Par
Julie Bossart
Publié le
26 avr. 2025 à 8h22
Tous les regards seront tournés vers Rome, ce samedi 26 avril 2025, pour les obsèques du pape François, décédé le lundi de Pâques, à 88 ans. Après l’inhumation du Saint-Père viendra le temps du conclave, début mai, lors duquel sera élu le successeur du souverain pontife.
Lorsque la fumée blanche émanera de la chapelle Sixtine et que son nom aura été énoncé au balcon de la basilique Saint-Pierre, le nouveau pape endossera le rôle de chef spirituel de l’Église catholique, mais aussi celui de chef de la Cité du Vatican. Le plus petit État du monde, certes, mais non pas le moins doté en biens immobiliers, dont certains se situent hors de ses frontières, comme à Londres, Genève, Lausanne ou Paris.
Plus de 730 biens identifiés dans la capitale
L’étendue et la valeur du patrimoine immobilier du Vatican ne sont connues que depuis quelques années. En 2021, dans le cadre d’un effort de transparence financière demandée par François, l’Administration du patrimoine du Saint-Siège (Apsa) a communiqué pour la première fois sur le sujet. On apprenait ainsi qu’à l’époque, le Vatican possédait plus de 5 000 propriétés dans le monde* : des églises, des immeubles de bureaux, des résidences pour ses représentants, des appartements loués à son personnel… Quelque 4 051 se situaient en Italie même, 1 120, à l’étranger, pour certaines dans des adresses prestigieuses, remarquait Capital.
À Paris, le Vatican jouissait de « 737 biens, aux alentours du boulevard Saint-Michel, dans le quartier de l’Odéon ou encore dans celui des Champs-Élysées ». Sur le site Pappers, différentes adresses sont rattachées à Sopridex, la société immobilière qui gère une partie des propriétés du Vatican à Paris : dans le 8e (rue de Rome, rue Lincoln), le 5 (boulevard Saint-Michel), le 6e (rue Guynemer, rue d’Assas), le 15e (boulevard du Montparnasse), le 16e (rue de Civry), etc.
Les adresses rattachées à la Sopridex, la société privée d’exploitation immobilière qui gère les biens du Vatican à Paris. (©Capture d’écran Pappers juin 2025)
Ces biens représenteraient « une surface de près de 56 000 m2 et sont estimés à 595,5 millions d’euros dans le rapport de l’Apsa », poursuivait Capital. Certains auraient hébergé des célébrités comme François Mitterrand, Bernard Kouchner et Christine Ockrent, précisait dans Le Monde en 2023 Michel Turin, journaliste et auteur de Sacré Business. L’incroyable marché des biens immobiliers du clergé (Robert Laffont).
Recettes et scandales
Les insoupçonnées propriétés du Saint-Siège peuvent changer de main : en 2008, l’hôtel particulier de Bourbon-Condé (7e) était acheté par le roi de Bahreïn pour 68 millions d’euros, illustrait Michel Turin. Elles peuvent aussi donner lieu à des scandales : l’achat opaque d’un immeuble de luxe à Londres par le Vatican, en 2014, s’est soldé par un procès fleuve pour détournements de fonds et corruption en 2021. Le financier italien mis en cause sera condamné à cinq ans et demi de prison pour fraude et détournement de fonds par le tribunal pénal du Vatican, puis par la justice britannique.
Le parc immobilier du Vatican à Paris et en France est le fruit d’investissements réalisés depuis un siècle. « L’année 1870 a marqué la fin des États pontificaux, rattachés au Royaume d’Italie, retraçait en 2021 Boursorama, citant l’AFP. Six décennies plus tard, en 1929, l’État de la Cité du Vatican [44 ha] était créé par les accords de Latran. » Le Saint-Siège sera alors « dédommagé pour la confiscation de ses territoires et biens ecclésiastiques », comme le palais du Quirinal (qui loge aujourd’hui le président de la République italienne, Sergio Mattarella). Le pape Pie XI décida d’investir en Italie et à l’étranger dans l’immobilier « pour assurer la liberté et l’indépendance de l’Église », expliquait Mgr Nunzio Galantino, alors président de l’Apsa.
Une indépendance qui apparaît fragile. Les finances du Vatican seraient dans un état catastrophique, avec un déficit annuel estimé entre 70 et 90 millions d’euros, rapportait il y a quelques jours TF1. Et le budget 2025, qui devait être certifié par un expert, ne l’a finalement pas été. En cause ? « La diminution des dons des fidèles », considère François Lenglet, éditorialiste économie TF1/LCI. Ou encore « la baisse des recettes du patrimoine du Vatican, due à une mauvaise gestion de certains immeubles ».
*Selon le bilan 2023 de l’Aspa, rendu public en juillet 2024, en ce qui concerne la gestion immobilière, 4 249 unités étaient gérées en Italie et environ 1 200 unités immobilières l’étaient à l’étranger et en Italie par des sociétés d’investissement. Elle présentait un excédent de 35 millions d’euros (pour des recettes d’exploitation de 73,6 millions d’euros).
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