Si le magazine américain donne les premières places à David Zucker, Billy Wilder et Woody Allen, il célèbre aussi le burlesque de Jacques Tati et Pierre Richard, ainsi que l’anticonformisme de Bertrand Blier.

La France monte une marche. La dernière fois qu’un titre de presse anglo-saxon a établi sa liste des cent meilleures comédies de l’histoire, les saillies hexagonales n’avaient pas remporté un franc succès. L’hebdo anglais Time Out, qui s’était fondé sur l’avis d’acteurs ou réalisateurs, avait seulement retenu Les Vacances de Monsieur Hulot, bijou de Jacques Tati sorti en 1953. Trois œuvres françaises apparaissent désormais dans le classement du magazine américain Variety .

Playtime (1967) du même Tati surclasse les deux autres et trône à la 15e place. En raison du comique de Monsieur Hulot, ce « Français d’âge mûr, maladroit, muet, fumeur de pipe », pour citer le magazine spécialisé dans le divertissement. Mais surtout pour le « burlesque urbain visionnaire de Tati ». Sans se départir de sa poésie, le réalisateur y épingle une modernité qui fait tomber ses contemporains – souvent au sens propre – dans le ridicule.

Le New York Times dévoile sa liste des meilleurs films du XXIe siècle et cinq sont français


Passer la publicité

L’art de la provocation de Blier

Il faut descendre une quarantaine de marches, jusqu’à la 52e place, pour trouver le prochain français. Il s’agit du Grand Blond avec une chaussure noire  (1972), d’Yves Robert. Le réalisateur, qui a aussi réalisé le moins célèbre mais drolatique Bal des casse-pieds, imagine une parodie de thriller d’espionnage, où les gaffes de Pierre Richard sont aussi mythiques que le dos nu de Mireille Darc. « Plus drôle que tous les Panthère rose réunis », juge Variety, qui a réuni les avis de ses critiques de cinéma.

Last but not least, l’anticonformisme du regretté Bertrand Blier, disparu en janvier, vaut une 63e place aux Valseuses (1974). Le premier succès du cinéaste. L’errance de deux marlous, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu, dans la France des années 70. Son caractère provoquant n’aurait pas pris une ride. Une singularité aux yeux du magazine, qui ne mentionne pas la mauvaise réputation qui entoure aujourd’hui le film dans l’Hexagone. Des séquences crues alliées à la présence radioactive de Depardieu ternissent sa postérité, malgré son brio.

Aux premiers rangs de cette liste subjective, les critiques américains ont placé Y a-t-il un flic pour sauver le président ? (1988), Certains l’aiment chaud  (1959), Annie Hall  (1977), Le Dictateur (1940), En attendant Guffman (1996), Monty Python : Sacré Graal !  (1975), La Soupe au canard  (1933), Fargo (1996), Frankenstein Junior  (1974) et Un jour sans fin  (1993). Sydney Pollack ou Buster Keaton ne sont pas loin.

Tous les petits secrets de Certains l’aiment chaud 

Le Dictateur de Charlie Chaplin, Certains l’aiment chaud de Billy Wilder ou Un jour sans fin avec Bill Murray tiennent le haut pavé dans ce genre de classement. À noter que Variety choisit de reléguer à la 72e place The Big Lebowski (1998), un classique des frères Cohen célèbre en France. Davantage, en tout cas, qu’En attendant Guffman, présent dans le top cinq. Cette comédie avec Eugene Levy prend la forme d’un faux documentaire sur un projet théâtral au fin fond du Missouri. Pour le moins déjanté.