Trois organisations professionnelles de directeurs de prison ont fustigé ce mercredi 26 novembre le « mépris » du garde des Sceaux Gérald Darmanin après sa décision de démettre de ses fonctions leur collègue du centre pénitentiaire de Rennes après l’évasion d’un détenu.

Incarcéré au centre pénitentiaire de Rennes-Vézin, ce détenu de 37 ans participait le 14 novembre à une sortie au planétarium avec d’autres prisonniers quand il a échappé à la vigilance des personnes chargées de les encadrer. Condamné depuis décembre 2024 pour « divers faits de vols », il devait être incarcéré « jusqu’en mars 2027 », selon le parquet.

Les syndicats dénoncent une décision « prise dans l’urgence »

Dans un communiqué commun, le SNDP-CFDT, FO-Direction et la CNDPIP ont accusé le ministre de ne reculer « devant rien pour entretenir son image de fermeté et de réactivité » et dénoncé une décision « prise dans l’urgence pour permettre au ministre d’afficher une réponse rapide et ferme dans les médias ».

Ils reprochent également à Gérald Darmanin « de consacrer tous les moyens d’un État endetté » aux quartiers de lutte contre la criminalité pour les narcotrafiquants les plus dangereux, qu’il a créés, « quand la grande majorité des services sont exsangues. »

« Pendant que le garde des Sceaux parade dans des structures surdotées, les autres services agonisent », écrivent-ils encore, réclamant « un véritable plan d’urgence pour lutter contre la surpopulation et combler les vacances de postes sans poudre aux yeux ni stratégie de communication ».

Le directeur d’établissement pénitentiaire a commis « une faute », même s’il « ne mérite pas de sortir de la fonction publique », avait expliqué à la presse le 21 novembre Gérald Darmanin. « Il ne peut pas rester en responsabilité » après cette évasion.

« Une décision d’un magistrat »

Au Sénat, il a toutefois expliqué mercredi avoir demandé « une inspection en dix jours » après avoir « entendu de la part des organisations syndicales qu’il y avait peut-être d’autres responsabilités dans cette décision ».

Dans leur communiqué commun, les trois organisations professionnelles, qui comptent appeler leurs collègues à se « rassembler prochainement », ont relevé que l’autorisation de sortie pour la visite au planétarium n’était pas du ressort de leur collègue mais était « une décision d’un magistrat, prise après recueil de l’avis de plusieurs professionnels pénitentiaires et du parquet, tous spécialistes de l’exécution des peines et de la prévention de la récidive »

De son côté, le Syndicat de la magistrature (classé à gauche) a fustigé « l’absurde croisade du ministre contre les permissions de sortir » qui « vient s’ajouter à la longue liste des attaques violentes et illégitimes contre l’institution judiciaire ». « Loin d’être une récompense, les permissions de sortir ont notamment pour finalité de prévenir la récidive en favorisant l’insertion », selon le syndicat.

Article original publié sur BFMTV.com