Mardi matin au tribunal correctionnel de Nice, Mehdi Amokrane, Ismal Chaieb, Sidy Mane, Rowan Mendy, Antoine Mady Saoudi, Mamadou Tambadou, Kevin Faye étaient poursuivis pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni de dix ans d’emprisonnement.

Trois des prévenus, Mehdi Amokrane, Ismaïl Chaieb et Mamadou Tambadou comparaissaient en détention. Les quatre autres sont arrivés libres.

Attroupement armé

« L’affaire commence le 19 juin 2024 quand, à 10h15, les services de police sont informés de l’existence d’un attroupement armé aux Moulins, dans un secteur où plusieurs faits de violence ont déjà été constatés », relate la présidente du tribunal Isabelle Demarbaix-Joando.

Cinq individus, tous vêtus de la même tenue noire, de type k-way prennent la fuite à l’arrivée des autorités. Un sixième trouve refuge dans une pharmacie du quartier. Tous sont appréhendés.

Quelques mois plus tard, un septième individu, Ismail Chaieb, est arrêté à son tour. Le jeune homme a été repris par les caméras du Décathlon où ont été achetées les tenues.

Deal et clip de rap

Que faisaient donc ces individus ainsi curieusement habillés de la même manière dans ce quartier gangrené par le trafic de stup ?

Des tenues pas vraiment de saison, fait remarquer la présidente, pour un mois de juin niçois. Réponse unanime pour le moins insolite : « pour tourner un clip de rap ».

Certains sont même descendus de Paris pour l’événement. Une version artistique qui tourne définitivement court après les déclarations, notamment, de Mamadou Tambadou, qui avoue avoir été recruté pour assurer le rôle de guetteur, un rôle destiné à avertir de l’arrivée des forces de l’ordre sur un point de deal.

Outre des tenues similaires retrouvées dans un bnb situé non loin du quartier des Moulins, les enquêteurs mettent la main sur des clichés d’armes, l’emballage des opinels, de l’argent.

Ils découvrent également des discussions Snapchat où un dénommé Sicario, nom d’emprunt faisant référence aux cartels, donne ses instructions pour reprendre le point de deal.

« N’oubliez pas les innocents »

« Ce dossier arrive devant le tribunal dans le cadre d’une guerre de narcotrafiquants », assène le procureur Anthony Carello.

Une guerre qui empoisonne ce quartier où les habitants partagent régulièrement leur exaspération, pris en otage par les bandes rivales.

Une guerre qui amène son lot de drames comme la mort d’un sexagénaire et d’un jeune de 20 ans le 3 octobre dernier, des suites d’une fusillade.

« Tout ce beau monde n’est pas descendu de Paris pour rien », poursuit le ministère public. Et d’interpeller le Tribunal : « N’oubliez pas les innocents, les habitants des Moulins : ces réseaux gangrènent notre ville de Nice ».

Suivant les réquisitions du procureur, le Tribunal a déclaré l’ensemble des prévenus coupables des faits qui leur étaient reprochés et les a condamnés à des peines allant de 2 à 3 ans d’emprisonnement, certaines assorties d’un sursis probatoire, à des amendes de 1.000 euros et l’interdiction de détenir et porter une arme.

Les prévenus venus de Paris ont en outre été condamnés à une interdiction de séjourner dans les Alpes-Maritimes pendant 5 ans.