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Rédaction Paris

Publié le

26 nov. 2025 à 17h36

Un environnement de travail bien éloigné du bien-être proposé aux clients. Ce mercredi 26 novembre 2025, la gérante d’un salon de massage à Paris a été lourdement condamnée pour traite d’être humains par le tribunal correctionnel. Une peine de quatre ans de prison a été prononcée à son encontre avec mandat de dépôt. Les employées de ce salon étaient « enfermées dans un système de contrôle » dans « une ambiance oppressante et pesante », a estimé la présidente du tribunal, qui a suivi les réquisitions du parquet.

Un salaire misérable

Nannapat R., une Thaïlandaise de 59 ans, est également frappée d’une interdiction de séjour en France pour une durée de dix ans. Jugée pour complicité, sa fille « sous emprise » et qui a « tenté d’alerter plusieurs fois » sa mère, selon la juge, écope d’un an de prison avec sursis. « C’est un cas d’école de la traite » d’êtres humains : « il y a le recrutement, le transfert, l’hébergement et l’accueil », avait dénoncé Me Alix Ottou, avocate des parties civiles, lors de l’audience le 30 octobre.

L’une des anciennes employées, à l’origine de la plainte, a notamment expliqué avoir été « punie » par sa patronne pour avoir refusé de s’adonner à des pratiques sexuelles avec un client. Son salaire, de moins de 1.000 euros par mois pour « près de 200 heures » travaillées, avait ensuite été réduit de moitié. Les plaignantes, recrutées en Thaïlande, ont payé entre 4 500 et 5 100 euros pour rejoindre la France, via un réseau de passeurs.

Logées à même le sol

Des retenues sur leurs salaires ont été effectuées pendant plusieurs mois pour s’acquitter de ces sommes qu’elles étaient incapables de régler. Les deux plaignantes étaient logées « à même le sol ou sur une table de massage » pour 250 euros par mois. Pendant le procès, la gérante a assuré vouloir « aider ces filles. »

Les employées travaillaient pourtant cinq à sept jours sur sept, payées en moyenne cinq euros de l’heure et avec peu ou pas de congés, selon l’inspection du travail. Des « conditions de travail indignes » qu’elles n’avaient pas d’autres choix que d’accepter, selon la procureure. Il est également reproché à Nannapat R. le travail dissimulé de 25 salariées au cours des cinq dernières années, ainsi que l’emploi d’étrangers sans titre de séjour. « Si je déclare beaucoup de salaires, il faut que je paie beaucoup de cotisations », s’était justifiée la prévenue à la barre.

Si sa fille Thanrawee R. assure n’avoir eu aucun rôle décisionnaire au sein de la société par « peur de (se) disputer » avec sa mère, elle a reconnu avoir eu connaissance des faits reprochés. En 2015, Nannapat R. avait déjà été condamnée à deux ans d’emprisonnement et 50 000 euros d’amende pour des faits similaires.

Avec AFP

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