Pas à pas, la chaîne a commencé à acquérir des droits : WTA, Coupe Davis, Billie Jean King Cup, puis plusieurs événements ATP. « De sorte que, progressivement, les gens ont pu regarder gratuitement le meilleur du tennis, explique Livio D’Alessandro, le directeur de la chaîne. Le point culminant a sans doute été l’achat des droits de l’US Open en 2023. »
Livio D’Alessandro, directeur de la chaîne italienne SuperTennis. ©Adrien Vigneron
En parallèle, SuperTennis produit énormément de contenus propres : des émissions en studio, des reportages, des programmes dans les clubs. « Notre objectif n’est pas seulement de montrer comment jouent Sinner ou Paolini, mais aussi de raconter le tennis de base : les clubs, les tournois amateurs, les pères de famille qui jouent le dimanche, les compétitions locales. Il y a énormément de clubs en Italie, et nous voulons leur donner de la visibilité. Les gens les voient à l’écran, puis ils vont y jouer. C’est un cercle vertueux. »
Un modèle exportable ailleurs, comme en Belgique ? « Je le pense, ce n’est pas un modèle lié à l’Italie en particulier, nous répond Livio D’Alessandro. Ce n’est pas une question de culture ou de taille du pays. Le système en lui-même fonctionne partout. Bien sûr, il faut de l’argent pour acheter les droits et gérer une chaîne, mais ce n’est pas un coût : c’est un investissement. La Fédération le récupère grâce aux licences, aux membres, et aussi aux revenus publicitaires. Ce n’est pas une télévision commerciale, c’est un investissement dans la promotion du tennis. » Un investissement qui représente tout de plusieurs millions d’euros par an…
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Côté audience, SuperTennis touche quotidiennement 1 million, voire 1,2 million de téléspectateurs. « Le public est plutôt d’âge moyen à âgé. Pour les jeunes, nous avons notre plateforme digitale, SuperTenniX, notre Netflix maison. Elle est gratuite pour les membres de la Fédération, et coûte seulement 1,99 € par mois pour les autres. Donc c’est très accessible. Les gens peuvent y choisir leurs matchs et accéder aux émissions ou reportages à la demande. »
Si l’intérêt pour la petite balle jaune a explosé en Italie, c’est aussi grâce à Jannik Sinner. « Il faut reconnaître que sans Jannik, nous n’aurions pas atteint le même niveau de succès. Certes, celui-ci était déjà présent : l’organisation du Masters à Turin, par exemple, a été obtenue en 2020, avant que Sinner devienne une star. Le travail était là. Mais avec lui, tout a changé. Le timing a été parfait : un grand mouvement, une vision forte, des valeurs, et soudain un champion exceptionnel. C’est aussi une question de chance, mais la Fédération avait fait tout le travail en amont. »
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Depuis 45 ans, seuls trois autres sportifs ont battu le football : Alberto Tomba, Marco Pantani et Valentino Rossi.
L’effet Sinner est tel que même sans droits ATP en 2024, l’audience de la chaîne a continué à grimper. « L’année dernière, nous n’avions plus que les droits WTA – hors Coupe Davis et US Open -, alors qu’avant, nous avions également l’ATP. Pourtant, notre audience est plus élevée qu’en 2022-23, parce que Sinner a fait découvrir le tennis à énormément de gens. Maintenant, même quand il ne joue pas, ils continuent de suivre les compétitions, y compris celles des dames. »
Le n° 2 mondial est-il aujourd’hui plus populaire que les footballeurs italiens ? Livio D’Alessandro sourit : « En ce moment, il n’y a plus aucun footballeur qui arrive à la cheville de Sinner. Un exemple : la finale du Masters de Turin a été diffusée par la RAI et par Sky. Deux heures après, il y avait Italie – Norvège en football. Et pour la première fois, le tennis a battu le football avec 36,6 % de part d’audience contre 34 %. C’est incroyable, mais c’est devenu notre réalité. »
Et le directeur de SuperTennis de conclure : « Depuis que je suis né, il y a 45 ans, seuls trois autres sportifs ont réussi cela : le skieur Alberto Tomba, le cycliste Marco Pantani et le motard Valentino Rossi. »
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