Réunis contre l’omerta. Des proches d’enfants ayant porté plainte pour des faits d’agressions sexuelles dans des écoles parisiennes ont appelé, dans un communiqué publié mardi 25 novembre au soir et consulté par l’AFP, à une mobilisation «totale et transparente» sur ces cas de violences et maltraitances. «Nous réclamons une réunion avec les services du parquet pour avoir un retour sur les enquêtes en cours et les poursuites envisagées. Le silence doit cesser», ont écrit les familles.

Pour les signataires, le ministère de la Justice ainsi que les services municipaux «ne semblent pas avoir pris la pleine mesure du problème». «Nous parlons de viols et d’agressions sexuelles sur des enfants d’à peine trois ans. Nous parlons de traumatismes qui marquent à vie. Nous parlons de familles plongées dans l’angoisse de savoir et comprendre ce qui a pu arriver à leurs enfants.», ont encore tonné les parents.

Reçues mardi 25 novembre par le ministère de la Justice, ces familles annoncent solliciter l’organisation d’une commission parlementaire «avec un périmètre d’enquête capable d’embrasser la dimension systémique de ces violences sexuelles et des maltraitances. […] Nos enfants ont payé le prix de ces défaillances. En revanche, il est encore temps, et c’est notre responsabilité collective, de protéger les enfants encore dans le périscolaire», ont ajouté par écrit les familles, représentées par l’avocat Arié Alimi, connu pour son engagement contre les violences policières.

Le périscolaire parisien est éclaboussé depuis plusieurs mois par une série de signalements d’agressions sexuelles dans des écoles maternelles et sur laquelle Libé a enquêté. En 2025, trente animateurs ont été suspendus, dont seize pour des suspicions de faits à caractère sexuel, un chiffre stable par rapport aux deux années précédentes, selon la mairie de Paris.

Lundi 24 novembre, la cheffe du parquet des mineurs de Paris, Lisa-Lou Wipf, a fait savoir dans nos pages que quinze enquêtes avaient été ouvertes en 2025 pour des agressions sexuelles dans des écoles maternelles parisiennes.

A la suite de ces révélations, la Ville de Paris a annoncé mi-novembre un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux enfants dans les écoles, avec la création d’un poste de défenseur des enfants et un renforcement de la formation des animateurs en milieu périscolaire.

Mais ces mesures restent «insuffisantes» selon le collectif SOS Périscolaire fondé en 2021 par deux mères d’enfants scolarisés à Paris, Anne et Elisabeth. Selon elle, les familles sont «démunies», «désabusées», «se sentent abandonnées par la mairie» et «dénoncent un mépris de la parole des enfants», a précisé Anne à l’AFP. En quatre ans, leur collectif a reçu 400 témoignages sur des «comportements verbaux et physiques inappropriés» de membres du périscolaire à Paris et dans d’autres villes du territoire.

Au-delà «des cas les plus graves», il y a toute «une zone grise parce que les parents ne portent pas plainte quand leur enfant se prend une tape derrière la tête. Sauf qu’un enfant qui se prend une tape derrière la tête tous les jours, ça le plombe et c’est de la violence», insiste Anne, qui appelle à améliorer la chaîne de signalements face à des «failles persistantes».

Ce constat est partagé par l’antenne parisienne de la Fédération de parents d’élèves (FCPE), qui évoque des «signalements peu suivis d’effet, manque de formation, protocoles flous ou procédures trop lentes.» Face à la lenteur des procédures en cours, elle a annoncé le 18 novembre dernier la création d’une commission «Agir contre les violences» qui prévoit notamment la mise en place d’un «espace de signalement de toutes les formes de violences subies par les élèves». «Etat, ville, éducation nationale et justice, chacun doit maintenant agir», estime la FCPE. La haute commissaire à l’enfance, Sarah el-Haïry, a réagi auprès de l’AFP, insistant sur le fait que «la voix des enfants et des familles [devrait] toujours être entendue». Assurer «que tous les espaces accueillant des enfants soient des lieux sûrs [implique] vigilance, formation, prévention et transparence», observe-t-elle. 

Mise à jour à 15 h 21 avec la réaction de Sarah el-Haïry.