Par

Anthony Soudani

Publié le

26 nov. 2025 à 16h33

EXCLUSIF. Jean-Michel Aulas est le grand favori des élections municipales 2026 à Lyon. À en croire les récents sondages, l’ex-président de l’Olympique lyonnais est loin devant le maire écologiste sortant, Grégory Doucet. Le candidat de Coeur Lyonnais, qui réuni la droite, le centre et la société civile, accorde à actu Lyon une interview exclusive à l’occasion de l’inauguration de son QG de campagne dans le 3e arrondissement de Lyon

Son principal adversaire, ses premières promesses, ses ambitions métropolitaines, la Fête des Lumières… Jean-Michel Aulas répond à nos questions.

Aulas demande un audit indépendant à Doucet pour débattre

Actu : On va commencer par votre campagne. Trois sondages successifs cet automne vous placent comme le favori au premier tour, avec 47 % d’intentions de vote, et largement gagnant devant Grégory Doucet au second. Ça y est, vous avez déjà gagné ?

Jean-Michel Aulas : Non. Vous savez, j’ai une carrière sportive, aussi d’encadrant de groupes sportifs, de dirigeant à la fédération. Je sais que, dans toutes les compétitions, ce qui compte, c’est la ligne d’arrivée.

Mais c’est vrai qu’au-delà des sondages, qui sont ce qu’ils sont (même si c’est mieux lorsqu’ils sont positifs), il y a un enthousiasme au sein de la ville qui est tout à fait étonnant et qui donne de l’énergie.

Je vois ces signaux comme positifs, comme des encouragements. Je ne vois rien de définitif : ce n’est qu’un point de passage. On va faire en sorte d’accélérer. On a annoncé des mesures extrêmement innovantes sur un certain nombre de sujets, en particulier la sécurité et la place des femmes.

On a aussi innové en parlant d’union. Les partis politiques ne sont pas toujours prêts à disparaître au profit d’une union, et pour moi, ça a été le point central de cette première partie de campagne.

Certains disent que vous survolez la campagne. Est-ce que vous comptez rester un peu en orbite jusqu’aux élections de mars, ou allez-vous entrer dans l’arène, notamment pour débattre ? Grégory Doucet vous a proposé un débat avant Noël. Quelle est votre réponse ?

J-M. A. : J’ai été très surpris que Grégory Doucet, qui me parle pratiquement jamais alors qu’on a des milliers d’occasions de se croiser, propose cela. Il ne venait pas souvent au foot, mais quand même. Et en ce moment, je fais énormément de visites : associations, rencontres… Je suis présent là où on m’attend.

Je ne suis pas contre le débat. Mais on est fin novembre, le scrutin est en mars, et en ce moment, dans aucune commune de France, il n’y a de débat. Avant de débattre, il faut écouter les Lyonnaises et les Lyonnais, et c’est ce que je fais. Le débat viendra, en son temps. Je suis pour le débat mais, comme vous le savez, Grégory Doucet et Bruno Bernard ont tendance à qualifier de fake news ce qui est dit par celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec eux.

Donc, je propose très officiellement à Grégory Doucet et Bruno Bernard de faire réaliser un audit indépendant, très précis : ce qui a été fait, ce qui ne l’a pas été, ce que ça a coûté, ce qui aurait pu être fait. Ensuite, faisons un débat basé sur des éléments réels. Qu’on ne dise pas “on a fait ceci” quand ce n’est pas totalement vrai, ou qu’on donne des taux de pollution qui ne correspondent pas à la réalité.

Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages.
Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages. (©Anthony Soudani / actu Lyon)

Lui et ses soutiens disent que vous fuyez le débat. Que vous ne le voulez pas…

J-M. A. : Je ne suis pas du tout d’accord. Dès qu’on a des éléments concrets issus d’un organisme indépendant – audit financier, audit écologique, audit social – je suis prêt. J’ai beaucoup de choses à dire sur le social. Un audit indépendant permettra d’avoir des chiffres objectifs, sur lesquels on pourra débattre.

Donc oui, je suis pour le débat et j’ai d’ailleurs accepté l’invitation qui m’a été faite par vos confrères de BFM (en partenariat avec actu Lyon, NDLR) pour débattre la semaine du 23 février prochain. 

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« Comme beaucoup de Lyonnais, je suis déçu de Grégory Doucet »

Le maire de Lyon et Bruno Bernard vous qualifient souvent de « menteur, populiste, trumpiste ». Ils disent être “le camp de la vérité”. Il y a 24 heures, Grégory Doucet écrivait que vous “fabriquez le doute”. Quelle est votre réponse à ces attaques répétées ?

J-M. A. : Je ne suis pas véhément. Je suis quelqu’un de raisonné, qui a travaillé toute sa vie à construire des résultats : économiques, sportifs, sociaux, avec des choses attestées. D’ailleurs, la réaction des Lyonnais, dans toutes les catégories, le montre. Dans les derniers sondages, on voit par exemple que je suis populaire dans le monde ouvrier.

Donc oui, ce qu’ils disent est très méchant. Et pour éviter ce débat stérile sur “c’est vrai/c’est pas vrai”, faisons un audit : financier, social, écologique. L’écologie, ce n’est pas seulement “faire des pistes cyclables en béton”.

Vous utilisez des termes forts : “décadence”, “décroissance”, “ville défigurée”. Grégory Doucet dit que vous insultez les Lyonnais en parlant ainsi. Est-ce que vous allez trop loin ? Pourquoi utiliser ces mots ?

J-M. A. : Parfois, on réagit à des choses très concrètes. Je viens de passer quinze jours à rencontrer les associations de Lyon. Certains représentants d’associations de personnes handicapées sont présents ce soir. Ils expliquent qu’on n’a pas tenu compte de leurs demandes pour permettre le passage de leurs fauteuils, bloqués par certaines pistes cyclables.

Et sur le plan social, là où beaucoup attendaient beaucoup de ceux qui avaient des convictions (environnementales, croyait-on, puis sociales), on est très déçus.

Vous avez été déçu par Grégory Doucet ?

J-M. A. : Oui, comme beaucoup de Lyonnais, je suis déçu. On avait le sentiment d’une équipe de bonne volonté, avec une approche sociale et une promesse d’attractivité économique. Mais cela ne s’est pas vérifié. La ville a reculé. Des entreprises qui auraient pu venir ne sont pas venues.

Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages.
Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages. (©Anthony Soudani / actu Lyon)Une promesse de parité et de 50% de société civile sur les listes

On a vu vous rejoindre des élus LR, Horizons, Renaissance, un ancien maire écologiste du 9ᵉ arrondissement… Plusieurs partis sont à vos côtés et vous avez également de la société civile dans votre équipe. Quelle place occupe la société civile dans votre campagne, et quelle place aura-t-elle si vous êtes élu ?

J-M. A. : Alors d’abord, sur la question des 50 % de société civile : c’est une obligation, parce que c’est ce qui nous lie avec les partis. Pour vous donner une idée : sur LinkedIn, en trois mois, nous avons reçu 27 000 offres de collaboration venant de la société civile.

Donc oui, l’implication de la société civile est un engagement total. De la même manière, dans l’union, nous voulons une parité intégrale.

Société civile, union des partis, pas d’extrêmes, parité renforcée : ce sont des thèmes qui intéressent beaucoup les Lyonnais, et beaucoup les jeunes. Je suis très heureux de voir énormément de jeunes qui rejoignent cette dynamique.

« Mon premier adjoint sera une femme »

En cas d’élection, votre premier adjoint — ou première adjointe — sera-t-il/elle issu(e) de la société civile ?

J-M. A. : C’est une bonne question. Pour le moment, nous n’avons pas tranché. Je sais que ce sera une femme. Mais nous choisirons d’abord la compétence, avant de regarder si elle vient de la politique ou de la société civile. Donc ce n’est pas encore décidé.

Aulas renonce bien à ses indemnités : « J’ai prévu d’être maire à plein temps »

Quel maire serez-vous si vous êtes élu en mars ?

J-M. A. : Pour être un bon maire, il faut être à l’écoute. L’empathie, l’écoute, la construction, l’échange, la négociation, savoir écouter les autres : c’est essentiel. Je viens de rencontrer presque toutes les associations de la ville. J’ai beaucoup appris. Je serai un maire proche du terrain, qui délègue, qui écoute avant de décider, et qui s’investit à 100 %.

Vous renoncerez bien à vos indemnités et au cabinet du maire ?

J-M. A. : Pour les indemnités : oui, j’y renonce totalement. Et avec les économies dégagées, j’ai déjà ciblé deux destinations : un grand hôpital lyonnais (j’avais évoqué le centre Léon Bérard) et une association pour la jeunesse et les quartiers : Sport dans la Ville, une association remarquable depuis plus de vingt ans.

Pour le cabinet du maire : il y aura un cabinet, mais pas un cabinet politique comme aujourd’hui. Il y aura un Directeur général des services, comme partout, et les compétences nécessaires autour de lui. Peut-être un cabinet de communication, de transmission, mais pas un cabinet politique avec directeur adjoint, chargés de mission, etc.

Vos adversaires disent que vous serez « maire à mi-temps », que vous n’assisterez pas à tous les conseils municipaux…

J-M. A. : J’ai prévu d’être maire à plein temps. J’annoncerai aussi que je m’investirai fortement à la Métropole. Ce n’est pas une réflexion de dernière minute : c’est un engagement total.
Je suis totalement dédié aux Lyonnais. Beaucoup de choses ne vont pas. Interrogez les pompiers, les taxis, les ambulanciers, les conducteurs de bus… Tout cela demande une présence intense.

De possibles conflits d’intérêts, il répond

Et vous promettez de faire un seul mandat, est-ce bien vrai ?

J-M. A. : Oui, je m’y engage totalement. Il faut être raisonnable. Nous aurons une vision à 15 ans pour la ville et la métropole : innovation, développement économique, entreprises durables, santé, etc.

Les écologistes évoquent un risque de conflits d’intérêts (OL, LDLC Arena, entreprises dans lesquelles vous avez eu des intérêts). Comment rassurer les Lyonnais ?

J-M. A. : J’ai présidé quatre sociétés cotées en bourse. Le premier sujet dans ce contexte, c’est d’éviter les conflits d’intérêts. La règle est simple : si un risque existe, je ne participerai pas à la décision. C’est ce que nous faisons dans les entreprises cotées : administrateurs indépendants, procédures strictes. Nous appliquerons la même chose.

Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages.
Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages. (©Anthony Soudani / actu Lyon)« L’objectif sera de faire la plus belle Fête des Lumières d’Europe, peut-être du monde »

Vos soutiens dénoncent une édition « rabougrie » de la Fête des Lumières 2025. Si vous êtes élu, quelle sera votre ambition pour cet événement ?

J-M. A. : Pour nous, la culture est fondamentale, et la Fête des Lumières est une symbolique majeure. Si nous avons la chance de diriger la ville, nous renforcerons très largement les budgets de l’événement.

Nous voulons en refaire une fête internationale, comme à l’époque de Gérard Collomb, voire mieux. Nous avons de bonnes relations avec les grandes institutions et les industriels de la lumière, en France comme à l’étranger. Nous trouverons les ressources.

L’objectif sera de faire la plus belle Fête des Lumières d’Europe, peut-être du monde. Il faudra aussi ne pas imposer des coûts insupportables aux commerçants, déjà très affectés par la ZTL (Zone à trafic limité).

Aulas affirme qu’il ne supprimera la ZTL… mais la modifiera

D’ailleurs, concernant la Zone à trafic limité, souhaitez-vous la supprimer comme votre alliée à la Métropole de Lyon, Véronique Sarselli (LR) ?

J-M. A. : Non. Je suis quelqu’un de raisonnable. On ne va pas défaire pour défaire. Mais il faudra un audit, arrondissement par arrondissement. Interroger les commerçants, les usagers, les chauffeurs de bus, les riverains… On ne va pas jeter l’argent par les fenêtres : certaines choses seront conservées, d’autres modifiées.

Donc, vous ne supprimerez pas la ZTL, mais vous la modifierez si vous êtes élu ?

J-M. A. : Exactement. Par exemple, refaire passer les bus rue de la République jusqu’à l’Hôtel de Ville : oui, c’est logique. La rue Grenette est indispensable aussi. Beaucoup de choses devront être revues, mais avec les usagers. Je pense qu’on doit pouvoir rouvrir la circulation automobile dans certains cas, mais ce sera décidé avec les habitants.

La rue Grenette vous la rouvrez au trafic automobile ?

J-M. A. : Je pense qu’il faut le faire et ce seront des décisions à prendre avec les usagers.

Continuerez-vous à créer de nouvelles pistes cyclables ?

J-M. A. : Bien sûr. On n’est pas anti-vélo. Les pistes les plus utilisées sont celles créées par Gérard Collomb. Mais il faut de la sécurité : pas de trottinettes à contresens, une police de terrain renforcée, les mêmes règles pour tous. Le vélo ne doit pas devenir une religion imposée à tous.

À Bellecour : « Je pense que la végétalisation est possible »

Vous avez évoqué un projet de végétalisation de la place Bellecour tout en conservant le parking. Comment ?

J-M. A. : C’est prématuré pour entrer dans les détails, mais vous aurez bientôt des explications d’Alain Giordano qui nous a rejoint.
Il existe des solutions. Au départ, la végétalisation était prévue, puis abandonnée à cause du parking, puis on a fait une œuvre d’art financée sur le budget culturel (participatif, NDLR).
Je pense que la végétalisation est possible. Nous détaillerons cela.

Vous démonterez donc Tissage urbain ?

J-M. A. : C’est prématuré. À titre personnel, je ne la trouve pas très réussie et je ne pense pas qu’elle apporte beaucoup aux Lyonnais. Mais nous agirons avec modération et bon sens.

Des études dès 2026 pour un métro dans l’est lyonnais

Sur les mobilités, vous évoquez la priorité de nouveaux métros. Une ligne dans l’Est notamment. Quelle est votre vision sur le développement du métro dans la Métropole et quelle est votre proposition ?

J-M. A. : Le métro, c’est l’assurance-vie de nos mobilités. Là où vivent près de 1,5 million d’habitants, il doit y avoir une offre structurante. Dans l’Est, le retard est évident : la population a explosé, l’infrastructure n’a pas suivi.

Ma méthode est claire : on lance dès 2026 les études d’une ligne Est, on fixe un calendrier crédible, et on arrête les effets d’annonce. Des métros là où il y a des besoins réels. Lyon doit redevenir une métropole qui planifie, pas qui improvise.

Supprimer l’encadrement des loyers pour un nouveau « dispositif »

Vous souhaitez “désencadrer les loyers”, c’est -à-dire ? Vous promettez de renoncer à l’encadrement des loyers dès 2026 ?

J-M. A. : L’encadrement des loyers ne fait pas baisser les loyers : il fait baisser l’offre, donc monter les tensions. Mon objectif n’est pas de punir les propriétaires, mais de loger les Lyonnais.

Désencadrer, ce n’est pas déréguler : c’est remplacer un dispositif inefficace par un système plus intelligent, charte de modération obligatoire, contrôles ciblés contre les abus, et surtout un plan massif de construction et de rénovation.

On réglera la crise du logement par plus d’offre, plus de transparence et moins de complexité.

« Véronique Sarselli ambitionne d’être présidente de la Métropole »
Jean-Michel Aulas, candidat aux élections municipales 2026 à Lyon, est donné favori par les sondages.
Jean-Michel Aulas et Véronique Sarselli ont scellé une alliance pour tenter de déloger les Écologistes à la tête de la Métropole de Lyon. (©Anthony Soudani / actu Lyon)

Vous annoncez ce mardi une alliance métropolitaine avec Véronique Sarselli et d’autres mouvements, sous la marque « Grand Cœur Lyonnais ». Quelle est votre vision de la Métropole et comment comprendre cette alliance ?

J-M. A. : C’est une alliance de bon sens. Comme à la mairie, avec Cœur Lyonnais, nous faisons une alliance avec parité totale et engagement de ne pas s’associer aux extrêmes, ni au premier ni au second tour. Ce serait bien que nos adversaires prennent le même engagement.

Véronique Sarselli ambitionne d’être présidente de la Métropole. Elle sera soutenue par l’ensemble de Grand Cœur Lyonnais, sous une marque commune, avec une politique cohérente et une majorité confortable pour diriger la mairie et la métropole, en harmonie avec les maires du territoire.

Propos recueillis par Nicolas Zaugra et Anthony Soudani

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