Par
Marion Travers
Publié le
27 nov. 2025 à 18h30
Récemment, un lecteur du Journal des Sables s’est rapproché de la rédaction au sujet du sort réservé à une œuvre d’art majeure. Il s’est ému que la fresque « Les ravisseurs de la mer », peinte par l’artiste Maria Morgan-Snell, soit si peu visible, presque même cachée, la plongeant ainsi dans un certain anonymat alors qu’elle mériterait de pouvoir être plus accessible.
Mais quelle est l’histoire de cette œuvre monumentale qui mesure tout de même dix mètres de long sur deux mètres de haut et qui est finalement trop méconnue des Sablais ?
Maria Morgan-Snell est une artiste brésilienne. Son tableau représentant notamment la tour d’Arundel n’est pas une commande de la Ville des Sables-d’Olonne mais du ministère des Postes qui, en 1957-1958, souhaite décorer l’Hôtel des Postes, alors installé rue du Maréchal Leclerc (là où se trouve actuellement le Muséum du coquillage notamment).
« La fresque peinte par Maria Morgan-Snell et baptisée »Les ravisseurs de la mer » y est installée en 1958. Pendant 20 ans, les Sablais ont pu y admirer cette œuvre monumentale, jusqu’en 1979, année du déménagement de la poste », raconte Hervé Retureau, historien spécialiste des Sables-d’Olonne.
« Une ode à la mer »
« Les ravisseurs de la mer » est un triptyque qui met en exergue les gens de mer, notamment les charpentiers de marine. Hervé Retureau y voit un petit écho au livre de Victor Hugo « Les travailleurs de la mer ».
« On peut y voir un chantier naval de construction de bateaux en bois, au milieu la tour d’Arundel et les marins pêcheurs. C’est une ode à la mer, aux travailleurs de la mer, un hommage aux forçats qui sont ici presque représentés comme des titans. Il y a un petit côté mythologique avec ces musculatures mises en avant », détaille Hervé Retureau.
C’est vraiment une œuvre spectaculaire, pleine de détails, qui montre la dynamique du port qui, à cette époque, comptait six chantiers maritimes.
Hervé Retureau
L’œuvre de Maria Morgan-Snell est classée au titre des objets. Si elle a été confiée à la Ville des Sables-d’Olonne, elle appartient toujours à l’artiste, ou plutôt désormais à ses héritiers puisqu’elle est décédée en 2007.

« Les ravisseurs de la mer » est un hommage aux travailleurs de la mer, ici représentés tels des titans. ©Journal des Sables
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Disparue pendant 20 ans
Après le déménagement de la Poste, en 1979, le triptyque serait parti vers la salle des fêtes de la Chaume selon certains écrits.
Mais je ne peux pas le garantir. Il n’existe aucune photo et personne n’en a jamais parlé.
Hervé Retureau
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que, pendant 20 ans, le tableau a disparu.
C’est Gérard Faugeron (adjoint au maire Louis Guédon) qui, en 1999, s’est lancé à sa recherche à la demande de Léo Leboucher, auteur de trois livres sur les cartes postales anciennes des Sables.
« Il s’est battu pour retrouver cette fresque qui a finalement été retrouvée en 2000. » Elle était entreposée au fin fond des services techniques de la Ville dans des conditions peu favorables à sa bonne conservation.
En 2002, la Ville la fait donc restaurer pour l’exposer « dans un lieu où elle sera visible du public. Et c’est le centre de congrès des Atlantes qui a été choisi », indique Hervé Retureau.

Au centre, la tour d’Arundel identifie clairement Les Sables-d’Olonne comme lieu d’inspiration de Maria Morgan-Snell. ©Journal des SablesPeu visible aux Atlantes
Un choix qui s’avérerait donc finalement peu judicieux car la fresque y est peu visible pour deux raisons.
La première est que, du rez-de-chaussée, elle est cachée par la salle Vendée Globe et, même en empruntant les escaliers pour monter à l’étage, il faut avoir le réflexe de lever la tête pour la voir.
La seconde raison est que l’entrée aux Atlantes n’est pas libre. Il faut assister à un événement (concert, spectacle, congrès, salon…) pour pouvoir y pénétrer.
Hervé Retureau l’accorde : « Il faudrait la rendre plus visible et accessible à tout le monde. Mais sa taille imposante ne laisse pas beaucoup de choix… »
Comment rendre la fresque plus visible ?
À l’heure où plusieurs projets sont en cours (nouveau musée de l’abbaye Sainte-Croix, musée de la mer Nacéo, médiathèque, etc.), l’heure ne serait-elle pas venue de prévoir aux « Ravisseurs de la mer » un écrin qui mette davantage en valeur cette œuvre grandiose ? « En ce qui concerne Nacéo, j’y avais pensé, confie Hervé Retureau. Mais la hauteur de plafond ne sera pas suffisante. De même que le recul nécessaire pour admirer un tel tableau. »
Questionnée à ce sujet, la Ville des Sables-d’Olonne explique ne pas être rendue à cette étape dans les projets en cours « mais nous sommes en effet toujours prêts à en discuter avec les personnes sensibles à l’art ». En attendant, elle affirme qu’« avec une centaine d’événements accueillis chaque année sur site (N.D.L.R. : les Atlantes), ce sont près de 50 000 visiteurs qui passent devant le tableau ». Pour autant, « à l’écoute des remarques formulées », la Ville annonce qu’elle « va installer un panneau pour attirer le regard des passants et apporter des informations sur l’œuvre et son auteur ».
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