L’Arcom ne constate pas de manquement au pluralisme sur CNews sur la période visée par RSF, explique-t-elle ce jeudi 27 novembre. (Photo d’illustration)

JEAN-MARC BARRERE / Hans Lucas via AFP

L’Arcom ne constate pas de manquement au pluralisme sur CNews sur la période visée par RSF, explique-t-elle ce jeudi 27 novembre. (Photo d’illustration)

Point d’achoppement. Dans une enquête publiée mercredi, Reporters sans frontières estimait que la chaîne CNews contournait ses obligations de pluralisme en reléguant les politiques de gauche la nuit pour favoriser l’extrême droite. Une conclusion se basant sur des données reprises dans l’émission d’investigation Complément d’enquête diffusée ce jeudi 27 novembre à 23 h sur France 2.

Sauf que quelques heures avant la diffusion du reportage, le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, a indiqué ne pas avoir constaté de « contournement des règles du pluralisme politique sur le mois de mars 2025 » sur la chaîne de la galaxie Bolloré CNews.

« Il n’y a pas de contournements des règles du pluralisme politique sur le mois de mars 2025 sur CNews, et s’il y en avait eu, nous les aurions identifiés et nous serions intervenus », a insisté l’Arcom à l’AFP, confirmant une information du Point. « Nos résultats ne sont pas ceux de RSF. Nous n’avons pas de doute », a ajouté l’autorité de régulation.

Cette mise au point de l’Arcom a créé la zizanie chez France 2, révèle Le Parisien. La chaîne a demandé aux équipes de Complément d’Enquête de couper la partie du reportage sur les révélations de RSF concernant la « triche » de de CNews sur l’équilibre des temps de parole. Les téléspectateurs ne devraient donc pas voir cette séquence.

RSF maintient « tous ses chiffres »

RSF déplore les « dénégations de l’Arcom » relatives à son enquête, a affirmé jeudi l’organisation dans un communiqué transmis à l’AFP, et assure maintenir « tous ses chiffres et ses conclusions ».

Selon elle, « le régulateur conteste manifestement, sans fournir de chiffres en appui de sa démonstration, un unique sous-élément d’une des trois dimensions mesurées du pluralisme : celle relative au temps de parole alloué aux forces politiques ».

Mercredi, RSF avait annoncé son intention de saisir l’Arcom après avoir accusé CNews de « tricher » avec ces règles en reléguant aux heures nocturnes le temps de parole de responsables de gauche comme La France insoumise ou le Parti socialiste.

L’Arcom pointe « une surreprésentation » de LFI ou du PS en mars

RSF affirme avoir passé au crible les temps d’antenne des chaînes d’information en continu (BFMTV, CNews, franceinfo, LCI) du 1er au 31 mars 2025 à l’aide d’un outil de capture d’écran qui a permis d’analyser 700 000 bandeaux. D’après l’ONG, l’extrême droite (dans laquelle elle range le RN et Philippe de Villiers) cumule 40,6% d’exposition contre 15,4% pour la gauche (LFI, PS, PCF, EELV), tandis que la nuit (00H00-7H00), la gauche grimpe à 60,1%, contre 1,6% pour l’extrême droite.

Selon l’Arcom, sur ce mois de mars 2025, sur CNews, « il y a une surreprésentation » de LFI ou du PS « de nuit comme de jour ».

Le Complément d’enquête de ce jeudi s’interesse à «  la ligne éditoriale » de CNews et s’appuie sur des témoignages ainsi que des chiffres. CNews est notamment accusée d’être un média d’opinion et de cibler les musulmans.

Complément d’enquête rappelle aussi que la chaîne a fait l’objet de « 8 sanctions et 6 mises en demeure » de l’Arcom pour des propos tenus sur son antenne.

La diffusion du reportage intervient dans un contexte tendu entre l’audiovisuel public et les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré (CNews, Europe 1 et JDD).