Un jean brut avec des cartographies marines en guise de doublure des poches et un petit drapeau français sur le gousset : la marque bretonne Mousqueton, installée à Plescop (56) vient de sortir son premier jean, et il est made in France, pensé dans le Morbihan et produit en Normandie, dans l’atelier Kiplay.
« On voulait proposer un jean et on s’est dit : essayons de faire quelque chose de différent. Pourquoi ne pas le produire en France puisqu’il y a encore des usines qui arrivent à le faire », rembobine Stéphane Brault, directeur général adjoint. Ce jean n’est pas pour autant 100 % français : la toile est italienne, les rivets asiatiques. Le produit sort en boutique à 129 €. « C’est bien au-dessus du prix de nos pantalons habituels mais on a déjà dû réduire nos marges de moitié pour le proposer à ce prix », expose le dirigeant.
« Il n’y a pas de petits enfants qui travaillent pour nous »
Mousqueton produit ses vêtements un peu en Bretagne, en Normandie et en Europe mais surtout en Asie, pour rester compétitif. La marque sort son jean en pleine polémique sur la fast fashion et la déferlante Shein dans les dressings. « Un hasard », assure le directeur général adjoint. Il assume de produire à l’autre bout du monde pour proposer des vêtements et accessoires milieu de gamme « car on garantit à nos clients que nos produits respectent les normes environnementales, le code du travail. On connaît nos producteurs, les ateliers, on s’y rend. Il n’y a pas de petits enfants qui travaillent pour nous ».
Les clients sont nombreux à s’interroger sur la fabrication de la marque estampillée Bretagne et Mousqueton assure jouer la transparence. « On fait de la pédagogie, on leur explique en toute transparence pourquoi on produit en Bulgarie, au Portugal, en Asie. On leur dit qu’on rêverait de ne faire que du made in France mais on leur explique pourquoi ce n’est pas possible », assure Marie Languille, chargée de communication et de marketing chez Mousqueton.
Deux modèles sont proposés, un pour homme, un autre pour femme. Ils sont produits à 250 exemplaires chacun, pour l’instant. (Le Télégramme/Céline Le Strat)
Le nouveau jean a, pour l’instant, été produit à 250 exemplaires pour le modèle homme et autant pour le modèle femme, avec la possibilité de le rééditer rapidement car produit à seulement quelques centaines de kilomètres. Un vrai test pour la marque, qui mise sur le cadeau « qualitatif et éthique » pour Noël. Pour des raisons économiques, écologiques et aussi géopolitiques, la marque aux 11,5 M€ de chiffre d’affaires et 65 salariés cherche à « rapprocher sa production » le plus possible, tout en gardant des prix attractifs. Ce jean est un produit d’appel. « On ne le fait pas que pour l’image mais pour montrer que c’est possible de produire en France », expose le dirigeant. Possible à plusieurs conditions : « Réduire le coût de main-d’œuvre ou accepter de payer plus cher. La réalité est sûrement entre les deux ».