Publié le
25 nov. 2025 à 17h22
De la colère, de la tristesse, de la résignation… Au milieu de la dizaine d’immeubles de la petite résidence, des émotions très variées se lisent sur les visages ou s’entendent dans les discussions, sur les pas-de-porte. Le Bois Landry, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), c’est un petit quartier à lui tout seul, avec ses petites tours des années 1970 et ses quelque 200 appartements. Presque tout le monde s’y connaît. Depuis quelques semaines, dans les discussions, un sujet revient inlassablement : les énormes sommes réclamées par le syndicat de copropriété à chaque locataire, pour régulariser d’un coup des années de charges.
De 2 000 à 4 600 €
Tout commence le 31 octobre 2025, par un courrier distribué dans les boîtes aux lettres. Pour tous les habitants, c’est la douche froide. Dans ce courrier, entre une régularisation des charges et une hausse très importante du prix de l’eau chaude, ils découvrent que leur syndicat, 3F Normanvie, réclame à chacun plusieurs milliers d’euros.
« Ils réclament un retour sur les charges pour 2022, 2023 et 2024. Et ils nous disent que le prix du mètre cube d’eau chaude est passé de 10,05 € à 17,59 €, décrit Bertrand, un locataire. Moi, par exemple, ils me demandent 2 647 €, comme ça, d’un coup ! »
Lors d’une réunion organisée pour tenter d’obtenir des réponses, il se rend compte qu’il n’est pas le seul.
Ils nous ont dit que ça va de 2000 à 4 600 €.
Bertrand, un locataire de la résidence
À ses côtés, une voisine confirme et abonde : « Moi, on me demande 2 000 €. Ma sœur, on lui demande 2 300 €. On n’a pas les moyens de payer ça ! » Un autre témoin de la scène affirme avoir vu des personnes en larmes, notamment des personnes âgées qui vivent seules depuis des décennies dans cette résidence.
Une demande de transparence
Après la colère lors de l’annonce, les locataires veulent maintenant obtenir des réponses. Car, si la loi permet à un syndicat de copropriété de faire une régularisation sur les charges jusqu’à trois ans après, les habitants doutent de la véracité et de la transparence des sommes réclamées.
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« Ils refusent de nous montrer les factures, dénonce une locataire. Moi, je ne suis pas contre le fait de payer. Mais on veut un contrôle des charges, pour s’assurer qu’il n’y a pas eu de magouille, et une preuve de ce que l’on doit ! »
Devenus suspicieux, certains se demandent s’ils ne payent pas aussi la part de ceux qui ont quitté la résidence ou des travaux pour la chaudière commune. « Sur les papiers, on n’a pas la même base de répartition de la somme, donc ce n’est pas clair », poursuit l’habitante, papiers en main.
Vers une suspension des paiements ?
Pour faire valoir leurs droits et réclamer des réponses, certains ont sollicité l’intervention de la Confédération nationale du logement. Pour aller encore plus loin, ils prévoient de suspendre une partie des paiements. « Moi, j’ai suspendu mon prélèvement automatique. Le mois prochain, je paierai mon loyer et une toute petite partie des charges. Je ne paierai pas tant qu’on n’aura pas des réponses claires », assure Bertrand sur le ton du défi.
Sa voisine conclut avec autant de détermination : « Ce que l’on veut, c’est de la clarté. Si on doit cette somme, même si c’est très compliqué, on la devra. Mais si on ne la doit pas, on ne payera pas ! On veut que ce soit juste. »
Contactée, 3F Normanvie n’a pas donné suite à nos sollicitations pour le moment.
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