Ce mardi 25 novembre, un animateur de l’école Alphonse-Baudin, dans le 11e arrondissement de Paris devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour des soupçons de violences sexuelles sur plusieurs enfants en classe de maternelle. Si le procès a été reporté, les témoignages des enfants et ce qu’ils ont subi sont, sont, toujours bien d’actualité. Une actualité qui voit les cas de violences révélés se multiplier dans les écoles parisiennes depuis plusieurs mois par une série de signalements d’agressions sexuelles dans les écoles de maternelle, notamment du fait de personnels périscolaires, chargés de ces temps hors des classes.

Au point que les familles des enfants ayant porté plainte pour des agressions sexuelles dans la capitale appellent à une mobilisation « totale et transparente » sur ces cas de violences et de maltraitances. « Le silence doit cesser », crient-elles dans un communiqué publié ce mardi soir. « Nos enfants ont payé le prix de ces défaillances. En revanche, il est encore temps et c’est notre responsabilité collective, de protéger les enfants encore dans le périscolaire. »

« Nous parlons de viols et d’agressions sexuelles sur des enfants d’à peine trois ans »

Ces familles, représentées par l’avocat Arié Alimi demandent une réunion avec les services du parquet pour avoir un retour sur les enquêtes en cours et les poursuites envisagées, reprochant au ministère public et aux administrations municipales de ne pas avoir « pris la pleine mesure du problème ». « Nous parlons de viols et d’agressions sexuelles sur des enfants d’à peine trois ans. Nous parlons de traumatismes qui marquent à vie. Nous parlons de familles plongées dans l’angoisse de savoir et comprendre ce qui a pu arriver à leurs enfants », expliquent encore les familles reçues ce mardi par le ministère de la Justice pour solliciter l’organisation d’une commission parlementaire.

Au total cette année, déjà trente animateurs ont été suspendus, dont 16 pour des suspicions de faits à caractère sexuel, un chiffre stable par rapport aux deux années précédentes, selon la mairie.

Quinze enquêtes déjà ouvertes

Ce lundi, la procureure spécialisée dans les mineurs du parquet de Paris, Lisa-Lou Wipf, a fait savoir chez nos confrères de Libération que 15 enquêtes avaient été ouvertes en 2025 pour des agressions sexuelles dans des écoles maternelles parisiennes.

A la suite des révélations, la Ville de Paris a annoncé mi-novembre un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux enfants dans les écoles, avec la création d’un poste de défenseur des enfants et un renforcement de la formation des animateurs.

Une réaction « insuffisante » selon le collectif SOS Périscolaire fondé en 2021 par deux mères d’enfants scolarisés à Paris, Anne et Elisabeth, qui évoquent des familles « démunies ». « Elles sont désabusées, elles se sentent abandonnées par la mairie et dénoncent un mépris de la parole des enfants », indique Anne.

Des « failles persistantes », notamment dans le recrutement

En quatre ans, leur collectif a reçu 400 témoignages sur des « comportements verbaux et physiques inappropriés » de membres du périscolaire à Paris et dans d’autres villes du territoire.

Au-delà « des cas les plus graves », il y a toute « une zone grise parce que les parents ne portent pas plainte quand leur enfant se prend une tape derrière la tête sauf qu’un enfant qui se prend une tape derrière la tête tous les jours ça le plombe et c’est de la violence », insiste Anne, qui appelle à améliorer la chaîne de signalements face à des « failles persistantes ».

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En cause également, le recrutement des animateurs fait craindre le pire. Malgré la loi Taquet, promulguée en 2022 et qui impose la vérification des antécédents judiciaires des candidats, certaines collectivités locales passent outre les vérifications nécessaires avant d’engager des intervenants pour les activités hors les classes. Pour preuve, une journaliste de RTL qui testait les procédures de recrutement pour ces postes, a réussi à se faire recruter comme animatrice scolaire en quelques minutes à Créteil sans que son CV ni son identité ne soient vérifiés.

Selon le magazine Elle, soixante enquêtes pour des violences sexuelles dans des écoles sont en cours actuellement à Paris. La majorité d’entre elles concernent des agressions qui ont eu lieu sur le temps périscolaire. Ce lundi, le candidat socialiste à la Mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, révélait lui-même sur France Inter avoir été victime de violences sexuelles dans le cadre périscolaire lorsqu’il était enfant.