Par

Thomas Bernard

Publié le

27 nov. 2025 à 17h37

Selon une étude de Santé publique sur les épisodes dépressifs, publiée en novembre 2025, 15,6 % des adultes de 18 à 79 ans ont vécu un épisode dépressif caractérisé (EDC) en 2024. Certaines personnes sont touchées par une dépression résistante, c’est-à-dire une dépression réfractaire à au moins deux traitements antidépresseurs successifs. Entre 10 à 15 % des patients sont touchés par ce phénomène.

Pour traiter cette forme de dépression, le CHU de Nantes participe à un essai clinique national DepVNS, coordonné par les Professeurs Philippe Domenech et Fabien Vinckier et promu l’AP-HP, afin de déployer une technique innovante : la stimulation du nerf vague par voie neurochirurgicale. Un dispositif en fonction au CHU de Nantes depuis le 19 mai 2025.

Explications avec la professeure Anne Sauvaget, psychiatre et responsable du Centre d’Excellence Thérapeutique de l’Institut de Psychiatrie au CHU de Nantes.

Stimulation du nerf vague

La stimulation du nerf vague est un traitement neurochirurgical initialement utilisé pour traiter certaines épilepsies résistantes aux médicaments. Le dispositif est implanté lors d’une intervention chirurgicale, qui dure un peu moins d’une heure.

« Un petit ressort est mis autour du nerf vague, c’est-à-dire autour du gros nerf qui est situé au niveau du cou, sur la partie gauche du cou du patient. Ensuite, il va y avoir un fil qui va aller jusqu’à un stimulateur qui est sous la peau du patient au niveau du thorax, juste au-dessus du sein gauche », décrit Anne Sauvaget.

L'équipe de recherche et de neuromodulation en psychiatrie du CHU de Nantes. De gauche à droite : Isabelle Gendre, Karine El Aloui (Infirmières en Neuromodulation), Adélaïde Prévotel (Technicienne d’études cliniques), Sandrine Giffaud (Cadre de Santé), Anne Sauvaget (PU-PH Psychiatrie), Damiens
Choneau (Infirmier de recherche clinique) et Mélanie Desmet (Infirmière en Neuromodulation).
L’équipe de recherche et de neuromodulation en psychiatrie du CHU de Nantes. De gauche à droite : Isabelle Gendre, Karine El Aloui (Infirmières en Neuromodulation), Adélaïde Prévotel (Technicienne d’études cliniques), Sandrine Giffaud (Cadre de Santé), Anne Sauvaget (PU-PH Psychiatrie), Damiens Choneau (Infirmier de recherche clinique) et Mélanie Desmet (Infirmière en Neuromodulation). ©Facebook / CHU de Nantes

La stimulation du nerf vague a des effets multiples sur l’humeur, le sommeil ou encore le système digestif. Le traitement s’inscrit dans un temps long et l’efficacité des changements est observée « au bout de plusieurs mois ».

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Quand le patient nous signale une amélioration, ça va se traduire par une amélioration de l’estime de soi, moins d’angoisse, l’humeur qui est un petit peu meilleure. Tous les symptômes de dépression en fait. Mais ça va prendre au moins quatre à six mois.

PR Anne Sauvaget, psychiatre et responsable du Centre d’Excellence Thérapeutique de l’Institut de Psychiatrie au CHU de Nantes.

Une thérapie innovante pour les patients

La thérapie par stimulation du nerf vague existe depuis plusieurs années aux États-Unis et au Canada. En France, cette thérapie est dispensée depuis peu pour des raisons techniques et de coûts. Au total, 166 patients français vont prendre part à l’essai clinique.

L’étude permet d’évaluer l’intérêt thérapeutique chez le patient, le parcours de soins et son efficacité dans le contexte français. Les participants à l’essai clinique peuvent bénéficier d’outils thérapeutiques qu’ils n’auraient pas eus en dehors de l’étude.

S’il n’y avait pas eu cette étude, il aurait peut-être fallu attendre encore dix ans, c’est difficile à dire, cinq ou dix ans avant que les patients puissent avoir acté à ce traitement, sachant que ce n’est pas toujours facile d’avoir accès à l’innovation en France malheureusement, pas que pour la psychiatrie, mais pour la psychiatrie en particulier.

PR Anne Sauvaget, psychiatre et responsable du Centre d’Excellence Thérapeutique de l’Institut de Psychiatrie au CHU de Nantes.

Depuis la mise en place de la thérapie de stimulation du nerf vague, sept personnes ont bénéficié du dispositif au CHU de Nantes.

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