Le programme des grands chantiers de modernisation des réseaux ferrés d’Île-de-France mené l’été dernier, dans la foulée de l’année « blanche » olympique, avait été particulièrement dense. Celui de l’été 2026 le sera tout autant… voire davantage ! C’est ce que viennent d’annoncer Île-de-France Mobilités (IDFM, l’autorité organisatrice des transports régionaux) et les représentants de la RATP et de la SNCF. Tous ont présenté, ce mercredi, le calendrier des chantiers programmés durant le premier semestre 2026 et les grandes lignes des opérations (plus lourdes) qui auront lieu durant l’été, quand la fréquentation des trains diminue.

Signe de l’ampleur du plan 2026, l’annonce du calendrier des travaux estivaux (qui se déroule traditionnellement au printemps) a été avancée de plusieurs mois. Pour permettre aux voyageurs concernés d’anticiper largement les perturbations à venir et de poser leurs congés en conséquence ou de chercher dès maintenant des stratégies alternatives (télétravail, covoiturage…), indiquent à l’unisson IDFM et les opérateurs ferroviaires.

Au total, les travaux sur les infrastructures et le réseau nécessiteront un investissement de près de 3,8 milliards d’euros en 2026. Soit 100 millions de plus qu’en 2025. « Il ne s’agit pas d’un effet de rattrapage après les JO », souligne Grégoire de Lasteyrie, vice-président d’IDFM. Mais plutôt de « poursuivre la modernisation du réseau francilien qui devrait devenir le deuxième réseau plus étendu au monde, après celui de Tokyo, à l’horizon 2030 ».

L’objectif de ces travaux d’ampleur, « c’est aussi de réaliser les aménagements techniques nécessaires pour assurer la fiabilité et la régularité des trains, et de préparer l’arrivée des nouveaux matériels roulants (les MF19, progressivement déployés sur 8 lignes de métro ; les RER NG, qui équiperont les lignes D et E ; les MI20, qui se font attendre sur le RER B) », insiste l’élu, en précisant que tous les réseaux sont concernés.

Quatres lignes de métro en « pointillé »

Côté métro, les travaux estivaux se concentreront sur 4 lignes qui connaîtront des ITC (interruptions temporaires de circulation) d’une à trois semaines cet été. La Ligne 4 (Porte de Clignancourt – Bagneux) sera ainsi fermée aux voyageurs entre Les Halles et Vavin du 6 au 24 juillet pour des travaux sur les infrastructures. La ligne 12 (Mairie d’Aubervilliers – Mairie d’Issy), qui doit être équipée de MF19 à partir de 2028, sera fermée du 16 au 26 juillet entre les stations Jules-Joffrin et Concorde.

La ligne 13 (Saint-Denis – Châtillon-Montrouge) est doublement concernée par les travaux de modernisation puisqu’elle sera également équipée de MF19 avant d’être automatisée. Elle n’accueillera aucun voyageur entre Saint-Denis Université et Porte de Saint-Ouen du 31 juillet au 17 août… et sera intégralement fermée trois dimanches matin du mois d’août.

La ligne 8 (Balard – Créteil) enfin sera fermée de Balard à Concorde du 20 au 27 août. Les usagers de cette ligne qui descendent à République doivent également se préparer à une autre perturbation de très longue durée liée au démarrage des travaux de rénovation de la station. Les métros de la ligne 8 la traverseront sans s’y arrêter à partir du 22 juillet prochain et jusqu’en… avril 2027 !

Trois semaines sans RER B au cœur de Paris

Les grandes manœuvres estivales concerneront également les lignes RER, toutes « impactées » par de gros travaux à l’exception de la ligne E. Les plus grosses perturbations sont attendues sur le RER B où une ITC, qualifiée de « hors norme » par Catherine Le Dentu, directrice de cabinet du réseau ferré à la RATP, sera instaurée de la fin juillet à la mi-août.

Pour permettre les travaux de renouvellement du ballast et le remplacement d’une multitude d’aiguillages, le tronçon central dans Paris intra-muros de la ligne sera fermé aux voyageurs de la Gare du Nord jusqu’à Bourg-la-Reine du 25 juillet au 7 août. Le tronçon fermé sera étendu jusqu’à la Croix-de-Berny du 8 au 16 août.

Programme de travaux chargé à prévoir également sur le RER A, qui sera fermé du 8 au 23 août entre les gares de Vincennes (qui restera desservie) et de Noisy-le-Grand Mont d’Est, en Seine-Saint-Denis. Sur cette même ligne, les usagers qui descendent à Nation (ou qui y effectuent un changement) peuvent dès maintenant réfléchir à des trajets alternatifs cet été. Les travaux de rénovation et d’étanchéité de cette gare vont en effet imposer sa fermeture aux voyageurs pendant deux mois. Les rames de RER la traverseront sans s’y arrêter, du 29 juin au 30 août.

Les usagers du RER C, eux, devront faire avec les « rituelles » six semaines de fermeture du tronçon central de la ligne, comme chaque année… depuis 1992 (sauf en 2024). Cette fermeture, qui sera plus particulièrement dédiée cet été au renforcement des dispositifs anti-crue de la ligne qui circule sous le niveau de la Seine, débutera le 15 juillet pour s’achever le 22 août. Mauvaise nouvelle pour les usagers : la fermeture s’étendra bien au-delà du tronçon central puisqu’elle ira de la gare d’Austerlitz jusqu’aux terminus ouest de Pontoise d’une part et de Saint-Quentin-en-Yvelines d’autre part.

Les dispositifs de bus de remplacement renforcés

D’autres perturbations estivales sont déjà annoncées sur le réseau Transilien, notamment sur la ligne P, qui sera fermée du 13 juillet au 9 août entre Meaux et La Ferté-Milon (Aisne) et du 13 juillet au 23 août entre Tournan et Coulommiers pour permettre le remplacement d’un total de 20 km de voies.

« Pour chaque fermeture, il y aura toujours des solutions alternatives. Soit avec des itinéraires de substitution, soit avec la mise en place de services de bus de remplacement », rappelle Catherine Le Dentu, de la RATP, en insistant sur le long travail de concertation (entre tous les acteurs de la mobilité) qui précède la mise en place des chantiers à fort impact pour les voyageurs.

« Nous veillons à avoir des services de bus de remplacement efficaces », renchérit Frank Renault, directeur adjoint de SNCF Transilien voyageurs. L’opérateur ferroviaire, qui ne dispose pas des mêmes moyens que la RATP en termes de mobilisation de bus, doit faire appel à des prestataires extérieurs… Et dans des proportions quasi industrielles. En 2026, pas moins de 113 000 courses de bus de remplacement sont déjà programmées.

« Pour mieux gérer ce service, nous venons de recruter un directeur du bus qui travaillera avec une dizaine d’agents SNCF à l’organisation des moyens de transport de remplacement », conclut Frank Renault, rassurant. Suffisant pour atténuer la gêne des usagers privés de trains ? Réponse, cet été !