«C’est une soirée à jamais gravée dans ma mémoire ». Si plusieurs semaines se sont écoulées depuis le tournage de son deuxième passage dans « La France a un incroyable talent », à l’occasion des quarts de finale, Herwan Legaillard est toujours submergé d’émotions. « C’est certainement l’un des plus beaux moments de ma carrière », explique-t-il à 20 Minutes.
Lors de cette prestation diffusée ce mardi soir sur M6, l’artiste de 36 ans originaire de Cherbourg a une nouvelle fois conquis le public et le jury avec un numéro aussi délicat que spectaculaire : de la voltige dans les airs tout en avalant des sabres.
Invitée spéciale de la soirée, Lola Dubini lui a offert son Golden buzzer, le propulsant ainsi en demi-finale. « Ce que tu as fait, c’est au-delà de « LFAUIT », c’est très très haut », a estimé la chanteuse et comédienne. Un talent reconnu depuis des années aux Etats-Unis, notamment par la star mondiale Heidi Klum.
Lola Dubini et Herwan Legaillard dans « La France a un incroyable talent » sur M6. - Julien THEUIL / M6D’un DUT commerce au cirque dans les airs
C’est à l’âge de 12 ans qu’Herwan Legaillard découvre l’art du cirque lors d’activités scolaires. Il s’en éprend très vite, tout comme la danse – classique, jazz, contemporaine – qu’il pratique près de quinze heures par semaine. Malgré ces passions, le jeune normand prend une voie scientifique au lycée puis enchaîne avec un DUT commerce.
« Quand on ne grandit pas dans une famille d’artistes, on ne réalise pas que c’est possible d’en faire son travail. C’est pour cela que c’est arrivé tard. J’ai notamment travaillé en parfumerie mais je me disais que je ne pouvais pas faire ça toute ma vie. J’avais trop à faire sur scène. J’ai pris mes cliques et mes claques et je suis monté à Paris », raconte-t-il.
Alors âgé de 23 ans, le jeune homme y découvre l’École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois où il se forme à des disciplines aériennes et rencontre de nombreux artistes. Il fait entre autres la connaissance de la compagnie Les farfadais avec qui il va travailler durant plusieurs années comme acrobate.
Vaincre la peur et transcender le dégoût
Sa découverte du métier d’avaleur de sabre est plus tardive, il y a cinq ans seulement. « J’ai fait toute ma carrière en aérien mais à un moment donné, j’avais envie d’un twist. Je cherchais comment rendre mon numéro unique », précise-t-il. Il cherche alors « une vieille discipline de cirque appartenant au freak show » qu’il souhaite « remettre au goût du jour ». Il la trouve au Lido, à Paris, devant une avaleuse de sabre.
« En venant de l’aérien et en étant acrobate, j’ai une relation à la peur un peu différente du grand public. Je n’ai pas tellement eu d’appréhension, plutôt de la curiosité », note l’artiste, par ailleurs bien conscient de la dangerosité de son numéro. Peu d’artistes exercent cette discipline, Herwan Legaillard l’apprend donc seul, tout comme la manière d’apprivoiser les risques. « Un des plus grands secrets de l’avaleur de sabres, c’est de vaincre la peur », révèle-t-il.
Désormais, il designe lui-même tous ses sabres, réalisés en acier inoxydable, et adaptés à sa propre anatomie. Lors de son premier passage dans « LFAUIT » en octobre dernier, une lame truffée de LED et éclairant sa gorge de l’intérieur, avait particulièrement fait sensation.
« Beaucoup de personnes pensent que le métier d’avaleur de sabres est faux. Avec un ami, on a donc réfléchi à toutes les possibilités permettant de démontrer que c’est réel », explique simplement l’artiste.
Si chez certains, cette pratique peut soulever le cœur, l’enjeu d’Herwan Legaillard est justement de changer cette image : « Ma volonté était de la rendre très accessible. J’avais envie qu’on puisse regarder un avaleur de sabres avec émerveillement et beauté plutôt qu’avec dégoût. »
Heidi Klum et le petit « frenchy »
Pari réussi pour Herwan Legaillard, qui, en 2023, est contacté par la production de « America’s Got Talent » (l’équivalent de « LFAUIT » outre-Atlantique) pour participer à la 18e saison. « Un rêve de gosse » qui va lancer sa carrière.
Son numéro qui combine acrobaties aériennes et avaleur de sabres cartonne, il atteint les demi-finales de l’émission. Il tape notamment dans l’œil de la membre du jury Heidi Klum qui tente de l’envoyer en finale grâce à une carte joker, en vain.
Mais quelques mois plus tard, l’artiste reçoit une autre proposition jusqu’alors inimaginable : se produire à Las Vegas avec le prestigieux Cirque du Soleil. « Au début, je pense que c’est une mauvaise blague », rigole-t-il a posteriori. C’est pourtant bien sérieux et durant sept mois, il jouera sur scène dans la capitale mondiale du divertissement, aux côtés de 7 autres artistes « d’America’s Got Talent ».
Surnommé le petit « frenchy » à l’étranger, il a aussi participé à une cérémonie de taille, dans son pays, celle de la clôture des JO de Paris 2024. Il comptait parmi les nombreux acrobates de la soirée orchestrée par Thomas Jolly.
Toujours plus haut
Jusqu’où la bonne étoile d’Herwan Legaillard le mènera-t-il dans « LFAUIT » ? « J’ai du mal à imaginer que je puisse gagner, mais comme j’avais du mal à imaginer avoir le Golden buzzer », répond avec humilité cet artiste qui rêverait d’avoir son propre cabaret.
Mais peu importe s’il parvient à décrocher le Graal, Herwan Legaillard est déjà aux anges : « En plus de la visibilité, l’émission apporte une forme de validation auprès des professionnels, on est plus crédible. « LFAUIT » a ce pouvoir de nous emmener encore plus haut. »