Modèles de reconnaissance, robots terrestres de ravitaillement, bombardiers longue portée, intercepteurs… Les drones sont peu à peu devenus l’arme centrale du conflit en Ukraine, développés à une vitesse effrénée et déployés par milliers chaque mois. Un modèle en particulier se distingue des autres : les drones « kamikazes », engins à usage unique conçus pour des attaques contre diverses cibles ennemies, sur le front comme dans l’arrière-pays.
La Russie, qui a fait un usage prolifique de ces drones, tenterait cependant de s’éloigner de ce système, développant de nouveaux modèles d’aéronefs pilotés à distance réutilisables, afin de répondre aux fortes demandes du front.
Faible autonomie mais grande flexibilité
Tout comme Kiev, Moscou s’est jusqu’ici appuyé sur de petits drones agiles, produits ou achetés en masse, dont le faible coût les rendait idéals pour des frappes uniques. Mais les progrès technologiques rapides ont forcé la Russie à faire évoluer cette flotte de drones initiale, entre meilleures caméras et composants électroniques, portée accrue, charge explosive renforcée… Et capacité à être réutilisé.
Selon Forbes, plusieurs nouveaux engins russes ont ainsi été récemment testés sur le front, tel que le « Night Witch », un hexacoptère avec une autonomie de 40 minutes capable de lâcher des munitions de mortier sur des positions ennemies. Ce modèle est équipé d’une caméra thermique, peut transporter jusqu’à 20 kilogrammes de charge explosive, et possède un système de navigation doté de défenses contre les interférences ennemies.
russia Showcases its New Night Witch Drone in a Strike, Copy of Ukraine’s Vampire Bomberhttps://t.co/W1r5DizyX9 pic.twitter.com/jNTaAl1YvC
— DEFENSE EXPRESS (@DEFENSEEXPRESS) November 15, 2025
Le Bulldog-13, un quadricoptère pouvant transporter quatre kilogrammes d’explosifs, équipé de caméras nocturnes et diurnes. Le drone peut transporter divers types de munitions, permettant d’adapter son équipement pour chaque mission et d’augmenter sa flexibilité.
Un complexe militaro-industriel sous tension
De telles innovations sont également appliquées aux drones intercepteurs russes, consistant jusqu’ici le plus souvent en des modèles autonomes ou semi-autonomes chargés de détecter un engin ennemi et se faire exploser une fois à sa portée. Des vidéos diffusées en ligne montrent plusieurs prototypes de drones intercepteurs russes réutilisables, l’un d’entre eux consistant en un aéronef auquel est attaché une tige électrocutant et désactivant des drones ennemis.
« I thought that #Ukraine already does this? »🤔
🇷🇺🇺🇦 #Russian video of interception of #Ukrainian_UAVs #SHARK_M and #LF_240, where you can see a rather interesting idea of placing explosives away from the interceptor drone, which makes it reusable pic.twitter.com/FrdXRniOKG
— Putin’s IBS (@kardinal691) October 23, 2025
La Russie doit produire de plus en plus de drones, nécessitant des composants électroniques avancés, qui font mécaniquement monter les coûts associés à des aéronefs jusqu’ici très peu coûteux. Les sanctions occidentales et les frappes ukrainiennes contre des usines russes mettent par ailleurs le secteur militaro-industriel russe sous pression, Moscou devant se reposer sur des importations chinoises. La transition vers des drones réutilisables est donc une évolution logique, économisant de précieux composants et permettant à l’industrie russe de répondre aux besoins grandissants du front.
Les drones réutilisables présentent cependant un désavantage de taille : leur portée est fortement réduite, les aéronefs devant consacrer une partie importante de leur autonomie au retour à la base. Ces modèles restent une solution adaptée aux difficultés de Moscou sur le front, et risquent d’être adoptés par l’Ukraine, qui déploie déjà des modèles réemployables, mais pourrait s’inspirer des prototypes d’intercepteurs russes.