Lyon a ses Lumières, Saint-Etienne a sa Sainte-Barbe. Oui, toutes proportions gardées bien sûr… Il n’empêche que l’on doit à quelques Stéphanois d’être allés au charbon il y a 4 ans afin de rajeunir et amplifier l’existant : la traditionnelle fête annuelle célébrant la sainte patronne – Barbara d’Héliopolis, dite sainte Barbe -, entre autres, des mineurs. Rendez-vous pour cette 5e édition donc, samedi 6 décembre dans les rues du centre-ville, au sein de 60 établissements et jusqu’au Fil pour le bout de la nuit, avec quelques nouveautés, en particulier en direction des enfants.  

Les t-shirts « Sainte Barbe » 2025 – les mêmes que portés dans les bars – sont vendus au public en partenariat avec la boutique Trincamp et l’Office de tourisme. ©Sainte-Barbe

Environ 1 500 personnes en 2019 contre 7 000 en 2024. Ce ne sont pas les chiffres de fréquentation de la Sainte-Barbe en soi. Si tant est que des moyens puissent être pertinemment déployés pour la comptabiliser, le nombre de personnes qu’attire spécifiquement l’événement dans les rues du centre-ville de Saint-Etienne n’est pas connu, nous indiquent les organisateurs. Alors question jauge, ces derniers évoquent l’assistance évaluée au traditionnel et pré existant feu d’artifice au parc Joseph-Sanguedolce avec le chevalement du puits Couriot en toile de fond. Il y a bien eu un avant et un après « leur » Sainte-Barbe lancée en 2021.

Une initiative que l’on doit au trio Riwan Makhlouf (agence de communication Beauseigne), Grégory Descot (gérant de plusieurs bars de la ville) et Benjamin Valentin, directeur de la Brasserie Stéphanoise. Initiative qui n’est pas venue miner les festivités annuelles traditionnelles – lancement des illuminations de Noël, procession depuis le parvis de Saint-Charles et donc feu d’artifice, toujours là et encore là samedi 6 décembre à partir de 19 h place Jean-Jaurès – autour de la sainte patronne, entre autres des mineurs. Mais qui prend, au contraire appui sur elles pour en faire une grande fête à visée fédératrice en ville tout public, quoique plutôt jeune, impliquant des dizaines d’établissements, bars, restaurants et d’autres acteurs encore. Une fête d’identification stéphanoise qui manquait tant à la ville.

Un événement à « 99 % » gratuit

« On est parti du constat que, chaque année, à l’occasion de la Saint-Patrick irlandaise ou la Fête de la musique, Saint-Etienne est en fête, les gens sortent, les bars font le plein. Mais paradoxalement, nous n’avions pas de fête annuelle aussi impactante bien à nous, fédératrice, comme à Lyon, Lille ou même Le Puy avec le Roi de l’oiseau. Le faire en partant de l’existant, la Sainte Barbe, avec ce fort marqueur d’identité locale, nous est apparu évident », rappelaient Riwan Makhlouf et Grégory Descot à l’occasion de la présentation de cette 5e édition mi-novembre. Monté en association d’emblée, nécessitant un budget modeste, le pari s’est avéré plutôt réussi dès la première édition et prend de l’ampleur depuis chaque année.

200 affiches arrivent ville présentant soit une « clapeuse », soit un mineur.

L’essentiel repose sur l’ouverture simultanée de dizaines d’établissements – bars, restaurants, une soixantaine cette année – aux couleurs de la fête en soirée et servant des bières élaborées spécialement pour l’occasion par six brasseries de Saint-Etienne ou des environs. Une trentaine de bénévoles leur a apporté – une première – des kits pour en afficher repères visuels, vestimentaires, décos et couleurs. Ateliers, concerts, conférences, cafés littéraires, expositions, jeux, animations, course pédestre (Run cavale godet, limitée à 100 participants, au profit du Secours populaire) et donc rendez-vous ancestral complètent*, dès le déjeuner de 12 h, un événement à « 99 % » gratuit, hors consommations évidemment. Il est soutenu depuis ses débuts par l’office de tourisme métropolitain – « bien que faire venir à Saint-Etienne des gens de l’extérieur, voire des autres villes de la métropole reste encore à accomplir » -, l’ASSE étant aussi de la partie, comme la société BV sport.

Les matrus à la fête aussi

La municipalité stéphanoise, du moins, au départ, n’a pas crû à la pertinence de l’événement vis-à-vis de sa propre politique de communication. Mais elle s’y associe désormais, depuis 2023 en lui accordant 7 000 € de subventions annuelles. Lancé l’an passé, le bal au Fil, à partir de 23 h et jusqu’à 4 h 30 est reconduit après avoir attiré 1 500 personnes cumulés en 2024 pour les plus fêtards frustrés de s’arrêter en si bon chemin. La nouveauté cette année réside dans le développement de rendez-vous tournés dès l’après-midi vers les enfants dont le point d’orgue sera le « Bal des matrus » place Waldeck-Rousseau qui bénéficiera de la présence du Kids club de l’ASSE. Côté identification toujours, à noter la vente des t-shirts « Sainte Barbe » 2025 – les mêmes que portés dans les bars – en partenariat avec la boutique Trincamp et l’Office de tourisme.

Il y aussi, les fameuses affiches de l’édition, qui voient double cette année. Au nombre de 200, elles présentent deux profils distincts : soit un mineur semblant porter un maillot de l’ASSE en coton, en tout cas vert, mais aussi, en tenue analogue, de « clapeuses » : hommage supplémentaire à ces travailleuses qui triaient le charbon tout juste sorti des mines. A propos de tenues, il y a, enfin, en partenariat avec l’ASSE encore et son équipementier Hummel, ce véritable maillot de match spécial collector, édité par le club à un prix relativement modeste par rapport à celui lambda. Il sera dévoilé – mais pas porté par les joueurs – à l’occasion du déplacement des Verts à Dunkerque le soir même. La diffusion du match dans les bars (l’un d’eux rediffuse d’ailleurs des matchs de légende l’après-midi) ne devrait rien enlever à la fête, au contraire.

La programmation complète est à retrouver sur son site spécifique. Quelques rendez-vous « off » à signaler les 4 et 5 décembre.