Entre plaisir et santé, le nombre de
tasses de café par jour fait débat chez les médecins. Nouvelles
études, télomères et coeur rebattent les cartes pour les
buveurs.

Pour beaucoup, la journée commence par une ou plusieurs
tasses de café
, parfois sans vraiment y penser. Au fil des
années, cette habitude quotidienne a pourtant suscité une même
interrogation chez les médecins comme chez les buveurs de café :
combien de tasses de café par jour peut-on boire
sans se faire de mal, et même, peut-être, en protégeant sa
santé.

Longtemps vu comme un simple « coup de fouet », le café est
désormais disséqué dans de grandes études de cohorte et dans des
travaux plus ciblés. Certaines recherches suggèrent un effet
protecteur sur le cœur, tandis qu’une étude récente publiée dans le
British medical journal chez des patients souffrant de
troubles mentaux graves a lié une consommation modérée de café à un
vieillissement biologique plus lent, via la
longueur des télomères. Reste une question très
concrète qui intrigue : à partir de combien de tasses ces bénéfices
s’installent, puis s’estompent.

Combien de tasses de café par jour pour rester dans la zone
sûre ?

Les autorités de santé convergent vers un même ordre de
grandeur. Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA), relayée par plusieurs médias spécialisés, une dose
quotidienne allant jusqu’à 400 milligrammes de
caféine
reste acceptable pour un adulte en bonne santé.
Cela correspond globalement à environ 3 à 4 tasses de café
par jour
, en supposant des tasses de taille classique et
un café ni trop léger ni trop serré.

Cette recommandation tient compte du fait que la teneur en
caféine varie selon le type de préparation et le volume de la
tasse. Un
expresso
court n’apporte pas la même quantité de caféine qu’un
grand café filtre, mais, en pratique, les études épidémiologiques
raisonnent le plus souvent en « tasses » déclarées par les
participants. Dans une vaste analyse de la base de données
britannique UK Biobank, présentée lors d’un congrès de la Société
européenne de cardiologie et relayée par Medisite, les personnes
qui buvaient entre une demi et trois tasses de café par jour
présentaient une mortalité toutes causes réduite de 12 %, une
mortalité cardiovasculaire réduite de 17 % et un risque d’accident
vasculaire cérébral diminué de 21 % par rapport aux non buveurs.
Autrement dit, la zone des petites à moyennes quantités de café
semble associée à un profil cardiovasculaire plus favorable que
l’abstinence totale ou la forte consommation.

Café et vieillissement biologique : ce que montre le nombre de
tasses par jour

Au-delà du cœur, les chercheurs s’intéressent désormais au lien
entre café et vieillissement biologique. Pour
cela, ils regardent notamment les télomères, ces
segments situés à l’extrémité de nos chromosomes. Avec l’âge et
sous l’effet du stress oxydatif ou de l’inflammation, ces télomères
ont tendance à raccourcir, ce qui est associé à un risque accru de
maladies chroniques et à une espérance de vie plus courte.

C’est dans ce contexte qu’une équipe britannique a étudié la
consommation de café chez près de 800 patients de 18 à 65 ans
atteints de troubles mentaux graves, puis mesuré la longueur de
leurs télomères sur des analyses sanguines. Les auteurs ont observé
que la consommation de café jusqu’à 3 ou 4 tasses par jour, sans
dépasser cette quantité, était associée à des télomères plus longs.
Selon ces chercheurs, relayés par Top Santé, « les patients
consommant jusqu »à 4 tasses de café par jour présentaient des
télomères d’une longueur comparable à un âge biologique inférieur
de 5 ans à celui des non-buveurs de café ». En revanche, cet
effet était à nouveau inversé chez les personnes buvant plus de 4
tasses de café par jour, ce qui laisse penser qu’au-delà de ce
seuil, le café pourrait perdre une partie de son intérêt pour le
vieillissement cellulaire, au moins dans cette population très
particulière.

Adapter le nombre de tasses de café par
jour à son profil

Même si de nombreuses données pointent vers une fenêtre située
entre 2 et 4 tasses de café par jour pour l’adulte en bonne santé,
cette moyenne ne convient pas à tout le monde. Les personnes
souffrant d’hypertension artérielle sévère, par exemple, semblent
plus sensibles aux effets cardiovasculaires de la caféine, et
certaines études mentionnées par Medisite suggèrent un risque de
décès cardiovasculaire plus élevé chez les gros buveurs dans ce
groupe. Les femmes enceintes ou allaitantes se voient souvent
conseiller de limiter leur apport total en caféine à l’équivalent
d’environ une tasse de café par jour. Quant aux patients suivis
pour des troubles mentaux graves, les auteurs de l’étude publiée
dans le British medical journal rappellent que leur consommation de
café doit être discutée avec l’équipe soignante, en tenant compte
des traitements et de l’état général.

Au-delà de ces situations particulières, le corps envoie aussi
des signaux quand la consommation dépasse son seuil de tolérance
individuel. Les spécialistes de la nutrition cités par différents
médias santé évoquent comme signes possibles d’excès de caféine des
palpitations, une agitation ou une nervosité inhabituelles, des
difficultés d’endormissement ou une insomnie persistante, des maux
de tête, des brûlures d’estomac ou un reflux, ou encore une
sensation de déshydratation. Lorsque ces symptômes apparaissent,
réduire progressivement le nombre de tasses et en parler à un
professionnel de santé peut aider à trouver un équilibre plus
confortable. Pour une grande partie des adultes en bonne santé, les
études disponibles convergent vers une fourchette d’environ 2 à 4
tasses de café par jour, sans dépasser près de 400 milligrammes de
caféine, comme zone où les bénéfices cardiovasculaires et, dans
certains contextes, sur le vieillissement biologique, semblent les
plus probables.