En dépit du « bazooka budgétaire » voulu par Friedrich Merz, le FMI estime que l’Allemagne aura besoin de « réformes audacieuses supplémentaires » pour soutenir son économie.
Le Fonds monétaire international (FMI) a pressé mercredi l’Allemagne d’accompagner son effort budgétaire de « réformes audacieuses » pour garantir une reprise durable après deux ans de récession. Arrivé au pouvoir au printemps, le chancelier conservateur Friedrich Merz a fait adopter un « bazooka » budgétaire pour moderniser les infrastructures vieillissantes du pays et le réarmer face aux bouleversements géopolitiques, via la levée du frein constitutionnel à la dette.
Une « réforme emblématique » qui « devrait contribuer à soutenir une reprise économique progressive », approuve le FMI dans un rapport sur l’Allemagne publié après une visite de représentants de l’institution en novembre.
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De 0,2% prévue cette année, la croissance du PIB allemand devrait s’accélérer pour atteindre 0,9% en 2026 et 1,5% en 2027, selon les prévisions du FMI. Mais l’Allemagne reste affaiblie par un vieillissement rapide, une productivité en berne et des pénuries de main-d’œuvre, relève le rapport.
Aussi, « sans réformes audacieuses supplémentaires tant au niveau national qu’au niveau européen, l’Allemagne fait toujours face à des perspectives de croissance à moyen terme difficiles », prévient l’institution basée à Washington.
Des baisses d’impôts « coûteuses et déformantes »
Selon le FMI, ces réformes devraient servir à stimuler l’innovation et la numérisation, simplifier la bureaucratie et accroître l’offre de travail – notamment pour les femmes, les seniors et les immigrés. Les nouvelles ressources financières devraient quant à elles servir à moderniser l’économie, plutôt qu’à des mesures ponctuelles ou des baisses d’impôts jugées « coûteuses et déformantes ».
Friedrich Merz a défendu mercredi l’action de la coalition avec les sociaux-démocrates, qui essuie des critiques, énumérant les réformes prises comme la baisse de la fiscalité des entreprises et du prix de l’électricité, lors des débats sur le budget 2026 au Bundestag. La veille, devant le congrès du lobby patronal BDA, il a comparé l’Allemagne à un « navire de grande taille » qu’on ne peut pas « faire virer en quelques jours comme un hors-bord qui effectue un demi-tour », car « cela prend du temps ».
L’économie allemande a subi ces dernières années la hausse des prix de l’énergie après la guerre russe en Ukraine et a vu son industrie se déliter face à la faible demande mondiale et à la concurrence chinoise. Désormais les tensions commerciales et la volatilité des matières premières accroissent les risques pour la croissance de la première économie européenne, selon le FMI.
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