La SNCF étudie la possibilité de proposer l’ouverture d’une liaison TGV Ouigo Lyon-Bordeaux via l’Ile-de-France, afin de « répondre à une demande », au grand dépit des voyageurs, responsables économiques et élus du Massif central évincés du parcours alors qu’ils s’estiment déjà maltraités par l’entreprise ferroviaire. 

Le maire de Vichy (Allier) et vice-président chargé des Transports au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes Frédéric Aguilera « ne comprend pas l’obsession de contourner le Massif central », a-t-il protesté sur X. Le quotidien régional La Montagne a aussi fait état, au conditionnel, d’un tel projet dans son édition du 21 novembre sous le titre de une : « L’Auvergne encore à quai ».

Un Intercités abandonné pour raisons financières

Interrogée, la société SNCF Voyageurs, qui doit présenter jeudi à la presse ses projets de développement du TGV Ouigo sur le territoire métropolitain, a seulement dit qu’elle « aborderait ce sujet » à cette occasion, mais sans confirmer le projet de liaison via la gare de Massy, dans l’Essonne, plus longue en kilomètres qu’une liaison transversale directe.

Un train Intercités Lyon-Bordeaux passant par l’Auvergne et le Limousin a existé jusqu’en 2014, avant d’être abandonné pour raisons financières. En 2019, une coopérative ferroviaire avait lancé un projet, mais a dû y renoncer. De son côté, le PDG de la SNCF Jean Castex soutient le projet. « Il faut le faire parce que cela répond à une demande », a-t-il expliqué, en marge d’un déplacement cette semaine à Sète (Hérault).

« Et en même temps, il faut aussi améliorer la desserte » ferroviaire « du Massif central » a-t-il ajouté, reconnaissant les problèmes récurrents de pannes de locomotive hors d’âge et de retards géants dont souffre la liaison Paris-Clermont depuis des années. « Pour moi la priorité, c’est le Paris-Clermont, je me rendrai sur place bientôt », a souligné l’ancien Premier ministre.

Florent Menegaux, PDG du groupe Michelin dont le siège est à Clermont-Ferrand, s’était lui-même ému début 2025 devant une commission du Sénat de la mauvaise desserte de la ville, qui fait selon lui partie du « tiers-monde en matière ferroviaire ».
« C’est un vrai handicap d’être obligé de prendre la voiture […] quand le train est aléatoire dans ses horaires », a-t-il critiqué le 9 novembre dernier sur France 3.

« Pas la route naturelle »

« Je comprends le besoin immédiat d’avoir un TGV Lyon-Bordeaux, mais il faut remettre de la transversalité dans le transport », a pour sa part estimé Stéphanie Picard, qui dirige le collectif « les usagers du train Paris-Clermont ». « Il n’y a pas que les Lyonnais qui ont le droit d’aller à Bordeaux, les gens de Clermont, d’Aurillac, de Vichy, de Brioude, de Lozère ou du Cantal ont aussi le droit d’aller à Lyon et à Bordeaux », a-t-elle déclaré. Ce que ne permet pas la liaison TGV évoquée.

Même discours chez Renaud Lagrave, vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. « Tant mieux pour ceux qui veulent faire du Bordeaux-Lyon, qui auront une offre possible. Mais la vérité m’oblige à dire que ce n’est quand même pas la route naturelle », a-t-il dit. « J’aurais préféré que la SNCF annonce des travaux sur la ligne qui est actuellement fermée. Il y a des territoires ruraux qui auraient pu être mieux desservis grâce à ces transversales, et on sait bien que dans notre pays, les transversales, elles n’existent pas beaucoup », a-t-il déploré.

Pour recréer une liaison transversale Lyon-Bordeaux sous forme d’un train dit « d’équilibre du territoire » (TET ou Intercités), « il faut poser la question à l’autorité organisatrice qui est l’État », a pointé Jean Castex, lors de son bref entretien. « Si l’État dit faites-le, nous le faisons tout de suite », a-t-il poursuivi. Le maire de Vichy veut y croire et se dit « optimiste » pour que l’État ait une « lecture positive » d’une telle demande. Mais il s’agit d’un scénario « à long terme », a jugé Frédéric Aguilera. Le collectif Aurail, qui regroupe diverses associations d’Auvergne-Rhône-Alpes, appelle « à se mobiliser » en faveur du ferroviaire en participant à la consultation publique sur les mobilités de la région jusqu’au dimanche 30 novembre.