Par

Guillaume Laurens

Publié le

26 nov. 2025 à 19h10

Mais quel bazar ! Passes d’armes, mots doux, invectives… À trois mois et demi des élections municipales 2026, c’est dans une ambiance à la fois très tendue et sans cesse perturbée par le mégaphone brandi par une élue que le conseil municipal de Toulouse s’est réuni, mercredi 26 novembre 2025, pour l’avant-dernière session de la mandature, avant la nouvelle course au Capitole. Florilège.

« TPMP » face à « Vous n’aurez pas ma haine »

Dès le début de matinée, les accusations en tous genres ont fusé d’un camp à l’autre ce mercredi. Lors des propos liminaires, le chef de file des écologistes Antoine Maurice a taxé la majorité d’avoir monté « un système qui enferme Toulouse » avec un « climat de fermeture, de contrôle, parfois même de dissimulation ». Puis la co-présidente du groupe AMC Agathe Roby s’est montrée très offensive, accusant entre autres le locataire du Capitole de mener une politique « LGBTIphobe », mais aussi de « s’accommoder de l’extrême droite », soupçonnant de « complaisance » avec le RN « les adjoints » au maire « qui n’ont rien à envier à TPMP ». « Cessez vos mensonges et désinformations permanentes », répliquera le premier magistrat (DVD) à l’endroit de l’élue insoumise.

« Depuis 2020, les attaques personnelles, la virulence et la haine ont inspiré beaucoup d’interventions de l’opposition », a regretté Jean-Luc Moudenc. « Madame Roby, vous n’aurez pas ma haine. Moi, je respecte mes opposants, quels qu’ils soient ».

Vous avez dit « protéger l’avenir » ?

Agathe Roby a ensuite raillé le slogan du maire, candidat à sa succession en 2026 («Avec Jean-Luc Moudenc, protégeons l’avenir ») : « Vous n’avez pas protégé grand-chose dans ce mandat, si ce n’est vos amis ». Avant de suggérer à l’édile de revoir son accroche en « Protéger les promoteurs immobiliers et les grands patrons ».

Le slogan Moudenc ? Il est jugé tout aussi « bancal » par son comparse du groupe AMC Maxime Le Texier, qui a ironisé : « Peut-être avez-vous hésité avec ‘Continuons le changement ?’» Puis il s’est amusé des premières propositions du maire-candidat dans cette campagne, notamment de « la plus drôle », formulée dans un entretien à Actu Toulouse : « L’onde verte, ou comment faire passer une technique de synchronisation des feux tricolores datant des années 90 pour une innovation… ».

« Protéger l’avenir, c’est notre ligne de conduite », a assumé Jean-Luc Moudenc en retour. « Je n’en avais pas parlé [des Municipales, NDLR] mais je constate non sans plaisir que ma campagne électorale a été au centre de toutes les déclarations de l’opposition ».

Mettre ainsi en avant mon slogan comme pilier de vos interventions, c’est une bonne nouvelle et je vous en sais gré.

Jean-Luc Moudenc

« Gauche déterminée » ou « abdication morale » ?

« Dans cette campagne, vous trouverez une gauche, certes pas rassemblée au premier tour, mais déterminée », a tonné Maxime Le Texier, alors même que les Archipéliens n’ont pas choisi leur chapelle à gauche, entre socialistes et écologistes d’un côté, insoumis de l’autre.

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La gauche unie dans la Ville rose ? Pour le maire, cela témoignerait d’une « abdication morale » des socialistes au profit des insoumis : « Dès le premier tour, vous appeliez à voter pour M. Piquemal comme député », a-t-il soufflé, regardant François Briançon, son rival socialiste des prochaines Municipales. « En 2026, comme en 2020, vous vous mettrez avec ceux que vous faites semblant de dénigrer aujourd’hui, c’est-à-dire la France insoumise ». Se disant « engagé contre les deux extrêmes », il a lancé :

Vous avez choisi le partenariat, moi, j’affronte la France insoumise. Je considère que c’est le plus grand danger pour la démocratie.

Jean-Luc Moudenc
Maire (DVD) de Toulouse

Une « course de petits chevaux »

Puis c’est Odile Maurin, désormais en marge des différents groupes d’opposition, qui a dénoncé une « course de petits chevaux entre le maire de droite d’une part, et ceux qui se réclament de la gauche d’autre part ». Après avoir appelé à « chasser celui qui occupe depuis trop longtemps le Capitole », elle a asséné : « Pour autant, je ne donnerai pas de blanc-seing à mes anciens camarades ».

« Vous mettez en danger ma santé », dit-elle au mégaphone

Cette même Odile Maurin qui — à nouveau — a entraîné une interruption de séance, après avoir brandi… un mégaphone, rendant les débats inaudibles. L’élue réclamait d’ouvrir les fenêtres pour aérer face « au danger du Covid », accusant la majorité de mettre « en danger » sa santé, face à une « trop grande concentration de CO2 dans l’air ».

Mais celle-ci s’y refusait, nombre d’élus ayant froid, l’un d’eux souffrant en outre d’une maladie chronique. Jean-Luc Moudenc ajoutait que selon des capteurs installés dans la salle, les données de CO2 dans l’air étaient inférieures aux seuils légaux.

Après de longues minutes de confusion, le maire a décrété une suspension de séance de 20 minutes, durant laquelle la pièce fraîchement rénovée a été aérée. « On n’a jamais vu ça », a-t-il soupiré. La séance a repris (ou presque), ponctuée par les interventions incessantes de l’élue réclamant, au mégaphone, que les fenêtres restent ouvertes en permanence.

« Dette Moudenc » et « génial » pourfendeur

Outre les chicayas politiques, qui ont surtout crevé l’écran lors dans cette séance, de vives passes d’armes ont aussi eu lieu sur le fond, notamment autour du vote du budget et du poids de la dette. Alors que le socialiste Vincent Gibert accusait la majorité « de mensonge » et « d’insincérité », son camarade François Briançon s’est inquiété de la « dette colossale de 3,5 milliards d’euros », cumulée entre la Ville, la Métropole et Tisséo, qui devrait grimper à 5,5 milliards en 2030. « À la fin du mandat, la dette Moudenc, ce sera une augmentation de plus de 180 % ».

« Le pourfendeur de la dette publique vient du parti socialiste, c’est génial ! » s’est gaussé Sacha Briand, le grand argentier du Capitole. L’adjoint aux Finances a rappelé que ce pic de dette était lié au chantier du métro : « Après 2028, quand les travaux seront terminés, les remboursements vont arriver et le niveau d’endettement va progressivement baisser. Au bout de la période, il sera comparable à celui de 2014 ».

Un combat « de biais » ?

Une « dette Moudenc » à Toulouse ? De quoi faire bondir le maire face aux « énormes contradictions » de son futur rival : « Si vous étiez honnête politiquement, vous citeriez les réalisations que nous avons décidées par ces emprunts. Quelles écoles nous aurions dû ne pas construire ? Quelles crèches nous aurions dû ne pas créer ? Puisque vous êtes candidat aux Municipales, exposez-nous votre plan de désendettement », a-t-il lancé, avant de rappeler que les socialistes des communes alentour avaient voté en faveur des emprunts contractés pour le chantier du siècle aux conseils de la Métropole et de Tisséo… Ce qui lui fait dire : « La ligne C du métro, vous la combattez de biais ».

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