EN BREF – L’église Saint-Luc de Grenoble a défi­ni­ti­ve­ment fermé ses portes après une der­nière messe, le dimanche 23 novembre 2025. Malgré la mobi­li­sa­tion d’ha­bi­tants et de fidèles, le dio­cèse de Grenoble-Vienne n’est en effet pas revenu sur sa déci­sion de vendre le bâti­ment, cette vente étant des­ti­née à rem­bour­ser les prêts contrac­tés pour construire sa mai­son paroissiale.

C’était la der­nière séance… ou la der­nière messe. Dimanche 23 novembre 2025, l’é­glise Saint-Luc de Grenoble, située place Docteur-Girard au sein du quar­tier Ile-Verte, a fermé ses portes après avoir célé­bré une ultime céré­mo­nie. Le dio­cèse de Grenoble-Vienne avait annoncé mettre l’é­di­fice en vente en novembre 2019, quelques mois après des annonces concer­nant une autre église gre­no­bloise (Saint-Paul, quar­tier Alliés-Alpins), ainsi que la fon­tai­noise Saint-François-d’Assise.

Des fidèles et des habi­tants du quar­tier Ile-Verte se sont pour­tant mobi­li­sés pour s’op­po­ser à la fer­me­ture de l’é­glise du quar­tier. Durant plu­sieurs semaines, une ban­de­role a été déployée sur le fron­ton du bâti­ment, pro­cla­mant : « L’espérance ne déçoit pas, nous vou­lons tous gar­der notre église Saint-Luc. Non à la fer­me­ture ». Une cita­tion du pape François, tra­duite du latin et extraite de sa der­nière bulle papale. Ce qui n’a visi­ble­ment pas suffi à convaincre le dio­cèse de reve­nir sur sa décision.

La mobilisation pour empêcher la fermeture de l'église Saint-Luc quartier Ile-Verte à Grenoble n'a pas suffi pour faire revenir le diocèse sur sa décision. © Florent Mathieu - Place Gre'net

La mobi­li­sa­tion pour empê­cher la fer­me­ture de l’é­glise Saint-Luc, quar­tier Ile-Verte à Grenobl,e n’a pas suffi pour faire reve­nir le dio­cèse sur sa déci­sion. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Pourquoi cette vente ? Contacté par Place Gre’net, le dio­cèse de Grenoble, par la voix de son vicaire géné­ral Emmanuel Decaux, rap­pelle que celle-ci a pour objec­tif de finan­cer la construc­tion de la mai­son parois­siale à côté de l’é­glise Saint-Louis, laquelle a coûté 1,4 mil­lion d’eu­ros. « Pour le moment, nous avons emprunté les fonds néces­saires aux autres paroisses du dio­cèse, [et] nous devons leur rendre ce qui leur appar­tient », explique l’ecclésiastique.

Toutefois, le dio­cèse concède que, pour l’heure, « aucun ache­teur n’a été iden­ti­fié », quand bien même il pré­cise avoir reçu « plu­sieurs pro­po­si­tions spon­ta­nées de struc­tures inté­res­sées ». Et si les auto­ri­tés reli­gieuses indiquent ne pas pré­voir de condi­tion par­ti­cu­lière pour la vente, notam­ment en ce qui concerne le deve­nir du site, elles font savoir leur sou­hait moral « de vendre pour une acti­vité qui reste au ser­vice de la vie des habi­tants du quar­tier ».

« Une construc­tion tout à fait originale »

Inaugurée en 1967, l’é­glise Saint-Luc pré­sente la par­ti­cu­la­rité d’être inté­grée dans un immeuble d’ha­bi­ta­tions. Le résul­tat du com­pro­mis avec une entre­prise, alors que les fonds man­quaient pour construire une église sur ce ter­rain « offert par de géné­reux parois­siens » dans les années 1950, comme l’ex­plique le dio­cèse sur son site Internet. Loin de la ron­deur de l’é­glise Saint-Jean, Saint-Luc s’af­fiche en forme de tri­angle, soit « une construc­tion tout à fait ori­gi­nale », sou­ligne-t-il encore.

La pré­sence d’ha­bi­ta­tions au-des­sus de l’é­glise n’est pas étran­gère à la mobi­li­sa­tion pour sa pré­ser­va­tion. Lors d’une réunion publique orga­ni­sée en mai 2024 par l’u­nion de quar­tier Ile-Verte, des habi­tants avaient en effet exprimé leur crainte de voir le lieu de culte être rem­placé par une acti­vité autre­ment plus bruyante. Pour l’heure, le sus­pense reste entier quant au deve­nir d’un bâti­ment, dont la confi­gu­ra­tion limite néces­sai­re­ment les poten­tiels usages, mal­gré un empla­ce­ment avantageux.