ENTRETIEN – Coprésentatrice de la matinale de la chaîne d’information du groupe Canal+ pendant quatre saisons, la journaliste de 29 ans fait partie des révélations du talk-show «Tout beau tout n9uf» depuis la rentrée.
« Qui est Shana Loustau ? » Cette question posée en intitulé d’un de nos articles publié le 1er septembre dernier, en marge du lancement de l’émission « Tout beau tout n9uf » sur W9, a suscité un vif intérêt ces dernières semaines. Nouveau visage de la bande constituée par Cyril Hanouna, la journaliste a rejoint le talk-show de H2O Productions après plusieurs années au sein du groupe Canal+.
Coprésentatrice de la matinale de CNews pendant quatre ans aux côtés de Romain Desarbres, Shana Loustau a également incarné le magazine « Au cœur de l’enquête » sur CStar durant la saison 2023-2024. Après deux mois et demi de cette nouvelle expérience de chroniqueuse dans « Tout beau tout n9uf » à la télévision et dans « Tout beau tout fun » à la radio sur Fun Radio, celle qui a soufflé ses 29 bougies le 27 juillet dernier nous parle d’elle et de son cheminement professionnel.
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LE FIGARO. – Quel a été votre parcours jusqu’à vos premiers pas dans le monde du journalisme ?
Shana LOUSTAU. – Je suis née en plein milieu d’un été à Royan, en Charente-Maritime, et j’ai grandi en banlieue parisienne. Après mon bac économique et social, j’ai fait une année de théâtre au Cours Florent et, parallèlement, j’étais à la fac à la Sorbonne pour apprendre l’histoire du cinéma. J’y suis
restée très peu de temps. Il y a beaucoup d’incertitudes dans le cinéma et, à 18 ans, j’ai préféré m’orienter vers une profession plus sûre : le journalisme. J’ai toujours aimé l’info, mais quand je suis arrivée dans mon école, le déclic a été immédiat. Il y avait des studios télé, des studios radio et je me régalais. Grâce au Cours Florent, j’étais complètement décoincée vis-à-vis de mon image et du regard des autres. Avec le fait d’être filmée, d’être entendue, etc. Cela m’a beaucoup aidée.
Étiez-vous quelqu’un de réservée ?
Oui, complètement ! Pendant ma scolarité, lorsqu’on me posait une question ou si je devais aller au tableau devant tout le monde, c’était très compliqué. Je devenais toute rouge. (Rires.) Les premières semaines au Cours Florent ont été douloureuses pour moi. Pour me décoincer, une prof m’avait fait passer seule sur scène et m’avait demandé de jouer Phèdre de Racine en faisant la poule. Elle voulait que je m’affranchisse du regard des autres et de la peur du jugement. Cela m’avait beaucoup marquée.
« Je demandais toujours à ma mère de venir sur les plateaux télé »
Shana Loustau
Lorsque vous étiez petite, quel métier souhaitiez-vous faire ?
J’ai un papa qui jouait la comédie, donc j’ai toujours aimé cela et ça m’a toujours intéressée. J’ai toujours aimé regarder des films, etc. J’ai voulu essayer de faire comme lui mais ça m’a vite fait peur. Je pense qu’il faut être armé pour entrer dans ce milieu-là et, à 18 ans, je ne l’étais pas. Mais c’était un mal pour un bien parce que je ne regrette pas du tout mon choix de carrière aujourd’hui.
Dans quel cadre familial avez-vous grandi ?
J’ai donc mon père, Jean-Pierre, qui était comédien et qui aujourd’hui est décorateur d’intérieur. Ma mère, Valérie, travaillait à la télévision, dans le divertissement. Elle était productrice d’émissions de télé et rédactrice en chef sur d’autres. J’ai un grand frère de 33 ans et un petit frère de 8 ans. J’ai toujours été la dernière de la famille et quand il est arrivé, j’ai adoré être une grande sœur. Le voir grandir et passer plein d’étapes est un bonheur.
Le fait d’avoir une maman dans le milieu de la télé vous a-t-il aidé ?
Oui dans le sens où son métier a toujours attisé ma curiosité. Quand j’étais petite, je demandais toujours à ma mère de venir sur les plateaux télé. J’étais fascinée par ce monde et je voulais comprendre comment il fonctionnait. Donc c’était une chance de pouvoir y accéder, depuis les coulisses.
« J’ai adoré travailler avec Pascal Praud, tu apprends juste en le regardant faire, c’est assez incroyable »
Shana Loustau
Comment vous êtes-vous retrouvée à CNews après votre école de journalisme ?
Après ma licence dans une école privée de journalisme, j’ai fait un master au CFPJ et j’ai intégré CNews en alternance pendant deux ans. Je suis arrivée à un moment où Sonia Mabrouk avait besoin d’une assistante, c’était mon premier poste. Puis j’ai été l’assistante de Thomas Hugues lorsqu’il présentait l’émission du soir. J’écrivais les JT qu’il devait faire à la fin de ses débats. Puis j’étais assistante de Pascal Praud. C’était trois expériences enrichissantes.
Était-ce facile de travailler aux côtés de trois grands noms comme Sonia Mabrouk, Thomas Hugues et Pascal Praud ?
C’était facile parce que ce sont des gens faciles. Moi, j’étais encore en formation à l’école et je devais faire mes preuves. C’était une belle pression de travailler directement avec des journalistes de ce niveau. Ils aiment transmettre et j’ai énormément appris à leur contact. J’ai adoré travailler avec Pascal Praud, tu apprends juste en le regardant faire, c’est assez incroyable.
Au terme de votre alternance, vous êtes restée sur CNews…
Je n’avais pas prévu de vacances durant l’été qui arrivait à la fin de mon contrat d’alternance parce que je m’étais dit que c’était la bonne période pour saisir des opportunités. Et j’étais donc restée en juillet et en août à faire des remplacements à l’antenne sur CNews, je faisais notamment ce que l’on appelle la boucle de nuit. Puis la direction m’a proposé la coprésentation de la matinale à partir de la rentrée et j’y suis restée pendant quatre ans.
« J’étais ce qu’on appelle un “bébé CNews” »
Shana Loustau
Racontez-nous votre première télé, votre premier passage à l’antenne…
C’était à l’époque où j’étais assistante de Thomas Hugues et j’avais remplacé au pied levé mon ami Gauthier Le Bret. Chaque soir, il intervenait en direct devant l’écran géant, debout, pour développer une information. Un jour, il était à l’école, il n’y avait personne pour le remplacer et Thomas Hugues m’avait lancé : « Bah Shana, tu vas le faire ! ». Je m’étais liquéfiée. (Rires.) J’avais juste des chiffres à donner mais j’étais hyperstressée. Heureusement, ça s’était bien passé… J’avais limité la casse.
Et votre première fois à la présentation ?
C’était durant l’été pour la boucle de nuit de CNews. Je n’ai pas souvenir d’un grand stress. Les deux moments les plus intenses, c’est cette première télé et ma première sur la matinale. Je savais que j’étais testée et qu’il fallait que je fasse mes preuves. J’ai eu la chance de travailler avec Romain Desarbres qui est quelqu’un d’exigeant mais de très pédagogue. Il m’a très vite pris sous son aile. Les horaires étaient compliqués mais l’expérience humaine et professionnelle était géniale.
Que retenez-vous de vos années sur CNews ?
Elles m’ont fait grandir, j’étais ce qu’on appelle un « bébé CNews ». Qu’on aime ou qu’on n’aime pas cette chaîne, quand on est jeune journaliste, CNews nous donne des opportunités qu’on n’aurait jamais ailleurs. Quand j’ai commencé à coprésenter la matinale, j’avais 24 ans seulement. Donc c’est exceptionnel, ils font confiance aux très jeunes journalistes. CNews a été mon école, j’y ai tout appris de mon métier : la rigueur, l’écriture, la présentation… C’était vraiment une famille. Cela a été très dur de partir.
Shana Loustau et Gauthier Le Bret
Capture écran CNews
« Je n’ai pas d’enfant et je ne suis pas mariée donc c’était maintenant ou jamais »
Shana Loustau
Pourquoi avoir quitté l’information sur CNews pour le divertissement sur W9 ?
Quand j’ai commencé à m’installer dans la matinale de CNews, mon objectif était de devenir le joker de Romain Desarbres. Et c’est ce qui s’est passé l’année dernière donc j’étais super contente. J’avais le sentiment d’avoir bouclé la boucle, d’avoir fait mon temps dans cette matinale et j’ai eu envie d’autre chose. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup rire et s’amuser. Rejoindre Cyril (Hanouna, ndlr) et un grand groupe comme celui de M6, c’est véritablement un pari. C’est ce que j’aime dans ce métier, on peut passer du tout au tout.
Comment avez-vous rencontré Cyril Hanouna ?
C’est arrivé complètement par hasard. Je m’étais rendue à un dîner auquel j’avais failli ne pas aller. J’étais dans un restaurant, il y avait Gauthier Le Bret et d’autres amis avec moi. Cyril était arrivé avec des amis à lui et, avant de se rendre à sa table, il était venu saluer Gauthier qu’il connaissait bien puisqu’il travaillait avec lui. Et il m’avait salué également. Nous avons discuté un peu plus tard dans la soirée. Le feeling est tout de suite passé.
Comment avez-vous abordé votre nouveau rôle de chroniqueuse dans « Tout beau tout n9uf » sur W9 ?
Je me suis lancée dans quelque chose de complètement différent de ce que je faisais jusqu’à présent. Avec Cyril, nous ne nous connaissions pas tant que cela et il fallait que je réussisse à me lâcher, à sortir de cette posture très lisse de journaliste. C’était un grand écart. J’étais curieuse de vivre cette nouvelle expérience. Mes proches se demandaient si je faisais le bon choix. Mais je n’ai pas d’enfant et je ne suis pas mariée donc c’était maintenant ou jamais. S’il fallait prendre un risque, c’était maintenant. Et je ne regrette pas du tout d’avoir saisi cette opportunité.
« Je compte rester discrète sur ma vie privée »
Shana Loustau
Cette posture très sérieuse de journaliste dont vous parlez s’est ressentie dans vos premières apparitions dans « Tout beau tout n9uf » …
Au début, c’était difficile parce qu’il fallait que je trouve ma place et que je sois au bon endroit. Cyril a été top avec moi, il a été très patient. Nous avons essayé plusieurs choses, il était très à l’écoute et il me rassurait beaucoup. Quand on sort de quatre ans de chaîne info, arriver dans cette grosse machine qu’est « Tout beau tout n9uf », avec des anciens de « TPMP », des poids lourds qui n’ont pas peur de prendre la parole, ce n’est pas évident. Mais tout le monde a été d’une immense bienveillance avec moi. Je restais encore dans mon cadre de CNews en me disant : « est-ce que là, j’ai le droit de réagir ? Est-ce que là, ce n’est pas grave si je rigole à cette information ? ». Petit à petit, j’ai compris que je pouvais me lâcher.
Il y avait aussi le regard des téléspectateurs à appréhender…
Le problème est qu’on met très rapidement les gens dans des cases. Je craignais d’être dans l’entre-deux et que les gens ne comprennent pas qui je suis. Que si je commençais à trop rire, ils allaient se dire que je ne suis pas journaliste. Finalement, je me suis complètement détachée de ça. Je suis dans une émission ambivalente où je peux faire des choses très différentes : faire de l’info et, en même temps, rigoler, et faire des jeux. Je m’amuse énormément et c’est tout ce qui compte.
Quelles sont vos perspectives et vos envies professionnelles ?
Depuis septembre, je suis dans un changement de vie qui est énorme pour moi. J’apprends deux nouveaux métiers tous les jours, celui de chroniqueuse télé d’une part et la radio d’autre part. Être à l’antenne sur Fun Radio dans l’équipe de « Tout beau tout fun », c’est une découverte. J’adore la proximité qu’offre la radio avec les auditeurs. Je me nourris énormément de ce que je vis quotidiennement. Pour le moment, j’apprends, je profite et on verra ce que l’avenir me réserve. Mais je suis très heureuse où je suis.
Vous êtes relativement discrète sur vos réseaux sociaux, vous avez réduit considérablement le nombre de photos sur votre compte Instagram…
J’ai fait un grand ménage parce que j’ai conscience de l’exposition qu’apportent Cyril et ses émissions. Je n’avais pas envie d’exposer mes proches contre leur gré donc j’ai tout trié. Je compte effectivement rester discrète sur ma vie privée. Pour le moment, j’ai la chance de recevoir des messages très encourageants d’une gentillesse absolue de la part des internautes. Je les remercie pour leur bienveillance.