Du 2 au 4 décembre 2025 auront lieu les élections étudiantes à l’Université de Bordeaux, pour élire les représentant·e·s étudiant·e·s qui siégeront dans les conseils centraux de l’université. Dans ces élections, deux organisations d’extrême droite, l’UNI et la Cocarde, se présentent pour jouer les relais racistes de la politique de tri social du gouvernement.l faut réaffirmer que ni l’extrême droite ni leurs idées n’ont leur places sur nos campus !
L’UNI : des bourgeois fans de saluts nazis
« Syndicat » d’extrême droite fondé en 1969 en opposition au mouvement de Mai 68, l’UNI défend une université réservée aux plus riches et débarrassée de toute trace de « wokisme ». Depuis sa création, l’UNI a été de tous les combats réactionnaires : contre la légalisation de l’avortement, l’éducation sexuelle dans les écoles, un de ses anciens militants a même été co-fondateur de la manif pour tous. Localement, elle entretient des liens avec la Bastide bordelaise, un groupuscule ouvertement fasciste, qui a par exemple assuré leur service d’ordre lors des dernières élections de conseil de collège, armés de casque, gants coques et parapluies pour intimider les étudiants.
L’année dernière, la section strasbourgeoise de l’UNI avait été épinglée pour une série de montages antisémites, islamophobes et sexistes, sous la forme d’un jeu de cartes réalisé par leurs militants. Après cette révélation, les scandales se sont enchaînés, de multiples photos ont été publiées, dévoilant les dessous de ce « syndicat » où les saluts nazis sont monnaie courante. Le Poing Levé avait alors révélé une photo de Dominique Organ, ancien élu de l’UNI au CA de l’UB, réalisant un salut Kühnen, une variante du salut nazi répandue dans les groupuscules d’extrême droite. La photo avait été envoyée dans un groupe de l’organisation par Mathis Gachon, délégué national de l’UNI, lui aussi épinglé pour des saluts nazis. Ces révélations et Ces profils sont à l’image d’une radicalisation idéologique de l’UNI, qui s’incarne aussi à Bordeaux dans le hobby mondain de leurs militants.
En effet, le noyau dur de l’UNI Bordeaux a fondé en 2023 le « Club Windsor Saint-Louis », récemment renommé « Cercle Saint-Louis », en référence à Louis IX, roi préféré de l’extrême droite chrétienne pour son incarnation de l’idéal du roi promouvant les bonnes mœurs religieuses. Au programme de ce club : soirée Ralph Lauren, dégustation de vins et cigares, soirées poker, soirée de « l’homme complet », galas dans des châteaux, voiture de luxe et glorification de la masculinité.
Alors que les militants de l’UNI se griment en étudiants « normaux » le temps des élections et affichent un vernis social de circonstance, ces fils à papa bourgeois radicalisés joue aux aristocrates dans des châteaux, verre de vin à la main et cigare aux lèvres, loin des préoccupations du commun des étudiants. Pendant ce temps, la majorité des jeunes galèrent pour se nourrir, se loger, et doivent enchaîner les petits boulots en parallèle de leurs études pour survivre.
La Cocarde : école de formation des cadres du RN
À ce tableau s’ajoute La Cocarde, qui promeut les thèses du « grand remplacement ». À Bordeaux, La Cocarde se présente avant tout comme l’école de formation des futurs cadres du RN. Elle compte parmi ses membres des figures comme sa porte-parole, candidate parachutée dans la 4ᵉ circonscription des Français de l’étranger lors des dernières législatives, ainsi que des militants issus de la bourgeoisie viticole radicalisée. La Cocarde bordelaise, c’est le RN sur nos campus, dans sa frange la plus radicale, qui n’hésite pas à coller des affiches en hommage à Charlie Kirk ou encore à l’ignoble Jean-Marie Le Pen, aux côtés de l’Action française, un groupuscule royaliste d’extrême droite. Rien d’étonnant à les voir organiser à Bordeaux ce vendredi 28 novembre une conférence avec Philippe Vardon, militant d’extrême droite passé par le RN et Reconquête avant d’atterrir à Identités-Libertés, le groupe de Marion Maréchal Le Pen. Figure du militantisme d’extrême droite niçois, il a notamment fondé un groupe de rock néo-nazi ou encore organisé des distributions de soupes de porcs pour en exclure les musulmans.
Ce n’est pas non plus une surprise de voir la Cocarde se lier désormais avec le nouveau groupuscule fasciste « Le Krak », référence directe aux forteresses construites durant les croisades du XIIIᵉ siècle. Plus largement, le socle idéologique de la Cocarde coïncide avec celui du RN, autour d’un même corpus doctrinal basé sur le rejet du « libéralisme » et de l’immigration. Sur le modèle du RN, l’ensemble des positions pseudo-sociales de la Cocarde ne sont en vérité que des motifs d’attaques contre l’immigration future et passée : ces deux organisations partagent ainsi la même revendication principale de « préférence nationale ».
Néanmoins, derrière ce discours se cache en réalité un alignement avec les plans du gouvernement et de la classe dominante : appliquer la sélection sociale, renforcer l’intégration des intérêts privés à l’université et transformer celle-ci en un outil au service de la militarisation. Dans ce cadre, l’UNI et la Cocarde jouent le rôle de relais du gouvernement, en ajoutant une surenchère répressive contre les organisations de gauche.
L’extrême droite universitaire recule à Bordeaux : pas une place pour eux dans les conseils
Après les élections de 2023 des conseils centraux de l’université, nous alertions sur la montée des voix d’extrême droite sur nos campus : « Les élections étudiantes ont aussi été marquées par la présence de deux listes d’extrême-droite, l’UNI et la Cocarde, qui à elles deux ont remporté plus de 900 voix. Un score en augmentation qui doit alerter. »
Deux ans plus tard, nous pouvons constater que l’extrême droite universitaire à Bordeaux est en net recul. La Cocarde n’a recueilli que 61 voix aux élections des conseils de Collège en faculté de droit, et l’UNI a subi un recul historique en nombre de voix absolu. Plus largement, ce scrutin a été marqué par une forte mobilisation étudiante contre l’extrême droite, dans la continuité des premières démonstrations du Comité d’action contre l’extrême droite, impulsé par Le Poing Levé aux côtés d’autres organisations.
Cette année, la Cocarde ne peut plus masquer ses faiblesses. Elle n’est même pas en mesure de se présenter aux élections du CA, incapable de réunir des candidat·es sur au moins trois campus de l’UB — condition pourtant minimale imposée pour valider une liste. Ils ne sont pas davantage capables de présenter une profession de foi.
De son côté, l’UNI brille par son absence sur les campus tout autant que dans les conseils centraux. Si ce recul n’est pas définitif, il est le résultat concret de la politique impulsée depuis une année par le comité d’action contre l’extrême droite à l’université Bordeaux Montaigne, qui est un acquis pour le mouvement étudiant bordelais à l’échelle de la ville. Fondé pour mettre en déroute la tentative des groupuscules d’extrême droite d’installer un climat de peur chez les étudiants de gauche, il a permis d’affirmer que l’extrême droite et leurs idées n’avaient pas leur place à l’université, ni à Bordeaux Montaigne, ni à l’UB. Les élections de l’UB doivent confirmer ce recul !
Dans les universités bordelaises il faut poursuivre la mobilisation contre l’extrême droite. Après avoir fait fuir la Bastide bordelaise, organisé un village Antifa, puis un concert Antifa sur la ville, le CACED renouvelle son village Antifa ce jeudi 4 décembre 2025 sur le parvis de Montaigne.
Contre leurs idées, il faut au contraire militer pour la rupture des partenariats avec les entreprises complices du génocide en Palestine, alors que l’extrême droite se pose en fidèle défenseur de l’État d’Israël. Dans le même esprit, il est nécessaire de revendiquer une université ouverte aux enfants d’ouvriers et aux étudiant·es étrangers, en commençant par supprimer les frais d’inscription pour les étudiants internationaux ainsi que le dispositif « Bienvenue en France ». Enfin, face à des militants qui n’hésitent pas à afficher leur sympathie pour les nazis, il faut réaffirmer notre projet : une université anti-raciste, féministe et anti-validiste, déterminée à mettre fin à toutes les formes d’oppression.
Du 2 au 4 décembre, pour des élus de combats qui ne transigent pas dans la lutte contre l’extrême droite : vote, fais voter, et organise-toi avec le Poing Levé !