Pour la première fois, une opération cardiaque a été réalisée en Chine par deux chirurgiens depuis le CHU de Bordeaux. Grâce à un robot chirurgical contrôlé à distance, les médecins ont pu intervenir sur un patient situé à plus de 10.000 km, marquant une avancée majeure dans la télémédecine.
« Nous avons opéré un patient en Chine. » Grâce à un robot chirurgical piloté à distance depuis Bordeaux, deux chirurgiens et cardiologues ont réalisé une intervention à plus de 10.000 kilomètres de là, à l’hôpital de Xiamen, dans l’est de la Chine.
L’opération, qui visait à soigner une maladie de la valve mitrale, a été menée avec succès grâce à un système robotisé manipulé depuis une console au CHU de Bordeaux. Les deux praticiens, habitués à traiter une centaine de cas similaires chaque année, ont pu, à l’aide d’un joystick, poser une pince avec une précision millimétrée afin de stopper une fuite de sang.
L’intervention a nécessité de nombreuses heures d’entraînement, tant pour se familiariser avec l’outil que pour garantir un geste chirurgical parfaitement maîtrisé.
« Il a fallu quelques heures pour apprivoiser le robot »
« Il faut prendre en main l’outil, et comme on n’est pas forcément d’énormes gamers, comme c’est notre cas, il a fallu quelques heures pour s’habituer à manipuler le robot », confie à BFMTV le professeur Lionel Leroux, cardiologue interventionnel au CHU de Bordeaux.
Pour se préparer, les médecins ont pu s’entraîner quelques jours avant l’opération grâce à des caméras installées sur le robot en Chine. « On pouvait manipuler le robot à distance pour devenir confortable avec la procédure. Cela nous a permis de réaliser une procédure un petit peu comme si on était en salle opératoire avec le patient », poursuit le praticien.
Une opération chirurgicale à près de 9000 kilomètres de distance
L’interface, perçue comme très intuitive — proche d’une « tablette type iPad »— a été saluée pour sa maniabilité. Les médecins se félicitent du travail de développement ayant permis d’atteindre ce niveau de fiabilité et de fluidité.
« Le robot, il a cette faculté d’être très obéissant: il n’est pas fatigué, il n’a pas d’état d’âme, il obéit aux ordres qu’on lui donne », souligne de son côté Thomas Modine, chirurgien cardiaque et interventionnel au CHU de Bordeaux.
« Quand il est bien formé, bien guidé ou piloté, il exécute les mouvements tels qu’on le dicte » poursuit-il.
« Le but, ce n’est pas de remplacer l’homme »
Si l’intelligence artificielle peut parfois susciter la méfiance dans certaines professions, les deux chirurgiens y voient au contraire une révolution positive dans le monde médical. Pour eux, cette technologie représente une opportunité unique de démocratiser l’accès à l’expertise
« Le but ce n’est pas de remplacer l’homme, mais de rendre cette expertise— qui nécessite des années d’entraînement, d’abnégation, de sacrifices— disponible pour le reste de la population, d’abord en France mais aussi à l’étranger », précise Thomas Modine, qui considère ce robot comme « un ami » du savoir médical.
Son collègue partage cet enthousiasme, notamment pour les cas extrêmes comme celui du patient chinois.
Il évoque des études en cours pour élargir le recours à cette méthode à des patients qui ne sont pas nécessairement à haut risque chirurgical: « On peut garder la chirurgie pour les personnes très facilement opérables, mais pour les patients qui sont à haut risque, plutôt ce système percutané. »
Les cardiologues espèrent maintenant pouvoir renouveler ces opérations de téléchirurgie. Une phase d’étude vient d’être ouverte pour permettre de les généraliser.
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