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Publié le27/11/2025 à 12h49
Temps de lecture : 4 mins
Le harcèlement dans les transports en commun touche de nombreuses femmes, comme Sophie, 32 ans, qui a accepté de témoigner. Des villes comme Rouen tente de lutter contre ce fléau. Depuis plusieurs mois, un partenariat est noué entre le Réseau Astuce et l’application UMAY. Explications.
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À 32 ans, Sophie pourrait passer des heures à lister les comportements inappropriés auxquels elle a dû faire face, dans les transports en commun. « Je ressens beaucoup d’insécurité… Je crois que le climat y est anxiogène pour tout le monde… D’ailleurs, j’ai investi dans un spray au poivre, pour me rassurer. »
Attouchements non consentis, « frotteurs »… Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, 3 374 victimes de violences sexuelles dans les transports en commun ont été enregistrées par les forces de sécurité intérieure en 2024. 91 % d’entre elles sont des femmes. Un chiffre en augmentation (+ 6 % par rapport à 2023 et + 9 % par rapport à 2022).
Outre ces violences sexistes et sexuelles, la crainte des vols, insultes et violences physiques est une réalité pour nombre d’usagers des transports en commun, dans le pays, pour qui un simple trajet de quelques minutes peut devenir un calvaire.
La jeune femme, originaire de l’Île-de-France, se souvient particulièrement d’un trajet dans un bus de nuit, il y a quelques années. « Un groupe de jeunes est entré et a commencé à agresser une femme. Des filles se sont mises à lui cracher dessus. Je suis allée voir le chauffeur, il n’a rien fait. Je me suis interposée… Le groupe m’a tiré les cheveux, tous mes papiers d’identité ont été répandus par terre… », déplore-t-elle.
L’histoire s’est bien terminée grâce à l’intervention d’un passager courageux : « Un homme est intervenu pour me rassurer. Et le lendemain, on m’a appelé pour me dire qu’on avait retrouvé mes papiers… Mais j’étais traumatisée, j’ai porté plainte contre X », confie-t-elle toutefois.
Dès que je rentre dans un bus, j’ai peur que ça se reproduise.
Sophie, 32 ans, usagère des transports en commun
Et à Rouen, où Sophie vit désormais, même combat. Car depuis, elle anticipe les dangers, constamment en hypervigilance : « Dès que je rentre dans un bus, j’ai peur que ça se reproduise. Il y a une semaine, j’attendais mon T4, boulevard d’Orléans… Un homme est venu me parler, il a tenu des propos bizarres… Après, il est entré dans le bus, j’avais peur qu’il me suive… »

Gratuite, l’application UMAY permet de signaler des comportements inappropriés d’usagers dans les transports en commun de la Métropole.
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© France 3 Normandie
Pour tenter d’endiguer les violences dans les transports en commun de la métropole rouennaise, le Réseau Astuce a noué, il y a quelques mois, un partenariat avec l’application (gratuite) UMAY. Elle permet d’envoyer des signalements et même d’appeler à l’aide en cas de sentiment d’insécurité.
UMAY se veut accessible à tous les passagers. Les utilisateurs peuvent être secourus grâce à la géolocalisation et les mis en cause, rapidement identifiés. C’est donc un outil de plus pour rassurer les usagers des transports en commun… Mais comment ça marche, concrètement ?
« Un individu ayant un comportement étrange tape sur le métro », signale par exemple Charlotte. L’alerte, envoyée depuis son téléphone portable, parvient directement au poste de commandement centralisé du réseau de transports de Rouen.
« Dans le fond d’un bus, en heure de pointe, il est difficile d’aller du fond du bus vers le conducteur. On a des clients qui peuvent être acteurs du maintien de la sécurité dans les transports », explique Aurélien Micou, adjoint au responsable du réseau.
Les gros signalements, ce sont surtout des troubles à la tranquillité des voyageurs, qui peuvent aller des personnes en état d’ébriété aux bousculades… Les cas d’agressions physiques et verbales sont plus limités.
Sylvain Diran, directeur général adjoint en charge des opérations Transdev Rouen
Le reportage de François Pesquet et Bruno Belamri :
durée de la vidéo : 00h01mn49s

Voir la video (1 minutes 49 secondes).
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Harcèlement dans les transports : quel bilan pour l’application UMAY à Rouen ?
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©France 3 Normandie
Ce poste de commandement reçoit donc les alertes en plus d’une surveillance déjà menée au moyen de caméras situées à l’intérieur des bus, du métro et des stations du réseau. Avertis rapidement, les contrôleurs peuvent se rendre immédiatement sur les lieux du signalement.
« Notre présence est à 95 % suffisante pour régler les incivilités, relève Alexis Barabey, contrôleur et vérificateur de la perception pour le Réseau Astuce. Le reste de pourcentage va peut-être amener à contacter la police en cas de force majeure. »

Evolution du harcèlement et des violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun de la Métropole Rouen Normandie.
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© France 3 Normandie
Le bilan des actions menées contre les violences dans les transports à Rouen semble plutôt positif, allant à l’encontre des chiffres nationaux. Dans un rapport annuel de 2024, la Métropole de Rouen relevait par exemple que les violences sexistes et sexuelles à l’encontre des femmes dans les transports en commun étaient en baisse depuis 2018.
Les concepteurs de l’application ne s’y sont pas trompés : mise en place dans plusieurs villes en France, elle est aujourd’hui utilisée à 70 % par des femmes.
Avec François Pesquet.