Muganga – Celui qui soigne s’achève sous les applaudissements nourris du public. Une cinquantaine de spectatrices et quelques spectateurs de différents quartiers strasbourgeois et de la métropole ont pris place au cinéma Star ce mardi 25 novembre, pour découvrir le combat  de Denis Mukwege, médecin et prix Nobel de la paix , qui a soigné plus de 80 000 femmes victimes de violences sexuelles en république démocratique du Congo.

Saadia Bouazzi, présidente de l’association Femmes d’ici et d’ailleurs 67 à Hautepierre , prend la température de la salle : « Choquées », répondent plusieurs spectatrices. « Le viol est grave partout », relève la présidente, pour amener le débat sur les violences vécues en France.  Masika Bouquet, de l’association SOS Femmes Solidarité , continue : « C’est une arme de guerre pour priver les femmes de toute liberté et de leur expression. C’est ce qui se passe en Ukraine en ce moment, et ce qui a eu lieu en Bosnie par le passé. »

L’éducatrice spécialisée pointe la hausse depuis 2024 des violences conjugales. « Pour la première fois cette année, les décomptes intègrent le nombre de femmes qui se suicident ou tentent de le faire dans ce contexte. » 906 femmes ont été victimes d’un suicide forcé ou d’une tentative de suicide, dénombre un rapport ministériel.

« Il y a une omerta »

« La violence envers les femmes n’a ni couleur ni religion, ni milieu social », souligne une spectatrice. Dans le public, Angèle regrette que les « violeurs ne soient pas montrés dans le film ». En réponse, Masika Bouquet espère que l’affaire des viols de Mazan et le mouvement #MeToo puissent contribuer à visibiliser ces situations. « J’ai été une femme battue », témoigne l’ancienne conseillère municipale strasbourgeoise Chahrazad Allam. « Quand j’ai montré mes bras couverts de bleus au conseil municipal, personne n’a réagi. Il y a une omerta », regrette-t-elle.

« Le rapport entre hommes est femmes est inégalitaire. C’est une question d’éducation, il y a beaucoup à faire. » La solitude des victimes est évoquée. « Moi, ce sont des amis qui ont fait un signalement au procureur, je n’aurais pas pu. » D’autres pointent un déficit de prise en charge dans des associations spécialisées et dans les commissariats. Chahrazad Allam rapporte l’histoire d’une proche insultée par un homme en pleine rue dans le quartier de l’Esplanade : « Est-ce qu’une femme doit être invisible pour être respectée ? » interroge-t-elle.