Le portail s’ouvre dans une impasse du 8ᵉ arrondissement de Marseille, à quelques mètres seulement des plages du Prado. Derrière, un grand bâtiment entouré d’un jardin se dévoile. Il est 9 heures : le hall d’entrée n’a pas encore pris vie, mais le calme n’est pas vide. Des vélos d’enfants, un toboggan et un cheval à bascule témoignent en silence des vies qui habitent les lieux. Depuis mars 2021, la Ville de Marseille a mis à disposition cette ancienne auberge de jeunesse reconvertie en centre d’hébergement d’urgence pour 70 femmes en grande vulnérabilité, avec ou sans enfants, réparties dans 38 chambres. Elles sont victimes de violences conjugales, de viols ou de prostitution, usagères de drogues, demandeuses d’asile ou sans domicile fixe. « L’idée est de créer un lieu d’émancipation et de mise à l’abri, et de faciliter l’accès au logement et l’insertion. Elles restent en moyenne deux ans : c’est le temps qu’il faut pour se reconstruire », précise Baptiste Vergnet, coordinateur de projets.

Dans la cuisine, une odeur alléchante envahit la pièce. Salariés et bénévoles concoctent les repas du midi et du soir, mais les résidentes peuvent aussi participer. « Je prépare le mafé, lance Aïssat…