Pourquoi vous êtes-vous intéressé au milieu du rap français ?

Car c’est un marché colossal, qui génère près d’un milliard d’euros chaque année. Avec mes deux collègues, Simon Piel (journaliste au Monde, ndlr) et Paul Deutschmann (rédacteur en chef d’Africa Intelligence, ndlr), nous ne sommes pas des journalistes musicaux mais des journalistes d’investigation. On a donc travaillé avec les mêmes méthodes que si l’on enquêtait sur l’industrie pharmaceutique ou sur une affaire politico-financière.

Mais on n’imaginait pas que le grand banditisme était si prégnant dans cet écosystème. Il agit auprès des rappeurs eux-mêmes, de leur entourage, des grandes maisons de disques… Certaines d’entre elles transfèrent des sommes importantes à des sociétés contrôlées directement ou indirectement par des narcotrafiquants.

« Une opportunité presque unique de capter des flux d’argent propre »

Cette emprise s’est-elle accentuée et comment se matérialise-t-elle ?

Oui, il y a eu une grande inflation des avances délivrées aux artistes par les majors de l’industrie. Ces sommes peuvent parfois atteindre plus de 10 millions d’euros pour un album. Et puis, les rappeurs sont de plus en plus entrepreneurs. Ils crée…