C’était pressenti depuis plusieurs semaines, et c’est désormais officiel. La SNCF va lancer un TGV Lyon-Bordeaux en 2027. Une décision qui devrait doper l’offre Ouigo, mais qui ravive la colère des territoires du Massif central écartés du tracé.
La SNCF a annoncé jeudi l’ouverture en 2027 d’une liaison TGV quotidienne entre Lyon et Bordeaux en cinq heures environ, dont le tracé évitera le Massif central, et qui contribuera à augmenter de 30% son offre de liaisons low-cost (Ouigo) d’ici 2030.
«Nous ouvrirons une liaison Lyon-Bordeaux au plus tard mi-2027 avec des arrêts prévus à Massy en Île-de-France, Saint-Pierre-des-Corps près de Tours, Poitiers et Angoulême», a déclaré à la presse Jérôme Laffon, directeur Ouigo au sein de SNCF Voyageurs, lors de la présentation à la presse des nouvelles offres Ouigo pour les deux ans à venir.
«D’ici 2030, nous allons avoir 30% de rames en plus, 30% de places de plus et 30% de voyageurs en plus sur le réseau Ouigo» a ajouté Alain Krakovitch, directeur des trains TGV et Intercités au sein de SNCF Voyageurs, selon lequel l’entreprise ferroviaire ambitionne de parvenir à «200 millions de voyageurs» sur l’ensemble de son réseau TGV en Europe qui comporte aussi la gamme Inoui, ainsi qu’Eurostar.
Pour y parvenir, Ouigo va recycler et rénover complètement les rames de TGV qui vont bientôt être sorties de la flotte Inoui, et remplacées par des rames neuves construites par Alstom. Ouigo devrait ainsi voir sa flotte gonfler à 50 rames contre 38 actuellement.
Autres nouveautés sur les lignes en 2026 : une liaison quotidienne Ouigo va être lancée entre Paris et Hendaye, via Bordeaux, Dax, Bayonne, et Biarritz à partir du 14 décembre. La ligne Paris-Rennes s’étoffera d’un troisième aller-retour à grande vitesse ainsi que Paris-Montpellier via Lyon-Saint-Exupery.
Les usagers du Massif Central furieux
Le lancement d’une liaison TGV province-province entre Lyon et Bordeaux, qui évite le tracé en ligne droite passant par le Massif central, est critiqué par les élus et responsables de cette région qui s’estiment déjà très maltraités par la compagnie ferroviaire pour la desserte de leurs territoires.
«Ce que nous voulons, c’est l’installation d’un train Intercités (non TGV) qui passe par les voies existantes entre Lyon et Bordeaux, et permettrait d’irriguer beaucoup d’autres villes» et métropoles délaissées du Massif central, a expliqué Marc Goutteroze, président du collectif Aurail qui regroupe une vingtaine d’associations de défense du ferroviaire sur la région Rhône Alpes Auvergne. «Il n’y a même plus de liaison ferroviaire régulière entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne, et aucune desserte non plus entre Saint-Étienne et Limoges par exemple», dit-il.
«Je comprends le besoin immédiat d’avoir un TGV Lyon-Bordeaux, mais il faut remettre de la transversalité dans le transport», a pour sa part estimé Stéphanie Picard, qui dirige le collectif «les usagers du train Paris-Clermont». «Il n’y a pas que les Lyonnais qui ont le droit d’aller à Bordeaux, les gens de Clermont, d’Aurillac, de Vichy, de Brioude, de Lozère ou du Cantal ont aussi le droit d’aller à Lyon et à Bordeaux», a-t-elle déclaré. Ce que ne permet pas la liaison TGV évoquée.
«Un billet sur deux à moins de 30 euros»
Même discours chez Renaud Lagrave, vice-président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine : «Tant mieux pour ceux qui veulent faire du Bordeaux-Lyon, qui auront une offre possible. Mais la vérité m’oblige à dire que ce n’est quand même pas la route naturelle», déplore-t-il. «J’aurais préféré que la SNCF annonce des travaux sur la ligne qui est actuellement fermée. Il y a des territoires ruraux qui auraient pu être mieux desservis grâce à ces transversales, et on sait bien que dans notre pays, les transversales, elles n’existent pas beaucoup», ajoute l’élu.
La SNCF vise un million de voyageurs sur le TGV Lyon-Bordeaux à terme, en prenant des passagers aussi bien à l’aérien qu’aux bus ou aux voitures particulières, avec des billets commençant à 19 euros «et un billet sur deux à moins de 30 euros», selon Jérôme Laffon.