On pensait que Joan Mir avait enfin trouvé la clé pour être épargné par les chutes à répétition qui l’ont poursuivi la saison dernière. Cependant, l’Espagnol a subi trois accidents en deux jours à Austin, à chaque fois dans les moments qui comptaient le plus à savoir les qualifications, le sprint et la course.
Samedi, il occupait la septième place quand il est parti à la faute à mi-chemin dans l’épreuve sprint. Il roulait alors avec Fabio Di Giannantonio et Fabio Quartararo, et tentait de s’imposer comme le meilleur des autres derrière les premières places verrouillées par les Ducati. Dimanche, sa chute est encore survenue à la mi-course, cette fois alors qu’il se trouvait entre l’Aprilia de Marco Bezzecchi et la KTM d’Enea Bastianini.
« Je suis vraiment saoulé par la situation. Je pense que notre potentiel ce week-end était bien plus élevé », admettait Joan Mir à l’issue du Grand Prix. « J’ai le sentiment que, quand je suis seul, je suis en mesure d’être super rapide et d’être très proche des positions qu’on veut atteindre, mais à chaque fois qu’on est en course, je n’ai pas les moyens de dépasser, de me défendre, etc. Ça fait que je dois piloter de manière plus offensive et ça empire tout. Voilà ce qui s’est passé. »
« Il faut qu’on travaille là-dessus, moi-même je dois travailler sur la manière de gérer cette situation. Elle est très différente de celle de l’année dernière. C’est comme si on avait le potentiel mais qu’on n’arrivait pas à l’exprimer dans certaines situations. »
Joan Mir sent le potentiel de la Honda, mais peine à l’exprimer en course.
Photo de: Mirco Lazzari GP – Getty Images
« En Europe, les pistes sont plus courtes, les lignes droites aussi, et peut-être qu’on arrivera à faire quelque chose de plus », ajoutait l’Espagnol, qui juge pour le moment le package technique de la RC213V trop limité malgré les progrès indéniables accomplis cet hiver.
Samedi, déjà, il regrettait ce manque de moyens qui le force régulièrement à trop en faire pour défendre ses chances en course. « C’est toujours pareil : on peut retenir le positif et dire qu’on est rapides, qu’on a fait les mêmes chronos que Pecco [Bagnaia] en course, mais je ne sens pas que j’ai les outils pour me battre avec eux. On est les derniers en termes de vitesse de pointe. Voilà ce que je ressens, on se rapproche d’un groupe qui a des motos plus rapides que nous. »
Une moto qui oblige à prendre des risques
« La chute, c’était ma faute », admettait-il déjà après le sprint. « Je n’ai eu aucune alerte de toute la course. J’étais rapide parce qu’on a le rythme, pas parce que j’attaquais plus que ce que j’ai [me permet de faire], mais on doit prendre un peu plus de risques que les autres. Il faut qu’on utilise un peu plus le frein avant pour mieux ralentir la moto, pour récupérer la distance perdue en vitesse de pointe. »
« Je pense que j’ai fait une erreur, pas parce que j’attaquais trop. Avant, il y avait une alerte, puis une autre, une autre encore et puis je tombais. Cette fois, ce n’était pas le cas. C’était une chute d’une autre nature. Je suis tombé par surprise. Il y a une bosse dans ce virage et je suis tombé sur la putain de même bosse en qualifications. Il faut qu’on essaie de gérer ça différemment. »
« La moto est très bonne, je prends du plaisir à la piloter mais d’un autre côté, c’est frustrant. Face à Pedro [Acosta], s’il n’est pas une demi-seconde derrière moi, il me double en ligne droite ! Une demi-seconde ! Il faut que je sois une demi-seconde plus rapide que le pilote de derrière pour éviter qu’il me double en ligne droite. Dans ces conditions, c’est difficile de se battre. »
Il faut qu’on progresse beaucoup sur le moteur, et alors on sera très proches du top 3.
Alors qu’approche le premier test post-course de la saison, qui aura lieu en fin de mois à Jerez, les pilotes Honda espèrent y recevoir le boost qu’ils attendent tous pour se mettre à niveau en termes de puissance. Mais, en attendant, Joan Mir sait qu’il doit prendre son mal en patience et tenter de canaliser sa frustration. C’est toutefois plus simple à dire qu’à faire…
« Je pense que si on progresse un peu − pas qu’un peu, il faut qu’on progresse beaucoup sur le moteur −, alors on sera très proches du top 3 », soulignait-il au Texas. « [Le moteur] est le principal problème. Pendant la course, c’est le plus gros. Le grip, on peut plus ou moins le gérer. On peut attaquer un peu plus au début, puis OK, on manque de pneu à la fin, mais on peut jouer avec. Par contre, avec le moteur, à chaque tour, si on a quelqu’un derrière en ligne droite, il nous double ! C’est dur mais c’est la vérité. »
Questionné sur ce qu’en pense le nouveau directeur technique Romano Albesiano, le champion du monde 2020 a ajouté : « Il m’a envoyé un message pour me dire qu’ils savent quel est le problème, qu’ils vont travailler dessus. Il m’a dit ‘Il faut que tu restes plus calme !’ et que je dois arrêter de dire ‘Il faut un meilleur moteur !’ [rires] »
De l’autre côté du stand, Luca Marini a quant à lui réalisé au Texas son meilleur week-end de ce début de saison. D’abord en décrochant la septième place sur la grille, ce qui est de loin sa meilleure qualification avec la Honda puisqu’il n’avait encore jamais connu la Q2 avec cette moto, puis en obtenant la huitième position sous le drapeau à damier, tant dans le sprint qu’en course. Honda se maintient ainsi au deuxième rang du championnat constructeurs, avec une courte avance sur KTM, Aprilia et Yamaha.
Avec Vincent Lalanne-Sicaud
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Léna Buffa
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