paix, mais nous ne voulons pas d’une paix qui serait une capitulation de l’Ukraine et qui donnerait la liberté à la Russie de continuer, d’aller plus loin et de nous mettre en danger », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une interview accordée à RTL ce mardi 25 novembre depuis Luanda, en Angola. Le président français qui est l’un des initiateurs de la « Coalition des volontaires » qui concrétise le soutien de l’Europe à l’Ukraine a considéré le plan de paix américain comme « une démarche qui va dans le bon sens », mais il a ajouté que des éléments du plan initial « méritaient d’être discutés ,négociés, améliorés ». « Les discussions de Genève ont permis d’avoir des échanges avec les Ukrainiens sur les points qui les concernent. Personne ne peut dire aux Ukrainiens quelles concessions territoriales ils sont prêts à faire », a poursuivi le président français en référence aux mesures qui étaient trop fidèles aux exigences russes. Emmanuel Macron n’a pas réagi à la nouvelle version du plan sur laquelle l’Ukraine et les Etats-Unis se sont accordées et qui est restée en grande partie secrète.

En savoir plus sur le plan de paix en Ukraine

Les négociations sur la paix en Ukraine sont entrées dans une nouvelle phase. Jeudi 20 novembre, l’Ukraine a reçu un « projet de plan » de la part des Etats-Unis concernant un accord de paix en 28 ans élaboré avec la Russie. En réponse à la proposition américaine, Volodymyr Zelensky avait annoncé être « prêt à travailler de manière constructive avec la partie américaine et nos partenaires en Europe et dans le monde entier afin de parvenir à la paix », a enfin ajouté la présidence. Le plan en question contient toutefois des mesures correspondants à des exigences de Vladimir Poutine et contraires aux conditions sine qua non de l’Ukraine. Parmi elles : la reconnaissance de nombreuses conquêtes de la Russie en Ukraine sur environ 20% du territoire, une réduction de la taille de l’armée ukrainienne de moitié et l’abandon de ses armes à longue portée.

L’Ukraine et les Etats-Unis ont discuté du plan de paix lors de pourparlers organisés à Genève, en Suisse, entre Ukrainiens, Américains et Européens le dimanche 23 novembre. La Maison Blanche a évoqué des échanges « constructifs, concentrés sur l’objectif et respectueux, insistant sur l’engagement commun de parvenir à une paix juste et durable » à l’issue de la rencontre. Les deux pays « ont réaffirmé que tout futur accord devra pleinement respecter la souveraineté de l’Ukraine » et « ont élaboré un cadre de paix actualisé et amélioré », a ajouté Washington. De son côté, Volodymyr Zelensky a salué des avancées et « des étapes importantes », mais estime que « pour parvenir à une paix réelle, il faut plus, beaucoup plus ».

Les Européens s’alignent sur la position de l’Ukraine, mais ils ont également élaboré une contre-proposition basée sur le plan américain en 28 points en le reprenant article par article pour modifier et supprimer les mesures nécessaires pour rendre le texte acceptables à leurs yeux. Ni l’Ukraine, ni les Etats-Unis n’ont réagi à cette contre-proposition. Si plusieurs mesures restent similaires, la contre-proposition européenne pose trois grandes différences.

1. Le plafonnement de l’armée ukrainienne

Il s’agit de l’article 6 du plan de paix. Alors que la proposition américaine dispose que « les forces armées ukrainiennes seront limitées à 600.000 militaires », la contre-proposition européenne élève le plafonds « à 800 000 hommes », mais précise que cette limite sera valable uniquement « en temps de paix ». Un ajout pensé pour prévenir de futures invasions ou agression de la part de la Russie ou d’autres pays et permettre à l’Ukraine de se défendre avec tous les moyens nécessaires.

2. L’intégration de l’Ukraine à l’Otan

La Russie s’oppose fermement à l’intégration de l’Ukraine au sein de l’Otan, une exigence à laquelle s’est plié le plan de paix américaine qui prévoit à l’article 7 que « l’Ukraine accepte d’inscrire dans sa constitution qu’elle ne rejoindra pas l’Otan, et [que] l’Otan accepte d’inclure dans ses statuts une disposition spécifiant que l’Ukraine ne sera pas intégrée à l’avenir ». Un texte qui exclue définitivement tout rapprochement entre le pays et l’alliance occidentale. L’Europe ne fait pas de l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan une condition nécessaire à la paix, mais elle ne ferme pas définitivement la porte à ce scénario. « L’adhésion de l’Ukraine à l’Otan dépend d’un consensus entre les membres de l’Otan, consensus qui n’existe pas », écrit et rappelle les alliés européens de l’Ukraine. Une formulation qui n’oppose pas de réponse négative ferme à l’Ukraine, mais prendre suffisamment de précautions pour rassurer la Russie.

3. Le reconnaissance des territoires occupés par la Russie

C’est l’un des gros points du plan de paix : la répartition des territoires ukrainiens occupés par les forces russes. L’Ukraine tient à conserver ses frontières d’avant l’invasion et donc à garder les régions occupées, tandis que la Russie revendique l’annexion de ces territoires et exige de pouvoir les reconnaître comme étant russes. Le plan américaine s’aligne sur la position russe avec l’article 21 du plan : « La Crimée, Lougansk et Donetsk seront reconnues comme des régions russes de facto, y compris par les États-Unis. Kherson et Zaporijjia seront gelées le long de la ligne de contact, ce qui signifiera une reconnaissance de facto le long de cette ligne. La Russie renoncera aux autres territoires qu’elle contrôle en dehors des cinq régions. Les forces ukrainiennes se retireront de la partie de la région de Donetsk qu’elles contrôlent actuellement, qui sera ensuite utilisée pour créer une zone tampon. »

De son côté, la proposition européenne se montre plus ouverte aux négociations. Elle n’exige pas un retour fidèle à la situation d’avant-guerre, mais n’accord pas aussi facilement les territoires occupés à la Russie. « L’Ukraine s’engage à ne pas recouvrer son territoire souverain occupé par la force militaire. Les négociations sur les échanges territoriaux débuteront le long de la ligne de contact », prévoit le texte. Une mesure qui peut étonner puisque l’Ukraine soutient depuis le début de la grève qu’elle n’abandonnera pas ses territoires.