SOLÈNE REVENEY / LE MONDE
« Quand je matche, j’ai droit qu’à une chance. Autant la donner à un ordinateur qui a des millions d’informations et plus d’expérience que moi. » Anis, 26 ans, assume avoir utilisé ChatGPT sur les applis de rencontre. Il a consulté le robot conversationnel pour écrire son profil et aborder des femmes. « Je lui donne des détails sur le profil de la personne et décris les photos, pour qu’il me donne des propositions de phrase d’accroche. »
Anis explique son recours à ChatGPT par ses difficultés sur les applis de rencontre : il pointe du doigt leur fonctionnement et, surtout, la concurrence qu’elles imposent à ses utilisateurs. « Tu sais qu’il y a toujours dix autres hommes devant ou derrière toi, qui pourraient avoir une meilleure accroche ou un meilleur feeling », confie cet étudiant en droit, qui désinstalle et réinstalle régulièrement les applications et considère que, avec ou sans IA, il n’y a déjà « plus aucune authenticité ».
En nous permettant d’entrer en contact avec une abondance de personnes, bien au-delà de nos cercles sociaux habituels, les applications ont établi un marché, dont les utilisateurs sont à la fois produits et acheteurs. « Les applications nous plongent dans une économie de spirale, jamais satisfaite », décrypte la sociologue Christine Détrez. Et quand les rejets ou les échecs se multiplient, la confiance en soi en prend un coup. « Ce sont nos qualités qui sont mises en cause dans l’échec d’une relation. Si ça n’a pas fonctionné, ça doit être parce qu’on n’est pas assez drôle, beau, belle ou jeune. » Ainsi, de nombreux utilisateurs se lassent des applis : c’est la « dating-fatigue ».
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